Chapitre 1
Les dalles claires du Musée d’Orsay résonnaient sous ses semelles. Était-ce un besoin, ou seulement une habitude ? Il lui fallait parcourir régulièrement ce hall immense d’un pas tranquille. C’est ainsi qu’il parvenait à se vider l’esprit, à échapper à la grisaille parisienne de ce mois de novembre froid et pluvieux. Il s’arrêtait devant un tableau, examinait parfois longuement le détail d’une sculpture et terminait toujours sa visite devant un portrait par Monet, « La femme à l’ombrelle ». Il lui trouvait un charme désuet en même temps que quelque chose d’assez moderne. Sans son ombrelle, et cet étrange petit chapeau, elle aurait très bien pu être une jeune femme d’aujourd’hui. L’une de ces étudiantes qui, les beaux jours venus, sur un banc du Jardin du Luxembourg, écoute distraitement un garçon, enflammé ou timide, souvent ennuyeux, mais dont les yeux brillent. Il aimait entrevoir, paupières mi-closes, cette silhouette claire, un peu diaphane, flottant dans un ciel bleu vif : un de ces ciels que l’on voit vers Avignon, lorsque souffle le Mistral. Parfois même, s’il attendait assez longtemps, le portrait semblait s’animer. Il venait à sa rencontre et son regard, à peine perceptible dans le jeu d’ombres subtiles créé par l’artiste, croisait le sien.
- Tout va bien monsieur ? Le gardien, un homme terne, sans âge, la cravate nouée trop court, le costume d’une propreté douteuse, le tira de ses songes.
- Pardon ? Bien que prononcé presque à voix basse, le mot claqua, sec, de ce ton de commandement qui, dans une autre vie, imposait le silence sur la passerelle : Sa passerelle. Son regard gris, transperça l’homme.
- Rien, rien… je pensais… excusez-moi…
Sans un regard pour l’importun, Rignac tenta de s’absorber dans la contemplation du tableau. Mais le charme était rompu. Il voua aux gémonies le gardien aux cheveux gras qui continuait de l’observer à distance prudente. Contrarié, il se dirigea vers la sortie. Le quai Anatole France luisait sous une pluie fine et glaciale. Il remonta le col de son trench coat. Un soleil pâle jouait à cache-cache avec les nuages lourds.
Adolescent solitaire à l’esprit aventureux, il était craint des gamins de son âge. Pourtant il n’était pas le plus bagarreur, ni le plus costaud, mais quelque chose en lui en imposait. Les quelques fois où il avait dû se battre, il avait sévèrement rossé ses adversaires, mêmes nettement plus forts que lui. Il se battait froidement, méthodiquement et il ne cédait jamais. La lèvre ouverte, l’œil à demi fermé, il continuait de frapper avec précision. C’était cela qui impressionnait, jamais son calme ne l’abandonnait. Il paraissait ignorer la souffrance, sans un mot, sans une plainte, il cherchait la faille, le point faible. Mais dès que l’adversaire était à terre ou renonçait, il cessait de frapper, se détournant de lui, le laissant gémir de douleur, s’assurant seulement, sans en avoir l’air que son adversaire n’avait rien de grave.
Plus tard, aux abords de l’âge d’homme, cette violence maîtrisée, lui valut beaucoup de succès féminins. Il choisissait l’élue du moment, la traitait avec une ardeur matinée d’une élégance distante. Il ne faisait jamais de promesses. Le plus souvent, elles comprenaient qu’il n’était que de passage. Certaines rêvaient de parvenir à l’accaparer. Elles le perdaient très vite. D’autres, plus perspicaces jouissaient de l’instant sans en attendre de lendemain. Il était étrange, intéressant, tendre, habile au lit. Son allure, ses vêtements, déjà intemporels, le faisait paraître plus mature que son âge,
Il découvrit ses deux passions avec Homère : la mer et les livres. Il pouvait réciter des vers entiers de l’Odyssée. Plus tard, il y repensa souvent pendant les longues nuits de quart, songeant qu’un marin, par-delà voyages et escales, rêve surtout de retrouver le pays d’où il vient tout en sachant, au fond de lui, que ce retour n’est pas forcément heureux. Melville, Conrad, Loti, London et d’autres vinrent ensuite. Il rêvait d’océans et de lointains ailleurs. Sa vie ? Ce seraient des tempêtes dans l’Atlantique Nord, des Iles perdues quelque part vers le Détroit de la Sonde, des caps battus par les flots du Grand Sud. Au désespoir de son père, homme d’affaires prospère qui considérait que tout ce qui n’aboutissait pas à des dividendes n’était qu’enfantillages, il décida qu’il serait marin.
