Chapitre 22 En prison

4 minutes de lecture


Gérard et Lucie passèrent leur soirée à discuter.

Il n’avait pas été prévu de lieu de rassemblement en cas de problème. Ils ne savaient donc pas s’ils devaient attendre ici, ou essayer de rejoindre le cercle de transfert habituel. Devaient-ils se séparer ?

Ils décidèrent qu’il le fallait. Gérard allait rester près de la zone d’atterrissage, et Lucie tenterait de téléphoner à Rose pour la prévenir, et ensuite tenter de la rejoindre.

Ils se séparèrent en début de matinée. Lucie avait coupé à travers champs, et elle n’avait pas fait plus d’une centaine de mètres, quand elle aperçut une 4L de la gendarmerie qui s’approchait de l’endroit où se tenait Gérard. Elle ne savait pas si elle devait faire demi-tour ou rester cachée.

Elle décida de rester derrière la haie qui la protégeait des regards.

Elle ne pouvait rien entendre de l’endroit ou elle se trouvait, mais la rencontre avec les gendarmes semblait mal se dérouler. C’était quand même étonnant, car Gérard avait de faux papiers en règle, et le camping sauvage ne pouvait être au maximum que verbalisé.

Elle vit ensuite les gendarmes enfermer le matériel de camping dans le coffre de leur voiture, menotter Gérard et le pousser à l’arrière de la 4L.

Elle était sidérée. S’ils avaient été dénoncés, pour une raison qu’elle ne comprenait pas, elle pouvait être également menacée.

Il fallait absolument qu’elle puisse joindre Rose au téléphone rapidement.

Elle avait de l’argent, mais les hôtels étaient peut-être surveillés, et son signalement pouvait être diffusé.

Elle se dirigea vers la route nationale et fit de l’auto-stop en direction de Bourg-en-Bresse. Il devait être plus facile de se cacher dans une grande ville que dans une petite. Une voiture s’arrêtât presque aussitôt, et la déposa au centre-ville.

Elle choisit un hôtel qui disposait d’une ligne téléphonique directe dans les chambres. Elle réussit à joindre Rose et lui expliqua la situation, ou du moins, ce qu’elle connaissait de la situation. Rose lui promit de demander à René de venir la chercher avec sa moto, et d’informer la famille.


René, bien sûr, prit sa moto avec plaisir, pour aller chercher Lucie. Il n’oublia pas de prendre un deuxième casque. Rose lui avait remis de l’argent pour le voyage. Il devait la retrouver le lendemain à 8 heures devant son hôtel.

De son côté, Rose avait rejoint la famille par la voie habituelle qui était toujours active.

Anna a été désignée pour être le nouveau chaperon de Lucie pendant la durée d’indisponibilité de Gérard. Elle a accepté, mais cette tâche ne lui convient pas. Elle craint de s’ennuyer.

Elle est veuve, et son ancien mari lui a laissé une petite fortune, qui, bien gérée, lui permet de vivre tranquillement. Elle n’a jamais travaillé, jamais eu d’enfant.

Elle occupe ses loisirs avec ses nombreux amis, le cinéma, les concerts, la télévision. Elle sait déjà qu’elle ne va pas du tout se plaire dans ce nouvel univers. Elle n’aura plus d’amis, elle ne connaîtra plus personne.

Elle a déjà visionné tous les films qui passent sur les écrans, et elle juge la télévision de l’époque nullissime. Il n’y a pas encore le métro à Marseille, et s’y déplacer en voiture est une horreur. Enfin, elle n’a pas une envie folle d’être confinée à jouer la nounou de sa nièce.

Papy a commandé de toute urgence de nouveaux papiers d’identité pour toute la famille, par précaution.

Anna doit repartir, mais il lui faut pour cela attendre d’avoir reçu les nouveaux papiers d’identité que Papy a commandés. Les livraisons prennent souvent beaucoup de temps pour les colis en provenance d’Asie.

Papy n’a toujours pas réussi à repérer la zone ou ont atterri Gérard et Lucie, mais maintenant, cela n’a plus d’importance.



Lucie a mal dormi, et elle attend depuis des heures la moto qui doit venir la chercher. Elle feuillette un quotidien régional pour tromper sa nervosité. Soudain, son attention est attirée par le titre d’un article faits divers. Un homme arrêté pour détention de faux papiers et de fausse monnaie.

L’homme détenait de faux papiers qui auraient passé n’importe quel contrôle de routine. Mais il disposait aussi de papiers d’identité et de billets de banque émis après l’année 2000.

L’homme qui n’a pu être identifié,, refuse de parler, et la justice ne dispose d’aucune piste.

Le suspect a été conduit à la maison d’arrêt de Bourg-en-Bresse.

Lucie comprenait mieux à présent. Gérard avait, par erreur, pris avec lui ses deux jeux de papiers d’identité, et des euros.

Il fallait le sortir de là.


À 7 h 30, René attendait avec sa moto de l’autre côté de la rue. Il avait peur de se faire remarquer. Un 13 dans l’Ain, ça se voit.

Lucie avait payé sa note et l’avait rejoint.

René avait décidé de prendre les petites routes pour éviter les contrôles plus fréquents sur les routes nationales. Le voyage se déroula presque sans encombre, et René déposa sa passagère près du cercle de transfert.

Pendant le parcours, René avait perçu de loin des camionnettes de gendarmerie, et un gendarme au bord de la chaussée. Une file de voitures et de camions devant lui rendaient invisible sa moto, ce qui lui permit de se garer sur la droite de la route, entre deux maisons, sans se faire remarquer.

Il y avait beaucoup de circulation, aussi il avait décidé de conduire tranquillement, sans doubler les voitures. C’est ce qui lui avait permis de détecter immédiatement le danger. Rien ne prouvait que les gendarmes aient pour mission d’arrêter sa passagère, mais il valait mieux être prudent.

Maintenant, il suffisait d’attendre tranquillement que les forces de l’ordre décident de libérer le passage en s’en allant.


René profita de l’occasion pour interroger Lucie au sujet de la visite d’un autre René qui lui avait raconté des histoires assez extraordinaires la concernant. Lucie était dans ses petits souliers. Ses nerfs lâchèrent, et elle fondit en larmes. Elle raconta l’histoire de la machine de Papy qui permettait de voyager dans le temps, et elle confirma les affirmations de l’autre René. Elle était bien sa future fille.

René ne s’attendait pas à ça. Pas du tout, même.

Il avait la gorge serrée, mais il demanda :

L’entrée dans les ordres, c’est du pipeau à mon intention ?

Oui, mais parfois j’y pense réellement.

Tu n’as pas de petit ami ?

Non, cela te ferait de la peine ?

Plus maintenant que je sais. Mais il faut que je m’y fasse.

Ce serait abominable de ne pas se réjouir du bonheur de ses enfants.

Mais, pour l’instant, dans ma tête, dans mon cœur, tout est flou.

Parlons d’autres choses.



Ils n’eurent pas l’occasion de le faire, car les camionnettes de la gendarmerie avaient disparu, les laissant libres de poursuivre leur chemin.





Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Harimax ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0