Chapitre 15.2 - LELYÂH - Lahärva et Zaphyne

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La douleur devient aiguë. Lelyâh se roule par terre. La voix de Diane se répercute dans sa tête provoquant des vagues de souffrance. Pourquoi son amie lui fait-elle subir un tel calvaire? Si ça continue, elle va mourir ! Il faut que cela cesse !

Dans un élan de survie, elle se redresse et saisit Diane à la gorge, le seul moyen pour ne pas devenir folle.

— Je te protègerai, la rassure la voix de femme.

— Grande soeur, j'ai peur ! s'écrie Nezÿl.

— Il faut exterminer la menace ! ajoute la voix de l'homme d'un ton tranchant.

Lelyâh raffermit sa prise. Diane suffoque peu à peu. Elle essaie de se débattre, mais l'étau l'étreint davantage. La fille du Lord manque d'air. La tête lui tourne. Son coeur s'affole. Comment en sont-elles arrivées là ? Elle lacère son amie de coups d'ongles laissant des zébrures ensanglantés sur les bras de Lelyâh. Haletante, Diane essaie d'inhaler un peu d'air. En vain. Son visage se crispe et se déforme sous la souffrance avant de perdre connaissance.

Un déclic. Sentir Diane désarticulée telle une poupée de chiffon terrifie la soigneuse. Elle lâche prise, un court moment. Puis ses mains cherchent à nouveau à agripper la gorge sous l'influence d'un regain de douleur. L'intensité dépasse les limites du supplice. Les voix sont si fortes que ses tympans menacent de céder d'un instant à l'autre. Ses doigts se referment sur le vide. Elle n'a pas senti son amie choir à terre.

Un timbre enfantin domine soudain les autres voix. Elle ne l'a jamais entendu. L'enfant répète une ritournelle :

Papa, maman où êtes-vous ?

J'ai mal partout !

Pourquoi hurlez-vous ?

Où sont Kellhi et Annelou ?

J'ai peur, j'ai mal !

Quel froid glacial !

La rengaine siffle aussi fort qu'un cyclone. Lelyâh s'effondre d'un coup. Un vif tiraillement la déchire au niveau de son épaule blessée. Le bandage se macule lentement de rouge tandis qu'elle se roule par terre en hurlant. Lelyâh perd la raison. Elle n'est plus que souffrance.

Soudain, elle voit une masse sombre et mouvante au fond de laquelle percent deux yeux de glace. Une infinie tristesse imprègne cette noirceur. Elle s'accroche à cette masse comme à une bouée de sauvetage. Les hurlements proviennent de cette chose et pourtant c'est son point d'ancrage. Elle focalise ce qui lui reste de raison sur cet amas nébuleux. La sans-mémoire y décèle de la terreur, une profonde détresse aussi.

Diane git toujours au sol, inconsciente.

Lelyâh est guidée par l'instinct de survie.

— Qui es-tu ? demande-t-elle faiblement.

Leyâh sent sa raison vaciller.

— Que veux-tu ? ajoute-t-elle.

La masse se fige. Les hurlements se transforment en murmure.

Papa, maman où êtes-vous ?

J'ai mal partout !

Pourquoi hurlez-vous ?

Où sont Kellhi et Annelou ?

J'ai peur, j'ai mal !

Quel froid glacial !

Lelyâh insiste, au bord de la rupture :

— Qui es-tu ? Que veux-tu ?

La ritournelle s'arrête. Le temps semble suspendu, puis Lelyâh entend :

— Je suis...

De nouveau, le silence. Toutes les voix s'éteignent en même temps.

— Tu es ? reprend Lelyâh avec espoir, couverte de sueur et haletante, mais soulagée de ne plus sentir la tempête faire rage dans son esprit.

— Je suis... J'ai mal partout !

Douleur implacable.

— Qui es-tu ? insiste Lelyâh.

La voix est déboussolée, confuse.

— Je suis... Qui suis-je ?

Lelyâh sent la peur dans cette demande teintée d'une profonde solitude. La noirceur s'agite follement, toujours percée par deux éclats bleu pâle.

— Je ne sais plus... j'ai oublié... sanglote l'enfant.

— Je suis là, je vais t'aider, propose Lelyâh désespérée.

— C'est vrai ? demande la voix fluette avec envie. J'ai peur toute seule !

— Tu n'es pas seule, je suis là.

L'enfant semble hésiter avant de reprendre :

— Tu sais où sont mon papa et ma maman ? Et Kelhi ? Et Annelou ? Je ne les vois plus...

— Je ne sais pas. Je...

La tension dans l'air réapparaît. Une nouvelle tempête s'apprête à fondre.

— On va chercher ensemble si tu veux.

— D'accord ! s'enthousiasme la fillette.

— Puis-je te voir ? demande Lelyâh.

— Je suis là, dit la voix.

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