Chapitre 19 L'autre monde

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Papy était inquiet. Depuis plusieurs jours, ses capteurs enregistraient des signaux anormaux, l'informant que sa maison était sous surveillance.

Il réussit à s'assurer que ces signaux provenaient d'une camionnette qui effectuait très régulièrement le tour du quartier. Il avait relevé son numéro d’immatriculation à toutes fins utiles.

La machine de son invention n'effectuant aucun transfert actuellement était absolument indétectable.

Papy se mit en relation avec ses contacts scientifiques, utilisant une ligne ultra sécurisée de leur invention. Et ils mirent au point conjointement un procédé permettant de sécuriser la machine en cas d'attaque.

Le risque, c'était que certains de ses correspondants, tous d'une haute qualité scientifique, soient citoyens de pays intéressés par l'invention.

Ce qui se préparait, c'était la guerre du temps, dans laquelle, des commandos pouvaient agir et détruire des cibles qui à l'époque n'étaient pas, ou mal défendues. C'était un immense jeu d'échecs mondial en trois dimensions. Et, lui Papy avait construit cette machine monstrueuse dans le seul but avoué, d’empêcher un mariage.

Mais il savait, au plus profond de lui même que cette machine était une revanche de la vie, et qu'elle le rendrait célèbre, quoi qu'il arrive.

Sera-t-il considéré comme le Frankenstein moderne ?

Détruire son invention, c'est rester hors de l'histoire. C'est rester dans l’anonymat, et il lui était insupportable de ne pas bénéficier de ses 25 ans d'efforts sur ce projet.


Il était seul à décider..

Il y avait la police du Ciel des anges qu'il avait rencontré. Il ne savait pas quels étaient leurs pouvoirs ni leur nombre. Elle l'avait arrêté pour lui donner des consignes, mais il ne savait pas s'ils avaient la capacité à les faire respecter.



Pouvait-il exister un autre appareil, concurrent du sien ?

L'ange lui avait dit qu'à ce jour, sur la terre, il était le seul, mais qu'il existait des êtres venus d'une autre planète qui l'exploraient pacifiquement depuis plusieurs centaines d'années.

De toutes les façons, personne ne pouvait utiliser son invention s'il ne portait pas en lui l'ADN de sa famille. Les autres seraient transférés à des centaines d'années en arrière, sans espoir de retour.

Il entendit un bip bip provenant de sa machine, ce qui était impossible puisqu'elle n'était pas en fonction. Elle captait en fait des signaux venant d'ailleurs, indiquant qu'un transfert se produisait quelque part. Les ondes analysées montraient que l'année 1974 était son objectif.

Cela ne pouvait être un hasard. Sa famille était en danger, et il ne pouvait la joindre ni la transférer.

Il fallait qu'elle soit dans le cercle de transfert pour cela, et ce cercle n'avait que quelques centaines de mètres de diamètre.

Si lui, Papy pensait que des concurrents dans la visite du passé étaient dangereux, ces derniers pouvaient penser la même chose à son sujet.

Avoir le monopole de l’accès au passé était un enjeu stratégique, et la mort de quelques personnes ne pesait certainement pas lourd dans la balance.

Papy avait les moyens de détruire la camionnette qui tournait toujours. La détruire signifiait l'immobiliser.

Une décharge d'énergie projetée sur elle, lorsqu'elle passait devant le portail, allait irrémédiablement détruire tous les appareils électriques présents, provoquant un gigantesque court-circuit. Tous les fils électriques, tous les appareils électroniques seraient mis hors service.

Il pouvait le faire, mais il ne le voulait pas, car il n'avait pas l'intention de prendre l'initiative du déclenchement des hostilités. Car, rien ne prouvait que cette surveillance était hostile.



Papy prenait souvent des initiatives que les personnes de sa famille, et des autres aussi, jugeaient saugrenues.

Il décida de se placer sur le trottoir en face de sa maison, et quand la camionnette passa, il traversa la route. Le conducteur de la camionnette freina de toutes ses forces, et le coup de volant qu'il fit pour éviter le piéton lui fit percuter le trottoir.

Le Papy qui n'avait pas été touché par la camionnette examina l'intérieur.

L’arrière du véhicule était effectivement bardé de capteurs.

Les deux passagers, qui en étaient sortis, étaient pris à partie par les riverains qui leur reprochaient de rouler trop vite, alors que la vitesse prés d'une école, était limitée à 30 Kmh.

