Chapitre 52 - Mickaël

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Le centre de désintoxication m’ouvre ses portes alors que je ne suis pas des plus motivés mais je veux m’en sortir et ne plus jamais frôler la mort. Cette fois-ci j’ai vraiment souffert ma race sans parler de la déception de mes proches qui n’ont pas levé le petit doigt pour moi. Mais ce qui m’a vraiment fait réagir c’est les conséquences de mes actes. Sans la came, jamais Adrianna n’aurait eu à subir son viol, et ce petit bonhomme que j’ai vu partir n’aurait jamais eu à vivre sa mort. Les images me tourmentent encore et la douleur est toujours bien présente mais un jour je me pardonnerai, en tout cas je compte y travailler pour ne plus commettre ce genre d’erreur. Je suis soulagé qu’Adrianna ait fini par accepter de se soigner. Après tout c’est de ma faute si elle a plongé là dedans alors c’est normal que je la décide à aller en cure. Comme elle est dingue de moi, je n’ai pas eu à batailler dur pour qu’elle accepte. Un souci de moins. Maintenant je vais devoir m’occuper de moi et pour ça je vais devoir mener mon combat seul. Si mes proches n’ont pas été là pour moi quand j’allais au plus mal, ce n’est pas pour les appeler au secours maintenant.

- Mickaël bonjour, je m’appelle Silver, je suis ton référant. Je vais te montrer ta chambre et t’expliquer un peu le fonctionnement.

Silver est un grand black, plutôt beau goss et je soupçonne qu’il soulève un peu la fonte pour avoir plus de muscles que moi. Je le suis et passe à travers des jeunes de mon âge, tous dépendant de la drogue.

- Vous êtes un par chambre, pour vous permettre d’avoir un endroit pour vous retrouver. Tu peux l’agencer comme tu veux, la décorer, bref ici c’est chez toi. T’as ta salle de bain, ce n’est pas très grand mais ça fait le job. Je vais devoir par contre checker tes affaires, question de sécurité.

- J’ai rien à cacher alors vas-y fais toi plaisir.

Il vide mon sac, regarde les poches, regarde mes clopes, bref tout y passe pour être sur que je ne ramène pas de la came.

- Je te laisse poser tes affaires et tu viens dans la salle bleue me rejoindre ensuite.

- On peut fumer ici ? Dis-je en voyant mes clopes.

- Y a un fumoir au bout du couloir. Il est interdit de fumer dans les locaux sinon, mais c’est ouvert donc tu peux y aller quand t’en as envie.

- La nuit aussi ?

- Ouais mais c’est mieux de dormir la nuit. Dit-il avec un large sourire plein de dents bien blanches.

Je range le sac que mon père a déposé. Je refuse de voir qui que se soit, j’ai eu besoin d’eux et ils m’ont lâché, qu’ils aillent se faire foutre.

Et puis si tu peux les faire souffrir un peu hein

Putain t’es là !!! J’ai cru t’avoir tué !!!

Et non je suis toujours là, je ne te lâche pas.

Putain merci j’ai grave besoin de toi tu sais.

Ouais je sais.

J’ai décidé de m’en sortir mais je vais avoir besoin de ton soutien car j’ai plus que toi.

Je suis là mais j’espère que tu seras plus attentif à mes conseils. Et puis tu n’as pas que moi, Silver à l’air cool. Donc ne fais pas le con, c’est ton unique chance de t’en sortir.

Ouais, promis.

Je vais me fumer une clope et va dans la salle bleue. Ici tout est très coloré, chaque salle à sa couleur mais là je me retrouve devant tous le monde et je ne suis pas super à l’aise.

- Je vous présente Mickaël, il vient d’arriver donc je vous laisserai le loisir de lui raconter à quel point ici nous sommes géniaux.

- Ouais sauf qu’on ne peut pas baiser. Lâche un mec qui est mort de rire. Lui je vais bien l’aimer je crois.

- Ah bah fini ton programme et j’en suis sur que tu auras tout un fan club qui t’accueillera dehors.

- Ouais s’il me reste un peu de bite car à force de m’astiquer elle va finir par fondre.

- T’inquiète pas il existe des prothèses. Se marre Silver.

Je suis obligé de me marrer devant leurs conneries. Au moins c’est bonne ambiance. Nous sommes à cet étage une petite dizaine, chaque étage est un groupe et nous nous retrouvons tous au restaurant du centre pour manger mais sinon on ne se croise pas entre groupe pour éviter les combines. Nous avons des activités diverses et variées. Nous sommes obligés de faire du sport 4 fois par semaine et nous sommes suivis par un psy, un médecin et une conseillère d’orientation.

