Solaris 203

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Journal de Métayos, extrait :

Solaris 203 de Solemnum 1450

Il y a quelques solaris, l'atmosphère politique a basculé. Mes craintes semblaient fondées. J'aurais tant aimé me tromper. Lorsque je me rends à la cour Vulcae, on sent une tension permanente. J'ai surpris quelques conversations de hauts dignitaires des différentes Linéages où il était question de bannissement voire de conflit avec les gens de Guegenwer*. L'invitation des Mages à leur célébration du Renouveau n'a rien arrangé. Chez eux, il est de coutume d'organiser un festival qui met à l'honneur l'Essence pour l'arrivée des premiers bourgeons. Cet "étalage" de leurs dons n'a fait qu'attiser la peur et la colère des autres Linéages.

Évidemment, rien n'a été évoqué en public, tous ayant trop peur de la réaction des hommes de Guegenwer, mais les complots et les messes basses se sont multipliés depuis. Le mari de la princesse Animae est fui comme la peste, tout comme la pauvre enfant qui semble déjà porter un futur héritier. Quel destin les attend ?

Certains diront que je me fais trop de soucis et que les choses finiront par se tasser. Il faut toujours du temps pour accepter ce qui est différent de nous. Mais la secte anti-Mages grandit de jour en jour. L'aide que les Mages ont apporté aux Chloridiae pour soigner une vaste épidémie touchant les plantations d'oreg, a d'ailleurs amené une vague de nouveaux adeptes, jaloux de voir leurs champs soignés en quelques solaris là où eux se battaient avec la maladie depuis bien plus longtemps. C'est pourquoi mes poils se hérissent comme si l'air était chargé d'électricité, d'une charge qui allait bientôt s'abattre sur Agdistiae. Quand et de quelle façon ? Je n'en ai pas la moindre idée, mais ce sera brutal et j'en ai peur, sanglant.

J'espère trouver une voie d'apaisement dans les ouvrages, mais là aussi je désespère. Nous arrivons dans les derniers sous-sols de la bibliothèque et nous n'avons toujours trouvé aucune trace mentionnant l'existence des Mages. Comment cela est-il possible ? Nous sommes désormais rendu six cents solemnum en arrière, il devrait au moins y avoir ne serait-ce qu'une mention de leur existence. Je ne comprends pas. Et à mon grand désarroi, Jäyel semble avoir perdu son enthousiasme. Je le trouve éteint. Les seuls moments où je le vois revenir à la vie sont ceux qu'ils passent auprès de Maélia, la fille d'un marchand Vulcae avec qui il a sympathisé depuis peu. Le père ne semble pas voir cette relation d'un bon oeil. Pourtant, Jäyel serait un bon parti ; il est cultivé, de nature joyeuse et déterminée, respectueux et généreux. Il est comme le fils que je n'ai jamais eu.

Ma contrée me manque après tout ce temps. Je ne me suis octroyé aucune pause depuis notre arrivée, et je crois, malheureusement, que ce ne sera pas le cas avant d'avoir fini de parcourir les vastes couloirs de Mouzéyonus. J'en deviens nostalgique, ce qui engendre des divagations qui me font perdre en efficacité.

D'ici à la fin du solemnum, nous prévoyions d'avoir terminé la lecture de tous les livres de Mouzéyonus. Croisons les doigts et prions pour que Solemnum 1451 s'annonce sous de meilleurs hospices.

* Guegenwer : Contrée où vivent les Mages

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