Rose n’avait pas voulu remonter, estimant que son activité avait été insuffisante pour nécessiter une explication. Gérard et Lucie étaient donc les seuls à effectuer l’aller-retour. Ils commençaient à en avoir l’habitude.

Papy appuya sur le bouton bas, et il allait retourner à ses occupations, quand il vit que les voyants affichant les réglages de l’appareil changeaient sans arrêt.

Il ne fallait surtout pas stopper la machine, au risque de disloquer les utilisateurs. Il prit son appareil photo qu’il régla sur caméra, et il filma le tableau affichant les voyants.

Ce qui était sûr, c’est que le lieu d’arrivée et l’époque choisie ne seraient pas ceux prévus. Et, cela serait sans doute un moindre mal.

Il attendit que les voyants se stabilisent pour arrêter la caméra, et copier le fichier vidéo obtenu sur son ordinateur. Il pensait que le transfert n’avait pas pu se réaliser avant qu’il ait commencé à filmer.

Il disposait d’une multitude de lieux et de dates potentielles d’arrivées. Enfin, il était un peu rassuré par le fait que le faisceau d’énergie nécessaire au fonctionnement de l’appareil était resté stable.

Gérard et Lucie avaient dû ressentir des secousses violentes, comme s’ils étaient dans un ascenseur qui monte et qui descend sans interruption.

Gérard et Lucie s’étaient, en fait, retrouvés au beau milieu d’un champ dans lequel broutaient quelques vaches qui ne leur prêtaient aucune attention. Ils avaient été fortement secoués. Lucie avait un fort mal de tête et elle avait vomi plusieurs fois.

Ils ne reconnaissaient bien sûr pas l’endroit ou ils devaient arriver, et ils ignoraient tout de celui où ils se trouvaient. Par contre, reconnaître ce lieu était vital pour eux, car c’est à partir de là, seulement, qu’ils pouvaient espérer revenir chez eux.

Gérard tenta de joindre Papy, mais la ligne ne fonctionnait pas, ou il n’y avait personne aux manettes. Il entreprit de dresser une carte, pendant que Lucie entassait tous les cailloux qu’elle trouvait pour matérialiser l’emplacement.

Ils empruntèrent un petit chemin qui longeait le champ. Gérard matérialisait sur son plan le chemin parcouru, tandis que Lucie entassait des petits cailloux lors des changements de direction, comme le petit Poucet l’avait fait avant elle.

Ils s’approchèrent d’une ferme, ou ils furent accueillis à grand bruit par un énorme chien qui tirait sur sa chaîne. La fermière vint à leur rencontre. Gérard lui indiqua qu’ils s’étaient perdus, et qu’il ne savait pas trop où ils étaient. Elle leur dit : de ce côté, c’est le village de Marlieux, à 3 Kms. De l’autre, c’est Villars les Dombes, à cinq Kms. Vous êtes jeunes, vous y serez bientôt.

Lucie dit à Gérard qu’ils avaient eu de la chance, car ils auraient pu tomber dans un étang.

Maintenant, il ne leur restait plus qu’à attendre que Papy retrouve leur trace.

Ils se dirigèrent donc vers Villars où ils achetèrent des sacs de camping, des duvets, tout le matériel de base du parfait petit campeur, et le maximum de victuailles que pouvaient contenir leurs sacs.

Ils n’avaient pas pris de tente pour ne pas se faire remarquer, mais ils avaient acheté une bâche à poser sur le sol, pour éviter son humidité.

Puis, ils retournèrent à leur lieu de départ, en évitant de passer près de la ferme pour ne pas alerter le chien.

Pendant ce temps, Papy se démenait, mais il était inquiet. Il pensait : ils ont pu tomber en mer, ou sur un immeuble ? Ils sont peut-être blessés ?

Il visualisait la vidéo du tableau affichant les voyants en utilisant l’option ralenti maximum, et il prit des notes.