chuchotements
- Qu’est-ce qu’il va nous arriver ?
- J’en sais rien.
J’avais espoir que l’on s’inquiétait pour rien, mais ma situation dans laquelle on était ne présagé malheureusement rien de bon. Je ne savais plus vraiment depuis combien de temps j’étais ici. Mon instinct me disait que cela faisait ne faisait que quelques jours, mais j’avais l’impression que ça faisait des semaines et des semaines. Le gamin enfermé avec moi était là depuis plus longtemps. Il n’avait cessé de m’interroger depuis que j’étais arrivée, comme si j’avais la moindre réponse à ses questions. J’avais été incapable de le rassurer. Nos chuchotements étaient devenus quotidiens, et je tentais comme je pouvais de rationaliser les choses. Mais force est de constater que mes maigres efforts n’étaient efficaces ni pour lui, ni même pour moi à vrai dire. Les craquements typiques d’un escalier nous firent sursauter. Mon regard se portait directement sur la porte qu’y s’ouvrirait d’un instant à l’autre. Un homme de stature normale apparu dans l’embrasure de la porte, sa salopette en jean tachée de sang, et un couteau de boucher glissé dans la poche du tablier qu’il portait à la taille. Il fermait la porte derrière lui avant de s’enfoncer dans les ténèbres de la cave dans laquelle nous étions retenus. Avant de s’approcher de nous, il alluma une bougie qu’il posa sur un espace d’établi que je n’avais pas remarqué.
- J’espère que vous vous plaisez ici.
Sa voix était grave, et renforçait la lugubre ambiance qui régnait ici. L’enfant hurla, des larmes coulant sur des joues rebondies et son nez dégoulinant. Pour toute réponse à ses lamentations, l’homme fendit l’air avec son couteau, formant une entaille dans la joue du garçon. Il se calma instantanément et renifla bruyamment.
- Je vais bien m’amuser avec vous, je le sens.
J’étais incapable du moindre mouvement, et aucun son ne parvenait à sortir de ma bouche.
- Surtout toi.
Il pointa son arme dans ma direction. Le sourire qu’il arborait ne présageait rien de bon pour moi, et me glaça encore plus le sang, renforçant un peu plus ma catatonie.
- Je n’ai encore jamais expérimenté sur des sujets aussi frêles que toi. Tu me plais.
Je baissais les yeux sur mes poignets fins et mes cuisses maigres avant de le regarder de nouveau. Ses yeux brillaient d’une lueur malsaine, son sourire n’avait pas disparu et son arme frôlait dangereusement ma mâchoire. J’avalais difficilement ma salive et continuais de le fixer dans les yeux. Je sentais le froid de la lame contre ma peau. Elle glissait, mais ne me coupait pas. Il avait le pouvoir de me tuer d’un coup, nous le savions tous les deux. Son couteau était désormais vers mon cou. Le gamin, mon seul allié dans cette situation nous fixait. Ses yeux étaient encore pleins de larmes, sa plaie saignait, mais il était silencieux.
- Qu’est-ce que vous allez nous faire ?
Je m’étonnais d’avoir été capable de prononcer ces mots. Ma voix avait été étonnement ferme et mon regard n’avait pas quitté le sien.
- Lui, le tuer. Toi, je ne sais pas encore. Mais je vais prendre mon pied en tout cas.
Le gamin recommença à pleurer, et laissa échapper un cri, qu’il étouffa rapidement en plaçant ses mains sur sa bouche. Il ne voulait pas mourir. Mais il serait sûrement le premier. Il avait l’air d’avoir un tout autre programme pour moi. Nos yeux étaient toujours plongés dans le regard de l’autre. Je commençais à m’imaginer qu’il pourrait me laisser en vie. Alors, je souris.
Ça lui plut.
Il me sourit en retour.
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