Chapitre 5.1 - BASTUS - Menace Vulcae

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Bastus envoie quatre espions observer la frontière. Ils ont pour ordres de pénétrer plus en avant dans le territoire ennemi si cela s’avère nécessaire. Le prince donne pour consigne aux autres chefs de camps, par rapace de liaison, de faire de même tout le long de la ligne de démarcation.

En parallèle, il rejoint Gherki, elle n’a pas été rappelée à la capitale. Son frère n'a évidemment pas besoin de tous ses subordonnés et il garde ainsi des yeux et des oreilles près de son jumeau. Il va donc devoir composer avec elle. Même s'il est son supérieur hiérarchique, cela ne sera pas la tâche la plus aisée.

— Arrvida Bastus.

— Arrvida Gherki. Je te remercie pour ton accueil, la soirée que tu m'as offerte était à la hauteur de ta réputation.

Une lueur de malice passe dans le regard de celle qui l’assistera. Il enchaîne en allant à l’essentiel ::

— Peux-tu me communiquer les informations dont tu disposes concernant les troupes ennemies : nombre de bataillons, organisation, lieu d’installation... ?

— Je te les donnerais bien mais je ne les ai pas, répond-t-elle avec nonchalance.

— C'est-à-dire...

Bastus sent déjà l’agacement poindre dans sa poitrine.

— C'est-à-dire que j'ai fait envoyer quelques patrouilles de surveillance et elles ne m'ont rien remonté de suspect. Les soldats armés observés en territoire d'Urca ont été aperçus à plusieurs reprises dans différents postes frontaliers plus à l'Est. Venant de là-bas tu as déjà les renseignements adéquats, j'imagine.

Elle hausse les épaules, satisfaite de sa réplique, avant de changer de sujet :

— Sinon, je me dois de t'informer qu'un aide de camp a été fouetté ce matin. Il avait volé tout un pain dans le garde-manger.

Bastus est irrité par le sourire narquois à peine esquissé sur les lèvres de sa subordonnée. S’il le pouvait, il lui collerait volontiers son poing dans la figure. Elle a cette lueur de défi dans le regard, elle attend son faux pas. Il ne lui donnera pas satisfaction ! Cette pensée l’apaise quelque peu. Mieux vaut éviter tout rapport hostile, au moins pour le moment. Il serre les poings et répond :

— Merci, à partir d'aujourd'hui je recevrai directement tout contrevenant au règlement.

Gherki se crispe mais tout comme Bastus, elle ne provoquera pas de conflit ouvert. Elle préfère prendre congé.

Bastus reste quelques instants perdu dans ses réflexions : Pourquoi ma mère ne m'a-t-elle pas indiquée d'où venait les observations de terrain ? Quel intérêt de m'avoir envoyé en poste de commandement à l'extrême opposé des mouvements ennemis ? Pourquoi les Vulcae effectuent des patrouilles ou des manœuvres seulement sur la partie Est ?

Il décide d'attendre le rapport de ses espions avant de valider la nécessité de faire un déplacement à Estia, pour échanger avec Teïos qui a la charge du camp le plus à l’Est. En attendant, il se dirige vers la fauconnerie pour faire envoyer une missive. Teïos lui fournira les informations nécessaires d'ici un ou deux solaris.

Comme il ne peut prendre de décisions tactiques sans ces rapports, Bastus décide de prendre du bon temps. Au préalable, il retrouve Eklesia qui l'aurait secondé si Gherki n'était restée sur place. Il vient lui déléguer la gestion du camp en son absence ; elle est d'une efficacité redoutable tant dans l'organisation que dans le maintien de la discipline. Il a beau la dépasser de presque une tête, son ossature massive et ses muscles développés, alliés à sa technique, en font une adversaire redoutable. Elle a rapidement gagné le respect des hommes, non sans quelques dents cassées pour imposer son autorité.

Il entre dans sa tente et la trouve en pleine discussion avec un groupe de soldats. À peine est-il entré, qu'elle congédie ses hommes et le salue :

— Arrvida Bastus.

— Arrvida Eklesia. Je viens de voir Gherki et aucun mouvement suspect n'a été observé par ici, cela se passe plus à l'Est. J'attends le retour de Teïos sur le sujet, je viens d'envoyer une missive. J'ai besoin de me dégourdir les jambes, je te confie le camp en mon absence. Je te fais confiance pour faire avec le caractère impétueux de Gherki.

— Merci mon commandant. Je vais de ce pas vérifier l'installation de nos hommes.

— Vadem.

— Vadem mon commandant.

Elle est l'une des rares femmes qu'il côtoie qu'il n'a pas cherché à séduire. Peut-être ses formes trop anguleuses ou son caractère affirmé.

Tout en marchant, il se rappelle le solaris où elle avait intégré son moraï, une flamme destructrice dans le regard.

Lors du premier exercice de lutte, certains avaient naturellement cherché à la ridiculiser par un combat rapidement expédié. Chaque affrontement avait été très bref. Mise KO de l’adversaire. Eklesia était toujours sortie victorieuse. Sa force rivalisait déjà avec nombres des soldats du moraï, et elle compensait le restant par une technique affûtée par des entrainements quotidiens éprouvants. Il avait tout de suite vu en elle l’incarnation de la persévérance et de la détermination. C'est à ce moment-là qu'elle avait gagné son respect. Besogneuse, Eklesia avait ensuite rapidement gravit les échelons, servant fidèlement son prince.

Sa seconde n’a jamais laissé transparaître un quelconque dégoût ou mépris face à sa relation avec la gente féminine. Elle a pris le parti d’accepter son penchant pour les femmes et choisit de le seconder durant ses absences.

N'étant pas d'humeur à la séduction, fait aussi rare que la neige en été, il préfère se rendre dans l'établissement que Gherki lui a fait découvrir. Il entre dans le bureau du patron afin de négocier une entrevue privée avec l'une de ses filles.

— Arrvida, je viens pour un moment seul avec ta danseuse à la crinière rousse et aux yeux vairons. Fais préparer une salle et dis-moi ton prix.

— C'est une requête exceptionnelle, je n'ai pas pour habitude de demander ce genre de service à mes filles, dit le patron, son regard plein d'avidité démentant ses paroles.

— Tu l'as pourtant fait hier. Je compte sur toi, ton prix sera le mien, insiste Bastus qui n'a pas envie de rentrer dans un jeu de marchandage.

— Cinq cents ménars pour l'après-midi, concède facilement le responsable de l'établissement.

— Tu es gourmand mais je t'ai donné ma parole et il est vrai qu'elle est particulièrement…douée.

— Elle satisfera en effet à tous vos plaisirs.

Tout en ponctuant sa phrase d’une courbette exagérée, le directeur de l'établissement se lève et ouvre la porte pour laisser passer Bastus. Ils se dirigent vers un salon richement vêtu de tentures multicolores et de coussins disposés sur tout le pourtour. Il n'y a pas de lit, puisqu'il n'est pas dans un bordel, mais les coussins apporteront le moelleux nécessaire pour être à son aise.

La plantureuse jeune femme entre peu après et se dirige vers lui en minaudant. Il peut alors prendre son temps pour partager avec elle des plaisirs plus intimes, et faire redescendre les tensions par la même occasion. Finalement soulagé, il s'affale de tout son long sur le tas de coussins, elle vient se lover contre lui. Son corps chaud l’émoustille à nouveau. Il n'est que le début de l'après-midi, il a encore le temps de savourer ses délices et tout l'exotisme qu'elle a à lui offrir.

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