26

2 minutes de lecture

Je sentais que nous avancions dans une direction que je ne souhaitais pas, tellement évidente, tellement attendue.

Nous avions nos rites de vie et de couchage. Je retrouvais chaque soir des bras aimants. Je ne pouvais pas faire de parallèles avec ceux de Tidiane : nos étreintes étaient celles de deux enfants perdus en mer. Les bras de Julie étaient des bras de paix. Quand elle s’approchait dans sa tenue minuscule, j’étais aux anges. Je ne m’étais pas rendu compte qu’elle avait besoin de mon admiration permanente, petite fille qui n’avait pas eu le regard de son père sur elle.

Sans vraiment le percevoir, nos enlacements évoluaient vers plus de sensualité. Je devenais fou lorsque sa main se perdait sur mon ventre. Je la sentais mollir quand les miennes s’égaraient sur sa poitrine. Je ne voulais y voir qu’une tendresse sans limites, alors que nos caresses étaient déjà au-delà.

Quand elle saisit mon sexe gonflé, cela se passa naturellement. Chaque soir, nous avancions vers l’assouvissement de notre attirance réciproque.

Elle jouait de tout mon corps. Je la laissais faire. Lorsqu’elle m'introduisit en elle, je réalisais brusquement la nature incongrue de notre relation. Je me démis, brutalement, et me poussais sur le bord du lit.

— Julie, ce n’est pas possible, nous ne pouvons pas faire ça !

— Pourquoi ?

— Mais, nous sommes frère et sœur !

— Harry, tu n’en as pas envie ? Moi, je te veux, en moi, fort, longtemps !

— Julie, je te désire depuis que nous sommes retrouvés. Tu es une fille admirable et je t’aime à l’infini.

— Alors ?

— Mais nous sommes frère et sœur, on ne peut pas coucher ensemble, c’est interdit !

— Par qui ?

— Je ne sais pas ! Ça ne se fait pas !

— Mais nous ne sommes frère et sœur que sur le papier. Nous n’avons aucun lien de sang. Par contre, il y a un lien d’amour. Harry, je t’aime. Je veux être à toi !

— Et puis tu es une gamine, je suis un homme. J’ai cinq ans de plus que toi !

— Je suis une gamine ? Vraiment ? Tu es insensible aux charmes de cette gamine ?

— Julie ! Mon adorable Julie. Tu es la plus belle femme de ma vie ! Mais non. On ne peut pas.

— Écoute ! On le fait, une fois. Enfin, cette nuit. Demain, on se renseigne. Viens. Je te veux, tu es mon homme, je suis à toi. J’en ai besoin…

Ce fut la plus belle nuit de ma vie. Jamais je n’avais connu un orgasme aussi puissant. C’était toute mon existence retenue qui jaillissait. C’était toute la sienne, gâchée, qu’elle exprimait. Nous devions compenser, étancher toute cette enfance désastreuse.

Il y avait plus. Ce n’était pas ma sœur, ce n’était pas le passé douloureux, c’était l’avenir, mon avenir, c’était la femme de ma vie.

Le lendemain, nous avons appris que les rapports incestueux entre frère et sœur, pour autant qu’ils soient consentis, n’étaient pas répréhensibles. Nous pouvions nous aimer librement. Cette absence d’interdits nous figea un moment. Nous n’irions pas en prison, mais quels regards seraient portés sur notre liaison ? Qu’est-ce que grand-mère allait en penser ? À qui le dire ? Comment se comporter en public ? Une fois dans le lit, ces questions devinrent inutiles, stupides. Rien n’avait d’importance hors notre relation.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Jérôme Bolt ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0