N...Anna
On va m'appeler Anna, puisque d'après mes recherches Google, c'est un dérivé d'Anna, hannah... Patati papata. Ce qui est drôle c'est que les deux premières lettres de mon nom ainsi que celles de mon prénom forment AnNa. Voilà rien de folichon. J'aurai juste dû m'appeler Anna dès le début...
J'ai toujours pensé que mon prénom venait de "Naissance". Un événement fort attendu des couples qui souhaitent un nouveau challenge dans leur vie. Un petit être qui reconstruit le mot "famille". Un petit être joufflu, aux pieds et aux mains boudinés, qui passe son temps à pleurer, dormir, manger et encore pleurer. (Oui, j'adore les bébés.)
«Anna, t'es trop naïve». «Mais sérieusement comment tu as pu croire ça, t'es trop naïve ma fille.»
«Ah mais tu peux lui dire ce que tu veux elle va y croire dur comme fer.»
Voilà une petite flopée des choses que j'ai pu entendre à mon sujet.
Finalement, la définition adéquate serait : naïve telle Mélanie Hamilton d'Autant on emporte le vent, Forrest Gump, Olaf, Candide de Voltaire,... Vous aurez compris. Naïve.
J'aurais voulu changer de prénom. On en avait parlé du haut de mes dix ans avec mes parents.
D'un air grave, du coin de la porte de la cuisine, je leur avait annoncé «Papa, maman, faut que je vous parle.»
Ils m'avaient regardé, d'un air «quelle bêtise elle nous prépare encore ?»
- Je veux changer de prénom !
- Bah pourquoi ? Il est très joli ton prénom, et en plus personne dans le monde ne le porte, m'avait dit ma mère.
- Il n'est pas joli, et en plus on ne sait même pas ce qu'il veut dire.
- Mais si, on avait regardé, c'est comme mamie Anne.
- Eh bah, on m'appelle Anna !
- Mais qu'est-ce qui te prends encore, réagit enfin mon père.
- Bah à l'école, on m'appelle N.. le caca
-Avec Anna ça serait pareil, voire pire. Garde ton prénom chérie, tu es unique.
En en reparlera au collège, puis au lycée... alors.
***
En parlant de souvenir, personne n'en a parlé ici, mais allons-y.
La première fois que je suis arrivée dans ma nouvelle école, c'était étrange. D'abord, j'ai dû aller faire connaissance pendant leur journée de je ne sais quoi. Il me semble que c'était leur fin d'année, ils allaient faire de l'acrobranche.
Je suis arrivée bien après eux sur le site, car ils étaient allés tous ensemble avec l'école, et moi avec ma mère. La honte, pour une première rencontre. J'étais perdue, dans un océan d'arbre, d'enfants qui se connaissaient et qui me dévisageaient et de flux de paroles. "Oui je n'ai pas mis mes équipements si c'est ça que vous regardez !".
Pas du tout. Il s'avère qu'arriver en plein milieu de l'année parmi des enfants qui se connaissent n'est pas non plus l'événement extraodinaire qui fait qu'on te dévisage à vouloir lire dans tes pensées, connaître quel sera ton prochain mouvement. Non pas du tout. Le fait est que j'ai la peau colorée. Et eux non. J'ai les cheveux, très bouclés, et eux non. Je suis très timide, et eux non, normal, ça fait depuis les couches-culottes pour la plupart qu'ils se voient.
Débarquer dans un environnement inconnu, avec des marmots qui courent partout et un directeur trop content pour moi, c'était la journée de trop dans ma vie de petite fille. Non, quel drôle de souvenir quand j'y pense. J'étais contente de voir les collègues, mais quand je les ai vu j'ai regretté ma mère. Littéralement, ma mère qui m'avait accompagnée et qui était partie au moment où je me suis retournée pour vouloir dire "je rentre avec toi".
Je ne me souviens que de ça, je n'en sais pas plus, je ne sais plus si j'ai fait de l'acrobranche avec eux, à quelle heure je suis rentrée chez moi, et comment. Simplement de ce moment, délaissée dans un monde nouveau parmi les apprentis requins.
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