Prologue

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De ses paupières lourdes elle observa le morceau de ciel offert par la fenêtre, épuisée par le voyage. Si elle était venue ici quelques années auparavant, elle aurait sûrement été ébahie par les ponts suspendus traversants les gigantesques tours, l’entrée du jardin gardée par deux sublimes sculptures de pierre, ou cet amas de monde concentré dans l’un des lieux les plus populaires de la capitale. Seulement, avec la vérité désormais suspendue à ses lèvres, la beauté de l’Académie Impériale d’Iveran semblait aussi réelle que ses rêves d’enfants. Et la grandeur des lieux était bien trop oppressante pour que la jeune femme puisse y trouver un semblant de calme, trop inquiétée à l’idée d’être captive de cette infrastructure monstre.

« Tara ! Tara ! »

Encore peu habituée à ce fallacieux surnom, l’élève prit du temps avant de répondre d’un enthousiasme s’essoufflant au fur et à mesure qu’ils s’approchaient du but. L’espace dans lequel son cœur battait se réduisait peu à peu, piégé entre ses côtes tremblantes.

Les bras s’agitant dans les airs, elle fut capable d’indiquer sa position à son mentor qui se dépêcha de la rejoindre. L’angoisse écrasait les sourcils de cette dernière, bien que leur séparation ne dura que quelques minutes. Rares étaient les situations pouvant la mettre dans un tel état, et il fallut quelques minutes à l’apprentie pour être bien sûre qu’il s’agissait de son amie, tant son visage était transfiguré par les émotions qu’elle portait.

  « S’il faut que tu pousses un enfant pour rester auprès de moi, fais-le ! »

A peine eut-elle le temps d’acquiescer que sa professeure s’en alla à nouveau, ses cheveux bruns flottant derrière elle. Elles étaient les derniers membres de leur académie à être arrivées, et on attendait impatiemment de leurs nouvelles. Si on les interceptait avant qu’elles n’atteignent le directeur, les conséquences risqueraient d’être lourdes, pour elles et surtout pour l’Académie de Taruel .

C’est pour cela qu’à chaque fois que Samra voyait un homme à la chevelure argentée, elle sursautait presque, déstabilisant l’étudiante sans cesse.

« Mais Samra, il n’est pas là non ? On n’a pas besoin de se presser »

La professeure la faisait traverser la foule de gens en glissant délicatement entre hommes et femmes, enjamber voire sauter les marches et défauts du sol, et bousculer ceux qui daignaient les ralentir sans laisser l’étudiante reprendre son souffle. Elle ne sous-estimait pas l’adversaire, mais se demandait si son aînée et amie n’exagérait pas la situation.

« Il doit sûrement être en train de préparer l’évènement

  - Je t’ai déjà dit que c’était quelqu’un d’imprévisible. Je préfère ne pas prendre de risques. »

  N’ayant pas grand-chose à ajouter, Tara se contenta de suivre les pas de son mentor à travers les innombrables couloirs, sautillant un peu à cause du sol en pente. Il y a bien longtemps qu’elle avait cessé de compter les mises en garde de Samra envers cet homme.

  « On sera bientôt arrivées, et je te promets que tu auras des tartelettes aux framboises. »

  Bien qu’elle était vraisemblablement traitée comme une enfant, elle n’ajouta rien, touchée par le fait qu’on se souvenait de ses préférences. A chaque fois qu’elle réussissait un examen ou s’améliorait, Samra lui offrait une pâtisserie, et elle la dégustait lorsque tous dormaient pour éviter de partager avec ses camarades.

  Maintenant qu’elles avaient quitté la zone réservée aux visiteurs, Samra raidit dos et cou, tout en reprenant une respiration plus calme. C’était ici que l’on vérifiait l’identité des nouveaux arrivants et par conséquent, le nombre de soldats augmentait au fur et à mesure de leur avancée.

  Alors que les deux femmes patientaient dans cette longue queue, Samra pouvait voir les gardes aux uniformes bleu sarcelle s’approcher pour vérifier les identités des personnes présentes. Bien loin d’être prévu, ceci était indéniablement du au flux inconcevable de personnes venues pour les festivités. La défaillance de leur premier train les avait contraintes à embarquer dans une seconde machine à vapeur, qui fut toutefois incapable de les sauver de cette heure de pointe.

  Tapant presque du pied, elle se retourna pour jeter un coup d’œil à celle qu’elle avait promis de protéger, le visage aussi serein que d’habitude sous cette cape. Cette dernière était nécessaire pour maintenir leur plan, mais attirait l’attention de regards curieux. Les gardes avaient bien évidemment l’autorisation de vérifier son identité, seulement, cela à l’encontre de leur plan, où l’un de leurs alliés était censé s’en charger.

