24

3 minutes de lecture

Nous étions redevenus intimes, plus rien ne nous séparait.

Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais elle était aussi paumée que moi.

Pour l’instant, nous en étions à nous découvrir. Jamais je ne m’étais senti aussi libéré, en confiance. Tout s’était envolé.

Nous passions le plus de temps possible ensemble. Elle voulait tout savoir et je ne me lassais pas de l’écouter. De mon côté, Robin me faisait la gueule, car nos chantiers prenaient du retard. Quelle importance ! Il était aveugle à mes chambardements émotionnels. Tidiane, Zoé, Emille et les autres n’avaient droit qu’à de brefs instants, tous partageant ma joie de ces retrouvailles, avec la hâte de connaitre Julie.

De son côté, son copain, Germain, devenait impatient. De toute façon, leur histoire commençait à prendre fin, sans avoir démarré.

Malgré les inquiétudes de Julie, je souhaitais voir grand-mère. Elle était très âgée, un peu impotente, mais avec toute sa vivacité d’esprit. L’amour réciproque entre elle et Julie était magnifique. Julie me couvrait de baisers et d’attention, grand-mère était souriante et accueillante, mais je ne ressentais rien. Je me trouvais face à une vieille dame qui m’était étrangère. Son entassement de remords la bloquait, l’empêchant de me montrer de l’affection. Il faudra énormément de visites pour que je finisse par aimer cette femme qui avait une ouverture et une tolérance sans limites. Comment avait-elle pu vivre si longtemps sous le joug de ce notaire tyrannique ?

Avec Julie, nous avions tant à nous dire, tant à nous retrouver, que rapidement nos rencontres devinrent insuffisantes. Une frustration s’installait. J'observai alors, pour la première fois, la force de la volonté de Julie. Elle avait décidé et elle avançait. Notre rapprochement avait bouleversé nos existences. Elle aimait grand-mère, mais maintenant, elle voulait vivre sa vie, vivre sa jeunesse. J’habitais plus près de la fac de médecine. J’avais un grand appartement. Elle avait choisi et j’étais trop heureux d’aller dans son sens. Partager notre quotidien, pouvoir continuer à se voir, sans contrainte, que rêver de mieux ?

Je ne pouvais que l’accueillir. Elle avait très peu d’affaires et se trouva chez elle instantanément.

Le premier matin, quand elle m’apparut dans sa tenue de nuit, un haut dissimulant à peine son buste et une culotte à peine ses fesses, je ne pus répondre à son bonjour claironnant de joie. Cette apparition avec un sourire immense d’accueil me paralysa. Qu’elle était belle, qu’elle était éclatante !

Très vite, elle circula dans l’appartement en petite culotte, les seins rarement cachés par un tissu transparent. Notre fraternité et la chaleur de l’été semblaient justifier cette légèreté. Le spectacle était saisissant et permanent. Elle ne pouvait ignorer l’effet qu’elle produisait. J’étais habitué et j’aimais l’absence de pudeur d’Emille. Je retrouvais chez elle ce naturel, l’offrande de sa beauté.

Je ne pus retenir des compliments, essayant de surmonter l’embrouillamini de gêne et de plaisir qui me submergeait. Même si j’évitais de me montrer en sous-vêtements, ou même torse nu, elle me répondait en riant, me retournant sa chance d’avoir un frère aussi beau et aussi intelligent. En représailles, elle pénétrait dans la salle de bain au moment précis où je sortais de la douche. Elle profitait alors de ma confusion pour m’assommer avec des propos insignifiants. Je m’étais déshabillé et vendu à des inconnus et maintenant, une gamine me faisait rougir de honte. Je ne comprenais pas ce qui se passait.

Une nuit, je fus réveillée par sa présence dans mon lit. Elle était sujette à de violents cauchemars.

Elle prit l’habitude de venir se réfugier contre moi. Anticipant ses terreurs nocturnes, elle finit par venir coucher avec moi.

Plusieurs fois, j’assistais à ses crises. Ses rêves devaient être insoutenables, tant elle gémissait et se débattait. La voir souffrir me bouleversait et je la prenais dans mes bras pour la rassurer, la réconforter. Elle se calmait instantanément et elle glissait dans un sommeil apaisé, alors que son cauchemar me rodait au-dessus de la tête. Qu’elle était belle ainsi ! Je la conservais précieusement dans mes bras en tentant de me rendormir, Julie, ma petite sœur retrouvée.

Nous nous endormions emmêlés. Souvent, un baiser plus appuyé montrait notre fusion, de plus en plus forte. Nous ne nous quittions plus, sauf pour sa fac et mon travail.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Jérôme Bolt ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0