Il choisit l’état militaire dont la rigueur correspondait à son caractère. A vingt ans il entrait à l’Ecole Navale. Quelques jours après son arrivée à Brest, il voulut rabrouer un petit bonhomme, un peu rondouillard, qui s’était moqué de son uniforme tout neuf d’élève-officier. Il reçut une sévère correction. Il apprit, le nez sur le carrelage d’un bar à marin, à ne pas jauger un adversaire sur son apparence au premier regard. S’il avait mieux observé l’homme, un simple fusilier marin, il aurait remarqué que la bedaine rebondie était dure comme du béton. L’homme fut surpris lorsque Rignac, se relevant péniblement s’excusa et lui demanda de lui apprendre à se battre.
Il se fit remarquer des instructeurs par ses qualités de manœuvrier. Il sentait son navire, il savait, presque d’instinct, anticiper ses évolutions. Il s’efforçait de donner le moins d’ordres possibles, il recherchait l’épure la plus parfaite dans les courbes tracées par l’étrave du bâtiment. Il était pleinement heureux lorsqu’il naviguait. Certes un bateau de guerre moderne n’est qu’une boite d’acier étanche que l’on dirige depuis un espace confiné, baigné d’une lumière rougeâtre. L’océan ? On ne fait que le deviner au travers du fond noir d’un écran radar où les navires sont ces points verts qui clignotent avec un « bip, bip » obsédant… Un peu loin de « l’Odyssée », bien sûr… Mais au moins il naviguait. A 38 ans, il commandait une frégate de l’Escadre de l’Atlantique. Deux ans plus tard, promu Capitaine de Vaisseau, le plus beau grade selon lui, et ramenant pour la dernière fois son bâtiment à Brest, il songea qu’il ne serait plus jamais « seul maître à bord après Dieu ». La suite de sa carrière ? Des postes d’Etat Major, puis, après cinq ou dix ans de patience dans les luxueux bureaux de l’Hôtel de La Marine, il obtiendrait ses Etoiles de Contre-amiral. Il pourrait alors parfaire son embonpoint dans les salons feutrés du Cercle Militaire et, aux beaux jours, inviter de sémillantes touristes à déjeuner au Bois, « jolies comme des Corvettes Françaises » aurait écrit Schoëndoerffer. Il les entrainerait ensuite pour passer l’après-midi dans un hôtel coquet. La perspective était plaisante mais ne le faisait pas rêver. Il décida de retrouver dans les livres le parfum d’aventure que la Marine ne lui offrirait plus. IL ne coupa cependant pas avec le monde militaire qu’il aimait, peut-être plus pour l’idée qu’il s’en faisait que pour sa réalité. Professeur d’histoire de la stratégie navale à l’Ecole de Guerre, il ne regrettait pas son choix. Et, pour les embruns, il restait le Sloop Bermudien des années 50, patiemment restauré, qu’il amarrait à Saint Jard sur Mer, près de l’endroit où Clemenceau aimait aller « boire en ivrogne » l’air de l’Océan en contemplant ce jardin Impressionniste qu’il avait élaboré sur la dune, grâce aux conseils de son ami Monet.
La pluie avait maintenant pris le dessus sur le soleil timide et, lorsqu’il atteignit sa voiture, de grosses gouttes d’eau s’écrasaient sur son visage. Il détestait les parapluies, portait rarement de chapeau. Parfois, à la campagne, il se laissait tenter par une casquette en tweed. En fait il trouvait plutôt agréable le contact de l’eau sur son visage. Bien sûr cela ne valait pas les embruns… Lorsqu’il naviguait, il aimait sortir de l’espace confiné de la passerelle et sentir sur sa peau les gifles salées de la mer. Il était nostalgique d’un Monde disparu où l’homme regarde les éléments face à face. Il pensait aussi que les objets devaient avoir vécu. Il aimait que leur patine raconte une histoire alors, seulement, ils faisaient partie de lui. C’est pour cela qu’il éprouvait autant de plaisir à se glisser sur le siège en cuir fauve de sa DS 21 Pallas, dont la carrosserie noire brillait, aussi impeccable que lorsqu’elle était sortie de l’usine presque 30 ans plus tôt. Il tourna la clé de contact, poussa le sélecteur de vitesse, le moteur se mit à ronronner et la voiture s’éleva puis sembla flotter sur ses suspensions. Il se lança en souplesse dans la circulation en direction de Saint Germain des Prés. Il avait envie d’un Bloody Mary, un cocktail créé, dit-on, pour Hemingway, par un barman du Ritz. Le Ritz, hélas, était devenu un endroit peu fréquentable, repaire de gourous de la pub, de fausses vedettes et d’émirs en vadrouille… Coup de chance, il trouva une place juste devant la porte du « Grand Bara », un lieu improbable en plein Paris. Là il était chez lui.
- Bonsoir Commandant. La voix était nette.
- Bonsoir Oudinot.
L’homme, en veste blanche, derrière le comptoir brillant comme un miroir, était de taille moyenne mais athlétique.
