Date anniversaire

3 minutes de lecture

Généralement, quand on dit date anniversaire, c'est qu'il s'en est suivi un traumatisme. Nous sommes d'accord.

Le 26 septembre, ou peut-être aujourd'hui, ou hier, ou plus tard dans ce mois d'octobre. Je ne sais plus, mon cerveau a voulu effacer cette information. Qui au début ne me dérangeai pas. Mais plus je suis dans ce "mois" anniversaire, plus je me demande, « c'était aujourd'hui ou peut-être demain ? ». Je maudis mon cerveau dans ces moments, il aurait pu me convoquer, qu'on se mette d'accord, qu'on en discute entre adultes : " Bon écoute, c'est ok pour qu'on se souvienne de la date, deux jours avant me semble correct, mais le jour j : rien. Comme ça, on sait sans savoir, c'est parfait.»
Pas du tout, à la place, il m'a juste laissé une sensation, une odeur, et des peurs. Un petit bonus de parano quand je me promène seule dans la rue et que je crois voir des personnes invisibles, des chats fantômes traverser la rue ou quelqu'un me suivre. C'est comme, parfois j'ai l'impression qu'on m'appelle au loin, que quelqu'un fait tomber quelque chose. Mais rien.

Cela dit, j'ai mis quand même trop longtemps pour en parler à ma psychiatre, que je ne peux malheureusement plus voir car je suis sur la paille, pour vous en parler maintenant, mais on se sait. Six mois, j'ai mis six mois à le dire à ma mère. C'était la saison des cauchemars, entre juin et juillet, et ça me turlipinais tellement. J'ai attendu mon heure favorite pour parler de tout et de rien. 20h. C'est l'heure des infos, je parle tout le temps quand ils sont devant la télévision. Je trouve que c'est définitivement le meilleur moment pour parler, quand Laurent Delahousse nous parle du réchauffement climatique, des malheurs du monde, de la petite Catherine qui est un génie pour son quartier, et que tu en rajoute, ou non, une petite couche à ton échelle personnelle. Mais je ne m'y étais pas résolue. Pas maintenant, je lui dirais demain, ou encore après-demain.

C'est facile de repousser. J'avais surtout peur de sa réponse et sa réaction. Du fameux "tu es naïve". Ne vous y trompez pas, je n'y ai pas loupé. Puisque, ce soir là, ce fut le cauchemar de trop, et à 2 h 36 du matin, ce fut le moment où j'alla toquer à la chambre de ma mère. Quelques larmes lui annonçant déjà la couleur et un lever en sursaut accompagné d'un « Qu'est-ce qui a Ninou ?».

Je l'avais prise par le bras pour l'assoir dans le canapé, et tout lui dire. C'est sans grande déception qu'il y eu ce fameux moment « Pourquoi tu ne ma l'as pas dit plus tôt ? », « Ma pauvre Ninou », « Tu en as parlé à la psy ? », « Tu veux que je le dise à papa, ou tu veux le faire ». Bien sûr que tu peux le faire à ma place, j'ai déjà mix six mois pour te le dire, ce n'est pas pour subir ça à nouveau.

A ma grande surprise : j'aurai dû lui dire plus tôt. Si j'avais su que c'était ça d'avoir une mère aimante et compréhensible, je lui aurai dit bien plus tôt. Je le savais pourtant, mais j'avais la trouille. La réaction des êtres chers fait peur.

Ce n'est pas longtemps après que j'avais fait ma to-do list pour aller voir la psy, qui sera sûrement l'une des dernières séances avant le découvert de mon compte en banque, et bien sûr on rajoute une peur de la revoir et qu'on parle à nouveau de ce qu'il s'est passé.

Je lui ai dit que j'avais enfin parlé de quelque chose avec ma mère, et qu'il fallait que je lui en parle aussi. Après m'être "déconnectée" plusieurs fois de ce que je disais, en passant par des "oh vous avez changé de cadre ?", "pourquoi il y a des feutres". Oui on a compris, tu évite le sujet. Elle me donna des numéros a appeler, les médicaments à renouveller et bien-entendu la date de ma prochaine visite.

C'était la dernière fois que je l'ai vu. Elle me manque. C'est étrange de dire ça. J'aimerai bien être riche et reprendre tellement de rendez-vous. Je ne l'ai même pas prévenue que je ne pouvais pas venir. C'est vrai que j'avais évité le rendez-vous du mois de juillet, mais en plus je travallais, pour une fois. Mais j'aurai pu le lui dire. J'ai quand même salement évité de la revoir pour ne pas parler de ce que nous avions commencé à élucider. Oops.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire KilNine ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0