- T’as une jolie brunette qui est venue nous déposer un carton entier de cours. Tu sais ce que ça veut dire ? Me dit Silver.

- Que t’as de quoi faire du feu.

- Non que tu vas bosser, t’as un bureau autant t’en servir.

- Je ne veux rien d’elle !

- Ouhhhhhhh alors c’est une ancienne conquête, Monsieur à du goût car elle est vraiment mignonne.

- Va te faire foutre ! Et tu n’as pas intérêt à la toucher !

Il retrouve son sérieux et se pose contre le bureau.

- Je vois que ça te touche plus que tu veux le montrer, va falloir sortir tout ça.

- Je ne veux pas en parler.

- On a 2 mois pour voir comment démêler tes blocages t’inquiète.

- Y a rien à démêler, je ne veux pas en parler et je ne veux rien d’elle alors remballe ton carton.

Il croise ses bras et me regarde.

- Ecoute c’est simple Mickaël, plus tu vas te débattre et plus ça sera long. Donc à toi de voir si t’as envie de rester ici longtemps mais sache que dans 2 mois tu pourrais sortir d’ici, la tête haute sans avoir perdu ton année. Je ne vais pas me battre à ta place, si t’as pas envie de t’en sortir c’est ton problème et la sortie est par là. Dit-il en me montrant la porte.

- Tu serais grave dans la merde si je me tirais, tu ne me connais pas Silver, alors me fais pas des propositions que tu pourrais regretter.

- Toi non plus tu ne me connais pas, des mecs comme toi j’en ai vu sombrer et j’en ai vu s’en sortir. A toi de voir ce que tu veux pour toi. C’est toi qui décide de ton avenir mais moi j’ai pas de temps à perdre. Alors décide-toi.

- Mais j’en sais rien de ce que je veux pour mon avenir !

- Ecoute, t’as déjà vécu l’expérience de sombrer, alors pourquoi ne pas découvrir quand tu t’en sors. T’as autre chose de prévu de toute façon ?

- Non.

- Bien alors on le tente ou t’as pas les couilles de sortir la tête de la merde ?

L’enculé il sait me parler.

- Tu vas avoir du taf je te préviens. Dis-je

- Impeccable j’adore mon taf. Dit-il avec un clin d’œil.

Mon programme dure deux mois et peut être renouveler si besoin. Nous sommes en avril, donc j’ai deux mois pour valider mon année. Une chance qu’on ne m’ait pas viré quand même. A moi de la saisir et je suis bien décidé à avancer. J’ai plus que ça de toute façon.

Ça c’est le Mick’ que j’aime.

- Alors ce carton ? Me lance Silver après l’avoir checké.

- Pose-le sur mon bureau. Dis-je en soufflant.

- C’est bien, tu es sur la bonne voie Mickaël. Je te félicite. Tu vas t’en sortir j’ai confiance en toi.

Ce mec à su trouver les mots qu’il fallait et ça fait du bien d’avoir quelqu’un qui croie en toi. Les jours passent et je m’accroche avec l’aide de Silver qui est juste un sauveur pour moi, mais aussi grâce au psy, des médecins qui m’aident à supporter les crises de manque qui sont un putain de fléau dans le sevrage. Mais je m’accroche, je me bats contre la douleur physique et mentale que les crises de manque me provoquent. Car ça fait un mal de clebs quand votre corps réclame sa dose, on n’a l’impression d’avoir des milliards de lame de rasoir dans les veines et parfois ça dure une nuit entière à hurler dans son lit. Mais Silver ne me lâche pas, il voit en moi un guerrier qui ne perdra pas cette guerre. Heureusement qu’il est là, car je ne sais pas comment j’aurais pu gérer tout ça.

- Alors comment ça se passe pour toi ? Me demande mon nouveau pote Jeff

- Je taf mes cours et j’ai hâte de me tirer d’ici.

- Ouais moi aussi, mais ils m’ont renouvelés encore pour un mois les bâtards.

- Vu ta crise de manque de l’autre jour pas étonnant. T’as envoyé du lourd en éclatant la gueule au psy.

- Ouais je sais j’ai un peu abusé mais je n’arrive pas à gérer, comment tu fais toi pour tenir ?

Je pense à elle.

- Je m’axe sur quelque chose auquel je tiens et je ne le lâche pas. Dis-je

- Moi je tiens à que dalle.