  Alors que la professeure cherchait désespérément une solution, l’élève observait cette grandiose bannière virevoltant au gré du vent, peu sure de ce qui allait arriver. On pouvait voir sur le tissus bleu sarcelle, les quatre Gardiens d’Adamant, têtes fières et poitrines dirigées vers l’avant. Il était difficile de croire qu’il leur manquait un cinquième gardien au vu de l’absence d’espace entre leurs épaules robustes.

  C’est en balayant les lieux d’un regard contrarié que Samra vit son oncle du côté des grandes baies vitrées. Quelques peu soulagée, elle se permit de reprendre son souffle, laissant sa poitrine se remplir à nouveau. Solon se précipitait à l’encontre de sa nièce, comprenant que la situation n’était pas en leur faveur. Cependant il n’était pas seul : un garde d’Iveran de l’autre côté de la salle l’imitait dans sa démarché, intrigué par les deux inconnues. Ils avaient tous deux perçu cette capuche aux couleurs de Taruel que portait l’élève de Samra, et bien que l’un y voyait là un signe d’espoir, l’autre y percevait un affront à l’Académie d’Iveran.

  « Ça va aller. »

  La concernée laissa un douloureux silence les séparer, avant de physiquement s’éloigner de celle qu’elle considérait comme sa grande sœur. Tandis que cette dernière s’orientait vers le garde, Tara se tourna vers Solon, prête à le rejoindre en cas d’altercation. La marche des deux hommes était féroce, avalant l’espace qui les séparait d’elles d’une vitesse beaucoup trop élevée pour ne pas attirer l’attention des autres. Voyant que son oncle perdait toutefois la course, Samra interpella le fidèle serviteur d’Iveran en proposant ses pièces d’identités, plaçant sa main sur son chemin. Et malgré cela, il la poussa pour retirer la capuche de son élève.

  Si d’autres secondes s’étaient écoulées avant l’arrivée de Solon, il n’aurait pas pu l’intercepter comme il le faisait à l’instant, tenant fermement l’avant-bras du garde. Son âge ne l’avait nullement fait perdre sa vigueur d’antan, surprenant plus d’un.

« Vous osez lever la main sur ma nièce ? »

Offusqué de voir son autorité remise en question par ce ton répressif, le garde d’Iveran faillit rétorquer avant qu’il ne voit la fiche de Samra au sol. Déstabilisé, par les murmures indignés se propageaient autour de lui, il se décida enfin à observer raisonnablement. La cape d’un verte olive aux fins détails dorés coulant sur l’épaule droite du quadragénaire, sa tenue cérémoniale et enfin l’Adamant qui se dégageait de lui, le firent comprendre son erreur.

« Ce n’était pas-

   - Éloignez-vous. Immédiatement, ordonna Solon. »

  Bientôt, d’autre gardes vinrent s’enquérir de la situation, et de crainte de mettre Iveran dans l’embarras, on permit aux deux femmes de rejoindre Solon. Soulagée, Tara se permit enfin de relâcher sa capuche qu’elle pensait devoir retirer.

  « Je tiens à sincèrement m’excuser de l’attitude de mon subalterne Maître Vasselcrau, débuta le    lieutenant. Il est toutefois de rigueur que nous examinons l’identité de tous ceux passant les    portes de l’Académie d’Iveran. »

  Les regards se jetèrent notamment sur la jeune fille à la capuche, qui ne relevait toujours pas la tête par peur de dévoiler sa peau d’un teint foncé.

  Sous ces peu sincères excuses se cachaient là une manière de porter atteinte, une nouvelle fois, à l’honneur de l’Académie de Taruel. Parmi les cinq académies impériales, seules celles de Taruel et d’Emra se voyaient autant dépréciées depuis la montée fulgurante en puissance de l’Académie d’Iveran. Les paroles simples, et pourtant lourdes de signification de cet homme en était une preuve bien vivante.

  « Je suppose que vous avez procédé aux mêmes démarches pour les proches du Maître de    l’Académie d’Iveran ? Ou de Nerrim ? Demanda alors Solon. »

  La petite brise venue froisser les tenues bleues des gardes suffit comme réponse. Bien évidemment que cela n’a pas été le cas, vu que l’Académie de Nerrim était aussi respectée que celle d’Iveran. Tous le savaient, mais aucun n’osait le dire.

  « Allons-y »

  Personne n’osa remettre en question le Maître de l’Académie de Taruel, bien que son institut avait perdu en gloire depuis bien longtemps. Le nom de Solon Vasselcrau avait perduré dans les mémoires, et pour ceux trop jeunes pour connaître ses exploits, sa stature et son Adamant suffisait à induire le respect.

