Chapitre 3 Le transfert

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C'est à ce moment que Gérard intervint :

Gérard avait lu un ouvrage de science-fiction, dans lequel des humains, transférés dans le passé, changeaient les croyances et les comportements des gens à une époque clef de leur vie pour modifier le cours de leur histoire.

Ils parvenaient ainsi à transformer les pires voyous en d’honnêtes gens.

Anne l'interrompit :

- Tu prétendrais qu'une intervention psychologique sur le René des années 70 pourrait entraîner un effet bénéfique sur le René retraité, qui nous pourrit la vie aujourd’hui ?

- Oui, exactement. Toute amélioration de son caractère se répercutera sur celui d'aujourd'hui, et nous en récolterons les bénéfices.

Ces thérapeutes disposaient individuellement de petits appareils autonomes qu'ils utilisaient pour se déplacer dans le temps. Celui de papy était plus gros et plus primitif, mais il fonctionnait.

Il n'y avait qu'à utiliser l'invention de Papy, et il se portait volontaire pour participer à l'expédition.

Il se faisait fort de parvenir à modifier le comportement du René de l'ancien monde.

Gérard était du type costaud, avec ses 90 kg pour 1 mètre 80, tout en muscle. Il promettait de protéger physiquement les autres membres de l'expédition, qui, de fait, seraient tous des femmes.

Rose, sa tante, qui considérait son existence comme étant aussi futile, qu'inutile, décida de s'intégrer à l'aventure. Son expérience dans l'Éducation nationale, et sa patience légendaire seraient selon elle, un atout dans cette mission.

Lucie et Gertrude, ses sœurs, se disputaient la place de troisième passéonaute. Elles tirèrent à la courte paille, et Lucie l'emporta. Le hasard avait pour une fois bien fait les choses, car Lucie avait effectué des études de psychologie, et participé pour sa formation à plusieurs stages pratiques. Elle travaillait en ce moment dans un cabinet de recrutement.

Et, Gertrude était liée actuellement à un petit ami allemand qui plaisait beaucoup à Papy. Ce n'était pas le moment de les séparer.

Marie ne pourrait pas participer, car René ne pouvait rester seul sans elle.



Restait à déterminer l'époque la plus appropriée pour agir.

Après y avoir réfléchi ensemble pendant plusieurs jours, Anna formula les conclusions auxquelles ils étaient parvenus :

La période choisie devait répondre à deux critères : premièrement, il ne fallait pas qu'il y ait une trop grande différence d'âge entre lui et ceux d'entre nous qui le rejoindrions, pour qu'il puisse se créer une relation. Deuxièmement, il convenait que cette période soit une période charnière dans sa vie.

Ils choisirent donc une année pendant laquelle, après de très nombreuses années d'étude, sans autonomie, sans rémunération, il pouvait enfin se satisfaire financièrement à lui même, et ainsi se créer l'opportunité de fonder un foyer.

C'est souvent dans ces moments-là que les personnes dans son cas explosent en cours de route et empruntent un mauvais chemin.

C'était enfin, la période précédant sa rencontre avec Marie, sa future femme. On ne pouvait pas faire plus tardif.

Le début de l'année 1974 semblait être un bon compromis.

Maintenant, il convenait de se hâter, car tout devait être terminé avant la date de la première rencontre entre Marie et René.

Il avait été décidé de le dénommer « René d'en bas » dans nos conversations.



Papy se promettait d'assurer la sécurité de l'expédition, et de toutes les phases délicates des transferts.

Il avait tout simplifié au maximum. Le lieu de transfert et celui de récupération demeuraient inchangés, et il ne restait plus qu'à fixer, chaque fois, la date et l'heure de l'opération.

Les préparatifs du transfert devenaient automatiques. Les passéonautes se plaçaient dans la machine, les réglages restant inchangés, et Papy appuyait sur un des boutons : Transfert haut ou transfert bas, en fonction des besoins.

Le transfert lui-même durait quelques minutes, et les passéonautes disparaissaient ou apparaissaient, selon le cas, à un endroit prévu, appelé cercle de transfert.



Papy s'était ingénié à mettre son invention à l’abri d'une mauvaise utilisation.

Seuls les participants porteurs de l'ADN de la famille pouvaient utiliser le prototype en toute sécurité.

C'était une option qu'il pouvait modifier, mais il était le seul à pouvoir effectuer ce changement.

Papy s'était procuré des cartes d'identité et des permis de conduire valables pour la période qui nous intéressait.

Tout circulait sur internet, et les pièces d'identité périmées depuis longtemps n’intéressaient pas les autorités. De multiples officines, majoritairement asiatiques, se chargeaient de procurer à bas prix, des documents plus vrais que nature.

Tous les membres de la famille avaient les siennes. La mamie Bianca qui n'avait jamais passé son permis de conduire en avait un aussi, périmé, mais tout neuf, qu'elle plaça fièrement dans son sac à main.



Rose avait effectué un petit transfert en solo pour tenter de relever les habitudes de René.

Celles-ci étaient très régulières :

Un match de foot, le dimanche après-midi, et deux entraînements, le soir en semaine.

Il possédait une moto, et pas de voiture.

Des réunions fréquentes entre amis dans les brasseries du cours Mirabeau à Aix-en-Provence.

Travaillait comme intérimaire : Aide-comptable.

Va voir sa maman de temps en temps.

Se rendait dans les dépendances d'une église, où de jeunes gens s'échangent des livres policiers ou d’espionnage.

Connaissait le curé de cette église depuis longtemps.

A priori, pas de petite amie.

Semblait avoir quelques relations douteuses, avec des mécaniciens maquillant des voitures.



Avant de partir, les participants s'étaient réparti les rôles :

Gérard et Lucie allaient tenter de devenir ses amis. Lucie se présenterait comme une femme ayant choisi de rentrer dans les ordres, ceci afin d'éviter de se faire draguer.

Rose tenterait d'obtenir un poste dans l'église que fréquenterait notre sujet.

Notre René ne serait pas tenu informé de l'opération, afin de ne pas troubler le déroulement de sa thérapie à distance.



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