Journal de Métayos,extrait :

Solaris 122 de Solemnum 1450

Nous sommes à mi-Solemnum, soixante-et-onze solaris plus tôt Alderia rentrait de son voyage faisant découvrir au monde les Mages. J'ai l'impression qu'hier encore, nous entendions les cris de joie des peuples d'Agdisitae acclamant son retour et celui de ses compagnons.

Tant de choses ont changé et pourtant le monde continue sa route comme si rien n'était venu perturber le fleuve tranquille de la vie des Linéages. Peut-être ai-je besoin de coucher sur ces lignes mon sentiment afin de prendre du recul et d'analyser de façon rationnelle la situation ? Peut-être suis-je devenu trop vieux pour ce monde nouveau ? Mais comment réagir face à un tel chamboulement ?

Un nouveau peuple et une maîtrise insoupçonnée de l'Essence...

À la curiosité générale, succède déjà chez certains l'envie d'avoir accès à son tour aux Essences, quel que soit son Linéage. Ils semblent faire fi des traditions immémorielles qui ont attribuées aux Animae le don de s'unir aux animaux, aux Chloridiae de partager avec les plantes et aux Vulcae de dominer le minéral.

Voilà deux Solaris qu'une délégation est partie découvrir la culture des Mages. Soyons francs, les dirigeants veulent avant tout percer le mystère de leur facilité d'accès aux trois Essences. Peut-être que je m'inquiète trop et que cela apportera grandement aux Terres d'Agdistiae.

Mais cette lueur de convoitise dans le regard de certains me fait peur.

Cela m'a frappé lorsque l'un d'eux à offert un spectacle incluant une vingtaine de rapaces. Le Mage communiquait avec chacun d'entre eux avec une aisance contre-nature, quand on sait que les Animae ne peuvent établir un contact simultané qu'avec trois ou quatre animaux. Une autre fois, une femme Mage à soigner une récolte entière d'hellanthus d'un nuisible, là où des dizaines de solaris auraient été nécessaires à plusieurs Chloridiae pour parvenir à l'éradication du parasite. Certains ont alors médit à voix basse. La grandeur de leur pouvoir dépasse notre entendement !

Cathïs, Mélïs et Jolan, les trois étrangers du bout du monde ont pris la tête de l'expédition pour les mener auprès des leurs afin de développer des échanges. Ils vont aussi évaluer les possibilités de création de voies de ciruclation à travers les Oréadiennes. La délégation rassemble cinq membres : Alderia des Terres d'Osany qui a souhaité retourner sur place avec son camarade Orthayos Chloridiae, lui aussi, Caeliane et Phagès de la Terre d'Urca et la puissante Amalya de la Contrée Cybeline.

En attendant leur retour, j'ai été missionné pour faire des recherches au Mouzéyonus afin d'y chercher des traces de l'existence des Mages. C'est au Mont Gayos que sont conservés les écrits les plus anciens d'Agdistiae, dans la fraîcheur de ses hauteurs, où l'humidité et le gel ne pénètrent jamais grâce à l'activité ininterrompue de son volcan. En tant que spécialiste de l'Histoire de notre monde, j'ai été choisi à l'unanimité par les trois Linéages pour mener à bien cette investigation qui s'annnonce déjà éreintante. J'ai obtenu le soutien de mon apprenti, Jäyel, et de la bibiothécaire en chef de Mouzéyonus pour m'aider à réaliser ce travail de fourmi.

Je ne vois pas comment nous aurions pu laisser échapper une telle information depuis tant de solemnum ! Et pourtant ce Linéage est bien réel ; il doit forcément exister quelques lignes à leur sujet dans de vieux livres.

Au moins, cela m'évitera de trop penser, et je savoure par avance le privilège d'avoir accès à l'ensemble du site de Mouzéyonus. Personne n'y a jamais eu d'accès libre ; hormis la bibliothécaire en chef, unique possesseur de la mémoire des Linéages. Je suis obligé de réfréner l'énergie débordante de Jäyel ; l'annonce de cette nouvelle semble avoir eu plus d'effet sur sa personne que la découverte des Mages. Je dois dire qu'il est plaisant de le voir ainsi investi dans ce projet pharaonique qui nous attend.