  Des trois, Tara était la plus lente et devait sans cesse courir pour ne pas être à la ramasse. Ses sourcils étaient toujours froncés par l’incident de tout à l’heure et elle ne pouvait s’empêcher de se le ressasser encore et encore. Aucun des gardes d’Iveran présents n’avait incliné ne serait-ce que la tête en présence de Maître Vasselcrau, alors que la bienséance l’exigeait. Elle ne pouvait s’empêcher de croire qu’ils se seraient cachés sous de pitoyables excuses au lieu de rétorquer s’ils avaient fait face à l’un des Maître des trois Académies dominantes, c’est-à-dire, Iveran, Nerrim ou Albarracin . Il suffisait de constater les faits : la réunion annuelle des cinq Académies Impériales avait lieu au sein de l’Académie d’Iveran, lui donnant puissance et dominance sur les autres.

  Agacée de voir que ses camarades et supérieurs étaient sans cesse rabaissés, elle ne put s’empêcher de grincer des dents.

  « Tara calme-toi. Je peux sentir ton Adamant, murmura Vasselcrau junior. »

  Leur but en venant ici était de découvrir ce qui se tramait sous les étendards bleu sarcelle d’Iveran, et d’obtenir à nouveau cette réputation noble qu’ils avaient eu durant des siècles. Jusqu’à maintenant, ils n’étaient pas encore victimes des rires publiques comme Emra, et devait agir s’ils ne voulaient pas avoir un tel futur.

  A peine eut-elle le temps de se ressaisir qu’elle perçu une présence particulière s’avançant tout droit vers eux, alors que les couloirs se faisaient de plus en plus longs. L’Adamant que portait l’individu était différent de ceux auxquels elle était habituée, la perturbant énormément. Elle ne pouvait les voir, mais était capable de sentir ces pupilles les scruter au loin.

  C’est d’un geste assez lent qu’elle releva la tête, découvrant les jambes, puis le torse de cet inconnu à la silhouette grandement bâtie. Lorsqu’enfin l’étudiante perçut ces mèches argentées glisser sur ses larges épaules, elle s’interrompit elle-même, le cou pétrifié d’effroi.

  L’annonce de Solon confirma ses soupçons.

  « Elijah Harselrugh »

  Elle avait déjà entendu ce nom maintes et maintes fois, et emballée par l’angoisse, elle dut se ressaisir pour ne pas détruire tous leurs efforts.

  C’était l’un des Gardiens d’Adamant : Albarracin au regard véridique, le seul capable de découvrir et confirmer sa véritable identité.

   « Maître Vasselcrau, dit-il en inclinant tête et poitrine. »

  Elle put ainsi avoir une meilleure vue de cette chevelure dont Samra lui avait tant parlé. Apparemment, elle était propre à sa famille maternelle, et se transmettait à tous leurs descendant. Des trois gardiens qu’elle rencontrerait, c’était celui envers qui sa méfiance devait être la plus vigoureuse.

  « Samra, prononça-t-il avec un léger sourire aux lèvres, comme s’il avait déjà oublié les maux      d’antan. »

  Cette dernière portait un visage de marbre, alors que sa tête se noyait sous le flot d’émotions qu’elle contrôlait à peine.

  « Je ne nous crois pas assez proches pour vous permettre de prononcer mon prénom de la    sorte.

  – Je vous prie de m’excuser. Cela était en effet rude de ma part, Madame Vasselcrau. »

  Concentrée sur son Adamant, Tara tenta tant bien que mal de ne pas le laisser se propager, le maintenant à la moitié de ses grandes et fines jambes. La lumière du jour commençait à chauffer la pointe de se pieds, l’obligeant à reculer quelques peu.

  « Va te reposer Tara »

  Les mots de Solon semblaient être encore suspendus dans les airs, laissés derrière la marche effrénée de la jeune fille qui s’était rapidement enfuie. Harselrugh regarda par-dessus son épaule pour l’observer s’enfuir, puis revint sur eux, les commissures de ses lèvres toujours relevées.

  « Je suppose qu’elle doit être votre nouvelle apprentie.

  - Ne vous encombrez pas de formalités Albarracin.

  - Je suis simplement surpris de vous voir attaché à un autre élève. »

  La fin dramatique du premier et jusqu’à quelques jours, dernier apprenti de Solon Vasselcrau, avait atteint les oreilles de tous, creusant grandement le fossé entre Taruel et Iveran. L’attachement qui les liait tous les deux était presque celle d’un père et de son fils, et son décès fut l’une des causes du retirement de l’Académie de Taruel de la scène. Cette réunion était le premier évènement auquel ils participaient, et ce, depuis maintenant dix ans. Comprenant qu’il avait éveillé de douloureux survenir, le Gardien d’Adamant se reprit.

