Chapitre 20 Rencontre des René

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René a une nouvelle marotte, il s'est mis à la cuisine. Il a acheté un énorme robot culinaire, qui selon ses dires fait absolument tout.

Il a acheté quantité de livres de cuisine. Et, ce qui est le plus surprenant, c'est qu'il s'en sert.

Cela va durer combien de temps, on ne sait pas.

Deux femmes sont satisfaites de cette nouveauté : Marie qui voit diminuer le temps qu'elle passe à cuisiner, et qui ne s'occupe plus du lave-vaisselle et des poubelles.

Et Mamie Bianca, qui voit son gendre passer du temps avec elle pour papoter recettes de cuisine, et qui lui fait goutter certaines de ses préparations.

Le seul à se plaindre de cette situation, c'est le Papy que la présence accrue de René force à se réfugier encore plus souvent dans sa chambre.



Mamie Bianca se sentait un peu seule. Elle n'avait pas grand monde à qui parler dans la journée, aussi, l'arrivée de son gendre dans son univers fut pour elle une bénédiction.

Elle ne tarda pas à lui confier, sous le sceau du secret, bien sûr, les détails de l'opération manigancée contre lui.

Mamie Bianca était une maligne, et il fallait que cela se sache.

Quand elle nettoyait et rangeait le bureau de Papy, elle n'agissait pas en simple femme de ménage.

Papy qui n'avait pas une excellente mémoire avait copié tous les codes secrets permettant de faire fonctionner son invention, sur une feuille de papier, cachée à l'intérieur d'un livre de sa bibliothèque.

Elle les avait donc tous recopiés, et quand Papy n'était pas présent, elle s’entraînait à les utiliser.

Mais elle ne pouvait pas non plus conserver ce secret par-devers elle. Il fallait absolument qu'elle en parle, et René était bien sur l'interlocuteur idéal.

Elle lui avait expliqué les bases du fonctionnement de l'invention de Papy, ajoutant qu'elle pouvait la faire fonctionner aussi bien que lui.

Et, que s'il le souhaitait, elle se faisait fort de le transférer dans le temps.

Ce qui lui donnerait la possibilité de voir son double dans l'autre époque.

Elle répétait qu'elle en était capable.

René était tenté, mais le risque de l'expédition l’inquiétait.

Il posa ses dernières questions :

Et, en ce qui concerne les limites de l'ADN familial, comment ça va se passer ? Je ne suis pas de votre famille.

Il y a une option à modifier : on indique tous les ADN, ce qui permet à tout le monde d'utiliser la machine.

Et, qui me récupère à la fin du voyage ?

Je m'occupe de tout, faites-moi confiance.


Mamie Bianca et René se mirent d'accord pour tenter l'expérience dès que Papy se serait éloigné.

Le lendemain, Mamie Bianca appuya sur le bouton vers le bas, et René fut transféré vers 1974, comme les autres.



J'ai eu la surprise, à la sortie de mon travail, de rencontrer un individu aux cheveux blancs, qui tenait absolument à me parler.

Moi, c'est toi, et nous, c'est nous, me dit-il.

C'est fou, de constater que tout ce que la planète recelait d'êtres bizarroïdes venait se coller à moi.

Moi, c'est moi, et toi, tu t'en vas, lui répliquais-je.

Il me poursuivit.

Attend, je m'appelle René, comme toi. Souviens-toi de notre jeunesse, souviens-toi de la vieille dame qui conduisait un tricycle que l'on n’arrivait pas à faire rouler tout droit. On avait dix ans.

J'étais intrigué.

Effectivement, pendant mes vacances, une vieille dame rendait fréquemment visite à mes parents.

Elle conduisait un tricycle pour adultes qui devait être aussi vieux que sa propriétaire. Dés que la personne s'était engouffrée dans la maison, je m'étais précipité pour essayer l'engin.

En vain. La direction était tordue, et il m'était impossible de rouler droit avec. Je n'avais pas assez de forces pour cela.

Je revoyais cette scène.

J'étais seul à ce moment-là.

Comment ce type pouvait-il être au courant ?

Je le laissai parler.

Ce qu'il me disait était difficile à croire, et les détails qu'il me donnait me choquaient.

Totalement incroyable.

Lucie et Gérard seraient mes enfants, ou du moins mes futurs enfants.

J'avais aussi du mal à l'idée d'avoir la même tête que lui plus tard. Aussi, je lui demandais :

Je vais vous ressembler dans le futur ?

Il me répondit :

Il faudra t’y faire.

Je continuais :

Vous avez des enfants ?

Oui, tu en auras trois, dans l’ordre, deux filles et un garçon.

Je suis toujours célibataire, je n’ai donc pas encore de soucis à me faire ?

Non, les soucis, ça viendra après.

Je serai un bon papa ?

Tu seras au moins un bon moi.

Vous êtes marié ?

Oui, bien sûr.

Ça se passe bien ?

Il n’y a pas de raisons.


Pourquoi êtes-vous venu me voir ?

Parce que des gens de la famille de ma femme, qui sera la tienne plus tard, sont venus pour t'influencer, pour te transformer, et donc me transformer moi aussi.

Et, crois-moi, je n'ai pas envie de changer. Je suis bien comme je suis.

Déjà, je me suis senti obligé de faire de la cuisine à la maison, de discuter avec la grand-mère, et de sortir les poubelles. Je ne veux pas en faire plus.

Je te propose d'organiser notre résistance au changement. C'est notre seule chance de ne pas finir en esclavage dans cette famille. Des corvées, toujours des corvées.

Continue dans la comptabilité, perfectionne-toi, deviendra parfait, plus que parfait, et par là même, tu deviendras intouchable. Tu seras dans ta bulle professionnelle, dans laquelle tu domineras ton entourage. Tu vas faire des heures de travail, beaucoup d'heures. Mais elles te sembleront faciles, car tu seras ton propre patron.

À côté de ça, on te laissera tranquille à la maison. Enfin, presque. Car on trouvera toujours à critiquer tes absences, et tes besoins de loisirs. Mais, comme tu apporteras ta feuille de paie en fin de mois, cela atténuera les critiques.

En un mot, tiens bon.

Maintenant, je n'ai pas la possibilité de t'en dire plus, car mon temps est limité.

Je suis en quelque sorte en permission de sortie, et il faut que je respecte les délais si je veux espérer qu'on me la renouvelle.


Mon vieux double venait de partir.

Je restais dubitatif.

Selon ses dires, il semblait prisonnier de la famille de sa femme. Il prétendait qu'on aurait placé Rose, Gérard et Lucie en travers de mon chemin pour me changer.

Me changer en quoi ?

Et il estimait que ces changements nous seraient néfastes, à lui et à moi.

Pour ma part, j'avais l'impression que ces trois personnes avaient eu des effets plus positifs que négatifs sur ma vie, jusqu'à présent.

Le vieux était vraisemblablement parano.

Mais, comment pouvait-il connaître tous ces détails sur mon passé. Certains faits que j'avais, moi-même, presque oubliés.

Et lui, qui était-il, d’où venait-il ?

Comment se fait-il que prétendant être moi, il avait attendu tant de temps pour se faire reconnaître ?

Mais, s'il disait vrai, qui étaient Rose, Gérard et Lucie, qui s'étaient présentés spontanément pour m'aider ?

De quoi vivaient-ils ? Quelles étaient leurs occupations avant de me connaître ? Gérard, qui était un expert, devait bien avoir des diplômes, un cursus universitaire vérifiable.

Tout cela, j'allais le contrôler.

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