- Comme d’habitude Commandant ?
- Comme d’habitude…
En le regardant préparer le Bloody Mary, Rignac songea à leur première rencontre. 17 ans ? 18 ? 18 ans déjà… Djibouti… Il était imprudemment entré dans un bar sordide du port de commerce. Avec son uniforme blanc impeccable, son troisième galon tout neuf, il se sentait fier, invincible. Il n’avait pas vu venir le coup. Avait-il dévisagé trop longtemps cet énorme matelot Ukrainien ? En tout cas il avait eu l’impression de décoller pour atterrir lourdement sur le coin d’une table. Son menton en gardait encore aujourd’hui cette cicatrice sur laquelle il passait souvent le doigt et l’arrête de son nez ne s’en était jamais vraiment remise. Lorsqu’il s’était relevé, groggy, le colosse gisait, assommé pour le compte. A côté de l’homme à terre, un sergent-chef de la Légion, faussement nonchalant dans son uniforme beige impeccable, le salua réglementairement.
- Sergent-chef Oudinot, 13° Demi-Brigade de Légion Étrangère, à vos ordres Capitaine. Sans vous offenser, Capitaine, je me suis permis de me joindre à la conversation... Il n’y avait aucune ironie dans cette voix à l’accent Parisien.
- Merci Chef, est-ce que la Marine peut vous offrir une bière ?
- Pas de refus Capitaine.
De verre en verre, il ne savait plus précisément comment s’était terminée la soirée, ni comment il avait retrouvé la base navale. Il s’était réveillé nanti d’un solide mal de crane. Il se souvenait seulement que la brute avait repris ses esprits, s’était relevée, le visage en sang, et avait absolument tenu à payer sa tournée. « Amis, Français ! amis ! Vive la Légion ! » braillait l’énergumène, mêlant ces mots, qui semblaient être tout ce qu’il connaissait du Français, à de longs et incompréhensibles monologues en Ukrainien. La gnole était abominable. Rignac sourit. Encore aujourd’hui la simple pensée de ce breuvage lui brulait la gorge. Sacré Oudinot, il n’avait pas tellement changé, les cheveux toujours drus grisonnaient un peu, surtout sur les tempes, mais il semblait toujours aussi puissant, vif, avec ce demi-sourire qui donnait l’impression qu’il se foutait toujours un peu de vous : Un matou, un chat de gouttière un peu efflanqué, tout en muscles, faussement endormi mais prêt à projeter ses griffes vers le museau du chien assez téméraire pour approcher. Au bout de trente-cinq ans de Légion, il avait investi son pécule dans ce bar aux allures de club Anglais un brin canaille, dont les murs lambrissés étaient ornés de scènes de batailles, Fontenoy, Austerlitz, Camerone évidement… il y avait aussi les fanions des régiments par lesquels il était passé. Un sacré parcours… Derrière le zinc, sur une photo prise à Calvi, on voyait le Colonel Erulin, celui de Kolwezi, en train de lui remettre la Légion d’Honneur. Erulin, un grand, le dernier des colonels de « Paras-Légion » à l’ancienne, la trempe d’un Rafalli ou d’un Jeanpierre, mort d’une rupture d’anévrisme en courant en forêt de Fontainebleau. Saloperie, songea Rignac, la balle d’un gendarme Katangais et il entrait dans la légende en regardant le soleil d’Afrique et gagnait sa place dans la salle d’Honneur du Quartier Viénot à Aubagne, au-lieu de ça, finir foudroyé par une artère trop fragile à deux pas de la capitale…
Il ôta son trench coat dont l’étoffe ruisselait encore de perles de pluie et le posa sur le tabouret à côté de lui. Il but une gorgé du breuvage rouge sombre, texture soyeuse du jus de tomate et gout brulant de vodka et d’épices mêlés. Il balaya la salle d’un regard distrait, perdu dans ses pensées. Elle entra. Était-ce son imperméable clair, serré à la taille ? Ou peut-être ce parapluie d’un ton rosé, nonchalamment posé sur son épaule et qui pouvait, avec beaucoup d’imagination, évoquer une ombrelle ? Était-ce plus simplement cette allure un peu hiératique ? En tout cas elle lui fit aussitôt penser au tableau qu’il aimait. Elle traversa la salle pour s’asseoir sur une banquette dans le fond.
Rignac laissa passer quelques instants avant de se retourner pour planter ses yeux gris dans ceux de l’inconnue. Elle ne détourna pas le regard mais affecta de l’ignorer. D’une voix de gorge, elle commanda un thé noir, chaussa une paire de lunettes de forme allongée à la monture fine et sortit de son sac un livre de poche dont les pages étaient marquées de petits morceaux de papier et un carnet de croquis sur lequel elle commença à dessiner avec un feutre. Rignac s’avança d’un pas tranquille et s’assit en face d’elle sans hésiter.