  « Je ne suis pas venu vous importuner, au contraire j’étais venu m’excuser de l’incident de tout à   l’heure et espère vous satisfaire, car le garde impliqué a été démis de ses fonctions. »

  Le manque surprenant de respect dont il était question n’était que le résultat de longues années où l’honneur de Taruel avait été piétiné. Depuis bientôt deux siècles, il était devenu sur décret impérial, obligatoire que les Cinq gardiens d’Adamant soient formés à Iveran, capitale de l’Empire de Vnetia . Ces derniers étant les symboles de leurs propres régions d’origine, les en retirer revenait à effacer la gloire et l’importance de leurs académies respectives sur la scène politique. Ceux qui s’étaient rapidement alliés à Iveran furent sauvés de la décadence, tandis que les deux autres, qui n’avaient pas cédé, tentaient désormais de ne pas désespérément se noyer sous les difficultés.

  « Je vous remercie cher Albarracin, de vos grandioses mesures prises pour ce petit écart de la   part de l’un de vos hommes. »

  Les yeux froids de Samra contrastaient fortement avec leur teint noisette, mais embellissaient le cynisme débordant de ses lèvres. Depuis le décès de l’apprenti de Solon et son meilleur ami, elle avait cessé d’appeler Albarracin par son prénom au profit de ce titre honorifique, que seuls les étrangers lui donnait.

  Comprenant que sa présence n’était pas désirée, le professeur s’écarta pour les laisser passer, sans pour autant se taire.

  « Vous auriez pu éviter ces fâcheux ennuis en passant par les portes vous étant dédiées. »

  Toujours dos à eux, Albarracin s’était contenté de tourner la tête, le menton caressant son épaule. La présence de quelques-unes de ses mèches sur son visage ne purent arrêter les éclatantes lueurs du jour, qui révélaient l’intrigante couleur de ses iris : un ambre chaud et vibrant.

  « Je vous souhaite une agréable journée, Albarracin, lâcha Solon tout en quittant les lieux. »

  Son ancienne amie attendit qu’il s’en aille avant de suivre son oncle, comme si elle s’attendait à autre chose de sa part. Son entrée dans la chambre de Tara, fut semblable à celle d’une tempête furieuse.

  L’étudiante fut surprise d’une telle, manquant de s’étouffer avec les raisins qu’elle dégustait. Après s’être débarrassée de sa capuche, elle s’était allongée sur le grand lit, attendant patiemment le retour de ses mentors. La coupelle de fruits toujours dans les bras, elle se releva à la recherche de détails quant à leur discussion avec Harselrugh.

  « Quelqu’un a tapé à la porte en notre absence ? »

  Quand Samra la vit secouer sa tête de droite à gauche, elle se permit de se relaxer dans le fauteuil face à la fenêtre, tandis que son oncle se servait un verre d’eau.

  Comprenant qu’ils avaient besoin de calme, la jeune femme décida de se taire et de continuer à manger, cette fois-ci assise. Le simple fait de penser à la journée de demain lui comprimait cœur et mâchoire. Si elle se trompait, physiquement ou verbalement, elle ne pourra sûrement plus revenir chez elle et revoir ses proches avant un long moment.

  Une part d’elle désirait ardemment fuir tandis que l’autre voulait soutenir son académie. Depuis qu’elle avait posé un pied dans la capitale, elle ne cessait de penser au pire, bien que ses capacités devraient lui donner confiance. Ce qui la déstabilisait grandement était le fait que les Vasselcrau semblaient être soulagés après s’être débarrassés d’Albarracin, alors que la prochaine étape n’était autre que le Conseil Impérial des Académies, ainsi que l’Empereur.

  « Et si on ne réussit pas à convaincre l’Empereur, qu’est-ce qu’on fera ?

  – Il acceptera notre requête, répondit Solon d’un air certain, tout en fixant le ciel bleu. »

  Samra déposa son verre, la bouche quelques peu asséchée par l’alcool fort qu’elle venait de boire. Certes, la boisson risquait de la déstabiliser, mais elle en avait bien besoin si elle voulait évacuer toutes ces émotions pesantes s’étant révélées à la vue de son ancien ami d’enfance.

  « Tu n’as rien à craindre Dayana. »

  L’apprentie avait jeté ses yeux d’un noir brillant sur Solon, troublée d’entendre son prénom pour la première fois depuis son départ.

  « N’oublie pas que tu es Taruel aux pas libérateurs. »

Notes concernant les prononciations :

"Taruel" se prononce "Tarouèl"

"Emra" se prononce " Èmera"

"Iveran" se prononce "Ivéran"

"Albarracin" se prononce "Albaracine"

"Nerrim" se prononce "Nérime"

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