- Eh, moi j’ai besoin que tu tiennes alors démerde toi mais tu me laisses pas tomber !

- Mec je ne suis pas comme toi.

- Jeff, si moi je m’en sors, tu peux aussi t’en sortir. Eh je suis là mon pote.

Jeff est un camé sévère, si moi je me camais de temps en temps, lui se camais plusieurs fois par jour. Ses veines sont explosées de la tête au pied, je crois qu’il les a toutes faites. Il a été retrouvé près du corps de sa meuf, overdose pour les deux, il a été le seul à s’en sortir.

- Promets-moi de te battre Jeff.

- Je vais faire mon max.

On se check et Silver vient me rappeler mon rendez-vous avec mon psy. Je travaille grave sur moi et la relation avec mon père. Qui du coup me fait comprendre des choses sur mes relations avec les femmes et surtout ma relation avec elle. Je n’aurais pas pensé que ça serait si difficile de mettre des mots sur tout ça. J’ai chialé, j’ai ris, j’ai pété les plombs mais j’avance. Et aujourd’hui je passe une putain d’étape. J’ai accepté de voir mon père. Afin de ne pas étouffer et de pouvoir cloper, le lieu de rendez-vous se fait dans le jardin du centre.

- Bonjour Mick’, comment vas-tu ? Me demande-t-il calmement

- Bonjour papa. Ça va.

On marche un peu dans un silence gênant puis il le brise délicatement

- Je…je pense que…j’ai fais quelques erreurs avec toi.

Sans dec.

- Pas qu’avec moi.

- Je sais, j’ai fais du mal à toute la famille. Et sache que j’ai fais ma demande pour être en retraite. Je ne compte plus partir.

Il est sérieux là ! Il kiffe son taf pourtant !

- Vraiment ? Dis-je

- Ouais, j’ai compris, certes trop tard que…que j’avais raté pas mal de chose. Je vous ai imposé mon choix de carrière sans jamais vous demandez si ça vous convenait.

- Je crois que c’est le cas d’un bon nombre de parent.

- Ouais mais…

Sa voix se brise et lorsque je le regarde son visage se décompose en un éclair et ses larmes coulent sur ses joues. Merde ! C’est bien la première fois que je vois mon père chialer.

- Tous les parents n’ont pas poussé leur fils à se tuer.

- Papa…

- Je te demande pardon Mick’, je n’aurais pas du te chasser, mais quel père je suis bon sang.

Ses excuses me font du bien mais j’ai aussi ma part de responsabilité. Hors de question qu’il porte ça tout seul.

- J’étais ingérable papa, t’as mis les autres membres de la famille à l’abri comme un chef de famille devait le faire.

- J’aurais du être plus à l’écoute, tenter de te comprendre et de savoir ce qu’il y avait dans ton crâne. Putain j’ai jamais eu si mal, te voir comme ça...

- Je vais bien. Je m’accroche et je vais m’en sortir.

- Pas tout seul Mick’, tu nous as, on n’est là si t’as besoin.

- Je sais. J’ai compris que je ne pouvais pas avancer juste tout seul, que j’avais besoin parfois qu’on m’aide un peu.

- Ça c’est très bien que tu penses comme ça. Je suis fier de toi.

Oh bah merde, première fois qu’il me balance ça.

- Je sais que je ne suis pas quelqu’un qui sait dire ce qu’il ressent mais…sache que je t’aime fils.

Je le regarde choqué par cette déclaration. Jamais mon père m’a dit qu’il m’aimait et d’ailleurs je ne lui ai jamais dis non plus.

- Moi aussi papa.

Il me tape sur l’épaule et nous continuons à marcher l’un à coté de l’autre. Je me sens bien plus léger et ça m’a vraiment fait du bien. Comme quoi il faut parfois juste quelques mots pour soulager.

- Tu sais après ton programme, tu pourrais peut être revenir un peu à la maison, le temps des vacances d’été par exemple. Me dit-il

- Papa, je…je ne vois pas encore si loin, je veux juste valider mon année.

- Oui bien sur pardon, Marielle nous a dit qu’elle t’avait déposé tes cours, c’est une très bonne chose que tu poursuives tes études.

Son prénom me donne un grand coup dans le cœur. Mon père n’en rajoute pas et tant mieux car je ne pense pas être capable de gérer une discussion sur elle. J’ai encore beaucoup de chose à régler dont elle. Mais je crois avoir réglé là un des points les plus importants de ma vie, la relation avec mon père. Putain c’est bon de sortir la tête de la merde.

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