Des deux occupants du véhicule, seul un des deux semblait comprendre, plutôt que parler, quelques mots de français. Ils semblaient tous les deux catastrophés.

Papy nota sur un papier le numéro de téléphone d'un de ses portables, et il le leur donna, disant chef, chef, en mimant une conversation téléphonique. L'un des deux sortit un téléphone de sa poche et s'en servit.

Quelques minutes plus tard, la gendarmerie était sur place, et elle mettait un procès-verbal au conducteur de la camionnette, qui non seulement était monté sur un trottoir, mais avais embouti un panneau signalant la proximité d'une école.

Personne n'avait fait le lien entre l'accident, et le petit vieux qui habitait en face.

Les deux passagers semblaient plus affligés de voir leur véhicule immobilisé, emporté par la dépanneuse, que de chercher des responsabilités.

De retour dans son garage, Papy entendit la voix de Gérard qui demandait à être rapatrié pour faire un point de la situation. Rassuré, il accéda à sa demande.

De retour, Gérard lui signala un élément troublant à prendre en considération. Alors qu'habituellement, ils ne rencontraient personne dans la zone boisée servant de cercle de transfert, ils avaient croisé plusieurs promeneurs semblant faire des aller-retour dans la zone. Et il leur avait fallu bien se cacher avant d'effectuer la demande de transfert.

Lucie indiqua qu'il lui semblait que les promeneurs n'étaient pas dangereux, qu'ils les avaient vus tous les trois se cacher, et qu'ils n'avaient manifesté aucune hostilité. Juste de la surveillance.

Papy raconta à la famille tout ce qui s'était passé. Il ne savait pas quelle suite pouvait être donnée au projet. La sécurité des personnes devant passer avant tout.


Le lendemain, un homme se présenta à la porte de la maison, demandant à voir Papy, auquel il présenta le petit bout de papier sur lequel ce dernier avait inscrit son numéro de téléphone.

Papy le fit asseoir dans le salon, et attendit que son visiteur dévoile ses intentions.

L'homme dit à Papy que l'endroit et l'époque d’où il venait ne lui apprendraient rien. Il venait d'une planète très éloignée qui avait commis une erreur majeure, à une époque, ou comme Papy l'avait réalisé, ils avaient créé leur première machine permettant de se déplacer dans le temps.

Ils avaient utilisé les millénaires passés pour se débarrasser de leurs déchets. Ils avaient lancé des campagnes d'explorations historiques pour parfaire leurs connaissances du passé, permettant à des personnes sans scrupules de s'enrichir en le manipulant.

Et, ces manipulations avaient aussi énormément modifié notre présent.

Il parlait un français parfait, avec une voix un peu métallique.

Nos gouvernements ont heureusement rapidement réagi, car les évolutions ont été fulgurantes.

Tous les déchets déversés, industriels, pharmaceutiques, et j'en passe, ont empoisonné les terres, nos rivières, et nos océans.

Les générations qui mouraient impactaient les générations suivantes, comme on peut le constater dans les présentations qui montrent que la chute d'un domino entraîne celle de tous les autres, à la suite.

La population survivante ne représentait plus que 20 pour cent de ce qu'elle aurait dû être, et elle était souvent séparée par des bras de mer très pollués.

Donc, comme je le disais, tous les efforts ont été mobilisés pour contrer ces mécanismes. Fabrication d'eau potable, décontamination des rivières, etc.

Nous avons transféré des hommes dans les zones du passé pour sécuriser ce qui pouvait l'être.

Pendant plusieurs dizaines d'années, nous ne savions pas si nous allions gagner, ou si nous allions être balayés par la pollution. Nous avons donc cherché une planète pour nous replier en cas de besoins.

La terre était la plus proche, et celle qui correspondait le mieux, je dis bien le mieux, et non parfaitement, à nos besoins. Nous avons donc exploré cette planète, et décidé d’empêcher que ce qui s'était passé chez nous s'y reproduise.

C'est la raison de la surveillance que nous avons entamée dès le début de vos expérimentations.

Elle n'avait rien de conflictuel, mais elle aurait pu le devenir.

Papy lui expliqua à son tour qu'il ne transférait que quelques personnes de sa famille, et qu'il n'avait aucune intention de trafiquer le passé.

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