- Appelez-moi Ismaël… lança-t-il. Il avait remarqué le titre du livre « Moby Dick ».
- Tiens, étrange, j’aurais plutôt dit Achab… Elle avait à peine levé les yeux, continuant à tracer avec des gestes sûrs, les lignes d’une chaloupe et à esquisser des silhouettes : le harponneur dressé à la proue, les matelots penchés sur leurs rames…
- Vous me prenez pour un damné, offrez-moi donc un verre pour vous faire pardonner… Et vous comment vous appelle-t-on ?
- Moby Dick, mais je viens de faire un régime… au moins vous ne manquez pas de culot… Elle travaillait maintenant le visage de celui qui semblait commander, la bouche crispée en un cri muet, un harpon à la main. Elle leva les yeux et retoucha le nez faisant apparaitre une cassure.
- Détrompez-vous, je suis l’être le plus timide du Monde…
- Timide… Elle eut un regard narquois par-dessus ses lunettes et accentua le rictus de son personnage.
- Oui, c’est un enfer, j’angoisse dès que je suis seul dans un bar...
Elle posa son feutre et le dévisagea, interloquée, mais plutôt amusée. Un peu vieux, un peu sûr de lui, pensa-t-elle mais plutôt drôle et pas mal, oui pas trop mal.
- Etonnant cet endroit, lâcha-t-elle en montrant les tableaux et les fanions sur les murs.
- Disons que c’est une sorte de club.
- Un club…, j’imagine que vous êtes membre ?
- On peut dire ça.
- Et comment on entre ?
- Il y a différentes méthodes, bourlinguer quelques années autour du monde sans trop se faire trouer la carcasse, ou avoir un très joli grain de beauté juste sous l’œil gauche répondit Rignac.
- Décidément c’est mon jour de chance… Ses yeux verts pétillaient de malice. Elle avait refermé le carnet. Alors qu’est-ce que vous buvez ?
Ses cheveux auburn étaient tirés en arrière, noués en un chignon bas, la peau claire, veloutée, le nez fin, un peu long peut-être. Et surtout elle avait d’immenses yeux verts en amande que son regard de myope rendait particulièrement troublants. Plutôt grande, un bon mètre 75. Son âge ? A peine la trentaine ? Peut-être moins, ou un peu plus. Deviner un âge…
- Dragueur de bar ?
- Quelle idée ! Non, vous c’est spécial…
- Oh non, pitié, vous aviez bien commencé, enfin pas trop mal… pas le coup de la déclaration.
- Si, naturellement… Il lui lança un regard en coin. Non, en fait ce n’est pas ça. Lorsque vous êtes entrée, vous m’avez rappelé quelqu’un.
- Oh là là, vous vous enfoncez… nous nous sommes déjà rencontrés et blabla !
- Non, nous ne nous sommes jamais rencontrés. En fait vous me rappelez une femme qui a un peu plus d’un siècle.
- Merci !
- Vous aimez Monet ?
- Assez mais je préfère Hopper. Question d’âge sans doute… Il ne releva pas la pique.
- Avec votre imperméable et votre parapluie sur l’épaule, vous m’avez fait penser à ce tableau, « la Femme à l’ombrelle ».
- Celle tournée vers la gauche, ou celle qui regarde à droite ?
- Erudite… Celle qui regarde vers la droite. Elle a un côté pimpant, elle semble savoir où elle va et, en même temps, elle dégage un je ne sais quoi de nonchalant… Un peu comme vous.
- Flatteur !
- Mais elle a un énorme avantage, on peut l’accrocher à un mur et elle reste là… silencieuse !
- Macho, ignoble macho lança-t-elle, maintenant hilare. Elle avait repris le feutre et accentua la cassure qui déformait le nez de son personnage. Maintenant il ressemblait à une sorte de gargouille.
Ils parlèrent longtemps, de tout, de rien, parfois graves, parfois légers. Rignac ne voyait pas le temps passer. Il lui semblait qu’ils se connaissaient depuis toujours. Lorsqu’ils sortirent du Grand Bara, il faisait nuit, la pluie avait cessé de tomber.
- On se revoit ? Demanda-t-elle.
- Qui sait…
- Alors on s’en remet au hasard ?
- Hum, le hasard, mieux vaut peut-être le provoquer… Disons demain… ?
- Vers la même heure matelot ?
- Commandant, je vous prie ! Si les vents sont favorables…
Elle partit d’un grand éclat de rire et esquissa un salut militaire fort peu réglementaire. Rignac lui effleura l’épaule de la main en guise d’au revoir. Elle lui sourit et s’éloigna le long des vitrines illuminées, mince silhouette claire dans la nuit luisante d’humidité. C’est seulement à ce moment qu’il réalisa qu’il ne lui avait même pas demandé son prénom.

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