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Pauvre Julie ! Ma pauvre Julie. Finalement, avoir évité cela avait été une chance pour moi. Je crois que je n’aurais pas supporté le notaire très longtemps !

Puis elle enchaina sur sa méchanceté, sa hargne à mon égard. J’étais et je resterai toujours son petit-fils, le fils de son fils. C’était insupportable pour lui.

— Une grande partie de leur fortune venait de grand-mère. Elle n’était pas d’accord avec grand-père, mais elle ne pouvait rien dire. C’est une maline. Grand-père a confié toute cette affaire à un de leurs amis. Grand-mère est allée le voir, lui a expliqué son opposition et sa révolte. Cet ami a juste oublié de faire enregistrer les documents ! On ne pouvait rien te dire ou faire avant sa mort. C’est aussi pour ça que nous voulions te retrouver, pour te dire que tu es riche !

— Tu sais, maintenant je gagne bien ma vie. Je peux aider mes amis, alors…

— Oui. Ce n’est rien par rapport à la joie de te voir ! Mais quand même, c’est à toi !

— Tu as raison ! C’est bien, mais c’est trop tard. Julie, tu dois tout savoir. Quand j’ai quitté la Maison pour mes études, j’ai eu une bourse, la plus importante possible. Mais ça ne suffisait pas.

— Tu as travaillé en même temps ? Tu as fait des petits boulots ?

— Presque ! Je me suis vendu…

— Tu veux dire quoi ?

— Je n’avais pas de solution. Un ami le faisait et m’a dit comment faire.

— Faire quoi ?

— Se prostituer, se vendre, vendre son corps pour le plaisir d’un autre.

— Harry !

Son visage s’était décomposé, comme si elle était responsable.

— Ce n’est pas ce que tu imagines. Une fois fini, tu encaisses et tu oublies.

— Tu as fait ça ? Tu as été obligé de faire ça ?

— Oui, non. Je n’étais pas obligé. C’est vrai, j’aurais pu faire un petit boulot, mal payé, mal traité. Quelle différence ? C’est plus facile. Au début, je me méprisais. Maintenant, ce sont ces mecs que je méprise. Je ne pense pas que ce soit plus horrible que ce que tu as vécu.

— Mais ce n’est pas pareil !

— J’ai trouvé insupportable ce que tu m’as raconté. Tu n’as pas eu d’enfance, tu n’as pas eu de jeunesse…

— Elle n’est pas terminée ! Tu es là ! Tout a changé, tout est beau, tout est merveilleux !

Voilà Julie ! Elle était capable d’effacer d’un mot et d’un sourire les pires idées noires, les pires malheurs. Prête à s’envoler. Je me ferai prendre souvent à ce charme, sans percevoir qu’elle enfouissait l'innommable.

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