Chapitre 15.3 - LELYÂH - Lahärva et Zaphyne

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— Qui es tu ? interroge Lelyâh.

Elle n'a jamais entendu parlé d'êtres vivants ressemblant à une boule ténébreuse.

— Je suis Zaphyne. Et toi ?

— Lelyâh. Qu'es-tu ?

Un court silence. L'acynonyx en profite pour venir frotter son énorme tête contre la jeune femme tout en ronronnant. Lelyâh lui gratouille le menton en lui signifiant mentalement qu'elle va bien désormais. Laharvä, affolée, se sentait démunie face à la souffrance de sa nouvelle amie.

— Comment ça ? Je suis une fille, ça ne se voit pas ? Et c'est quoi cette grosse bête ? Elle va me manger ?

Lelyâh ne comprend pas. Elle sent la douleur revenir de façon diffuse face à la contrariété de Zaphyne. Les émotions négatives de l'enfant semblent la cause des élans douloureux. Sa prioriété : la tranquilliser. La soigneuse ne souhaite en aucune façon revivre ce qui la torturait juste avant.

— Oui, bien sûr, je suis désolée. Voici mon amie, Laharvä. Elle nous accompagne et nous protège, tu n'as rien à craindre. Quel âge as-tu ? demande Lelyâh, prenant le parti de s'adresser à elle comme à une humaine.

— Onze solemnum. J'accompagne mon papa, avec ma famille. Il doit rejoindre notre délégation chez les Vulcae. Mais j'ai perdu mes parents, mon frère et ma soeur, explique-elle avec tristesse.

La sans-mémoire préfère détourner Zaphyne de son affliction :

— Quelle délégation ?

— Ben, celle qui vit chez les Vulcae.

— Pour apaiser les relations entre les Vulcae et les Animae qui les ont envahis ?

— Qu'est-ce que tu racontes ! réplique la voix, agacée. Les Animae n'envahiraient jamais leur voisin ! Tu sais bien, depuis qu'Alderia et ses amis ont réussi à traverser les Oréadiennes, nous devons nous faire connaître. Papa dit que certains ont peur parce qu'ils ne nous connaissent pas. C'est pour ça qu'il va chez les Vulcae, quand ils nous connaîtront, ils n'auront plus peur.

La confusion de la soigneuse augmente. Qui est cette Alderia ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'Oréadiennes ?

Et son épaule en feu qui la tourmente. Elle n'a qu'une envie, que tout cela cesse. Être seule, vérifier l'état de santé de son amie. Mais la discussion semble calmer l'enfant, seul moyen de stopper la torture.

— Tu as dit que tu allais m'aider à les retrouver. On y va ? s'enquiert Zaphyne, pressée.

— Oui. Je peux te demander une chose avant ?

— Quoi ? s'impatiente-elle.

— La jeune femme qui est avec moi est comme une soeur pour moi. Elle est très importante. Je veux m'assurer qu'elle va bien avant de partir. S'il-te-plaît.

— Mmm, d'accord. Je n'aimerais pas laisser Annelou toute seule.

Lelyâh s'approche de Diane toujours inconsciente. Elle voit des marques de doigts sur son cou. Paniquée, la sans-mémoire approche son oreille du nez de son amie. Elle respire. La tension redescend. Que s'est-il passé ? Qui aurait pu... Zaphyne ? Elle n'a pas de corps. Qui, alors ?

— Diane, souffle la soigneuse tout en secouant son amie en douceur. Diane, tu m'entends ?

— Mmmm, oui.

La fille du Lord ouvre les yeux. Ils sont emplis de surprise et de peur.

— Tu es redevenue toi-même, Florea soit louée ! J'ai cru y passer !

— Comment ça ?

Diane s'assoit lentement , avant de reprendre :

— Tu t'es mise à hurler puis tu as commencé à m'étrangler. Je crois que j'ai perdu connaissance.

— Je...

Lelyâh laisse sa phrase en suspend face à l'impensable : elle a failli tuer son amie ! Face au visage déconfit de la soigneuse, Diane comprend aussitôt que son amie est définitivement redevenue elle-même.

— Ne t'inquiète pas, je sais que ce n'était pas toi. Tu n'es pas responsable. Mais j'aimerais bien qu'on trouve ce qui t'as possédée ainsi !

Un liquide chaud et salé mouille les joues de la sans-mémoire. Impossible de contrôler ce flot. Son corps se met à trembler, un froid la transperce.

— Je suis désolée ! Je ne me rappelle que la douleur, j'ai cru mourir !

La soigneuse sent une nouvelle pression dans sa tête, la souffrance menace de déferler à nouveau. Diane pose une main dans son dos.

Zaphyne explose :

— Bon, quand est-ce qu'on part ?! Ton amie va bien !

— C'est quoi cette voix... commence Diane.

Lelyâh lui serre le poignet puis murmure :

— Je t'expliquerai.

Puis elle reprend plus haut :

— Merci Zaphyne d'avoir patienté. On y va.

— Il faut aller en Terre d'Urca, mes parents doivent déjà y être. Ils nous avaient prévenu, Annelou, Kelhi et moi, qu'en cas de soucis, on devait se retrouver là-bas, à Strombevio.

— Laharvä propose qu'on monte sur son dos. Ce sera plus rapide et moins fatiguant.

— C'est vrai ? Génial ! Je peux monter devant ? demande Zaphyne surexcitée.

— Bien sûr, répond Lelyâh plus détendue.

Diane stoppe son amie.

— Un instant, montre-moi ton épaule ?

— On doit y aller ! s'emporte Zaphyne provoquant un vent de douleur dans son sillage.

— Oui Zaphyne, mais je crois que Lelyâh saigne.

— Ah bon ? lâche-t-elle soudain inquiète.

— Je vérifie et on part. Ça te va ?

— Oui, regarde, s'il te plaît !

Diane écarte les vêtements maculés de sang. Un point de suture a sauté.

— Il faut recoudre le point qui a lâché, c'est trop risqué de laisser comme ça.

Le timbre de Zaphyne se charge d'ne tension anxieuse :

— Tu sais le faire ?

— Oui, répond Lelyâh rapidement pour la rassurer, avant que son inquiétude ne se transforme en douleur.

Une fois les soins terminés, Zaphyne flotte entre les deux oreilles de Laharvä, elle chantonne. Diane se place derrière son amie. Elle lui chuchote à l'oreille :

— C'est quoi cette boule noire ?

— C'est Zaphyne, la voix que tu as entendu. Elle a onze solemnum. Elle cherche sa famille en Terre d'Urca. Je crois que c'est elle qui m'a fait souffrir et a failli te faire tuer. Mais il semble qu'elle ne s'en rende pas compte. Je ne peux pas te dire pourquoi. Elle a parlé d'Alderia et d'Oréadiennes.

Le visage de Diane blêmit.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Zaphyne sifflote d'un air enjoué, elle ne semble pas les entendre.

— Elle a bien dit Alderia ? répète la fille du Lord.

— Oui c'est ça. Pourquoi ?

— Tu connais les Mages ?

— Oui, Saëlle m'en a parlé une fois.

— Alderia est la Chloridiae qui menait l'expédition ayant permis la découverte des Mages.

— Vous êtes des Mages vous aussi ? demande Zaphyne, qui a capté ce mot d'une oreille distraite.

Les deux femmes se figent. Zaphyne est donc une Mage. Ou plutôt était... Ils ont disparu il y a plus de cent solemnum ! Comment cela est-il possible ? Et puis les Mages sont des humains, comme elles, pas des espèces de nuages noirs.

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