brume 

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Je me réveillais, la mort dans l’âme.

Tout s’était passé trop vite. On avait rien controlé. Tout était de ma faute.

Je venais de sortir du lit que des larmes apparaissaient déjà aux coins de mes yeux marron. Un coup d’œil par la fenêtre et je constatais la brume matinale qui avait envahi mon jardin. La même brume qui entourait mon cœur depuis le week-end dernier.

Je ressassais le moment de l’impact. Le moment où j’ai hurlé. Le moment où il s’est tu.

Je revoyais son front contre le volant de la voiture, la vitre explosée, le pare-chocs abîmé par le muret qu’on avait percuté, la fumée qui sortait du moteur, et le sang qui obstruait ma vision. Et puis, le black-out. J’ai dormi pendant quelques jours et quand je me suis réveillée, on m’a dit qu’il n’était plus là. Au début, je ne comprenais pas ce qu’on me disait. Et puis j’ai compris. Il avait continué à se taire. Parce que les morts ne parlent pas. Et il n’était plus en vie. C’est pour ça, qu’il n’était plus là.

Je n’ai pas pleuré quand ils me l’ont annoncé. Ni les minutes suivantes. Ni les heures d’après. En fait, je n’ai pleuré que le lendemain. J’ai pleuré quand je me suis réveillée et que ses parents m’attendaient à mon chevet. Et je n’ai pas su quoi leur dire. De toute façon, qu’est-ce que j’aurai pu dire ? Toutes mes condoléances ? Restez forts ? La douleur passera ? Désolée d’avoir tué votre fils ? Rien ne semblait adéquat. Alors j’ai juste pleuré. Et eux non plus ils n’ont rien dit. Ils ont juste pleuré. Et en fait, je pense que c’était la meilleure chose à faire, de ne rien faire.

Aujourd’hui, c’est son enterrement. Enterrement qui n’aurait jamais eu lieu si je ne lui avais pas dit d’accélérer, pleine de défis, sur cette route vide. Enterrement qui n’aurait jamais eu lieu s’il n’avait pas accepté. Mais il aimait trop les défis pour refuser. Et moi, j’aimais trop le provoquer pour me taire. Personne n’est au courant de ça. À part lui. Et moi. Mais ça ne compte pas vraiment.

Depuis mon réveil, après l’accident, je me demande pourquoi lui, et pas moi. Ou pourquoi pas nous deux. Pourquoi je suis vivante, à respirer et à avoir un cœur qui bat ? Pourquoi lui, il est tout froid, et raide ? Enfin, j’imagine. On ne m'a pas laissé le voir. Apparemment, il était dans un sale état. Raison de plus pour me demander pourquoi je n’ai rien du tout.

C’était le défi de trop, je crois.

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