Notre rencontre et notre partage s'épanouissaient dans un éblouissement. Quand je la regardais, je fondais. Quand elle se levait, j’admirais son dos, ses fesses, ses jambes. Quand elle revenait j’étais ébloui par son sourire, sa poitrine, son sexe. La perfection.

Nous nous sommes installés dans cette vie de couple, de communion, de bonheur. Zoé me montra sa satisfaction rien qu’en me voyant. Emille sentit le changement. Elle me fit un numéro de charme incroyable, m’amenant près de succomber, avant qu’elle se dérobe dans un petit rire me disant que j’avais mille fois mieux qu’elle « sans doute… » ! Son regard espiègle et amoureux me fit craquer.

Les autres ne s'aperçurent de rien.

Julie était une fille merveilleuse, débordante de joie et de vitalité. Puis, soudain, elle s’effondrait, plongeant dans une tristesse et une apathie totale. Cela durait cinq minutes, une heure, deux jours. Quand je devais partir et qu’elle trempait dans sa déprime, j’étais inquiet. Elle refusait de se faire aider, m’expliquant que ces crises étaient moins graves et moins fréquentes depuis qu’elle m’avait retrouvé. Jérôme n’était pas de cet avis et me poussait à l’envoyer voir un psychiatre. Peut-être était-elle bipolaire ? Ou très traumatisée par l’accident de nos parents.

Quand elle accepta enfin cette visite, à condition que je l’accompagne, ce fut un soulagement. D’autant que le diagnostic d’une maladie mentale fut rapidement écarté. En revanche, on ne lui cacha pas la nécessité d’une psychothérapie, sans doute longue. Elle était jeune, elle devait se donner les chances d’une vie sans souffrances. Le début fut chaotique. Elle avait encore ses cauchemars.

Quand elle allait mal, elle me serrait la main ou le bras. Ce geste banal était d’une violence extraordinaire, car c’était la menotte d’une petite fille de quatre ans dans celle de son grand frère sur la plage, regardant le drame sans le comprendre.

Je revivais sans cesse alors ces scènes, sans savoir qu’elles avaient été leur durée, chacune traumatisante.