Chapitre 20 : La création de l'île
Marc fut ravi de retrouver Léon, Grog, Gre et Gru. Après s’être installés autour d’un bon repas, Marc demanda :
- Alors, racontez-moi, qu’est-ce qui vous est arrivé après votre chute ?
- On a vraiment cru qu’on allait mourir, répondit Gre. On tombait depuis presque une minute, et on voyait le sol se rapprocher à grande vitesse, quand on a réussi à dévier un peu vers une zone où la gravité était moins forte. Ça n’a pas empêché la chute, mais ça nous a pas mal ralentis, ce qui nous a évité le pire.
- Enfin, on a quand même eu quelques os cassés dans l’affaire, grogna Gru. On a dû rester presque six mois au sol pour s’en remettre. Au début, on rampait comme on pouvait hors de cet environnement chelou. On était obligés de jeter des pierres devant nous pour éviter de s’envoler. Une fois sortis de la zone, on a fait le nécessaire pour se soigner et on a attendu de récupérer. Ensuite, on a retenté l’ascension, et on a fini par arriver à destination. Tout ça nous a pris six mois de plus. Léon nous a dit que t’étais parti te former et nous a proposé d’attendre ici. On a accepté.
-En gros, vous avez eu une chance de dingue, conclut Marc.
- C’est exactement ça, renchérit Gre. Dans notre malheur, on a eu beaucoup de chance. Et donc, ta formation a porté ses fruits ?
- Bien plus qu’espéré, sourit Marc. J’ai appris tout ce que je voulais savoir, et en plus, j’ai découvert l’art des enchantements. C’était passionnant.
- N’empêche, t’as bien changé, réagit Grog. Tu fais plus mature, j’ai l’impression que t’as grandi, sans compter tes ailes. Vu leur taille, j’imagine que tu peux enfin voler.
- Totalement ! s’exclama Marc. Quel plaisir de pouvoir voler. Par contre, vu que je me vois tous les jours, je saurais pas te dire si j’ai changé physiquement ou si j’ai grandi. C’est possible, vu que j’étais pas encore à l’âge adulte. Après le repas, on passera aux choses sérieuses.
Une fois le repas fini, Marc téléporta tout le monde dans l’arbre-monde des gobelins, puis se téléporta seul au bord de la mer.
- Ça me rappelle des souvenirs, fit Marc. C’est ici que j’ai eu la mauvaise idée de dire la phrase fatidique...
Il s’envola, parcourut plusieurs lieues au-dessus de la mer avant de s’arrêter. Il regarda autour de lui pour s’assurer qu’il n’y avait absolument aucune terre en vue. Une fois sûr de ça, il utilisa la magie de roche pour faire sortir de terre un énorme bloc. Il fit en sorte que le dessous de l’île soit suffisamment large et solide pour que la mer ne l’érode pas trop vite. Il se posa ensuite sur la roche pour se reposer.
- Je pensais pas que ce serait aussi épuisant, se dit Marc à lui-même. Je risque d’y passer plus de temps que prévu.
Après un peu de repos, il se lança dans la création d’un système pour briser les vagues, avec des morceaux de roche placés de manière réfléchie tout autour de l’île. Rien que la partie rocheuse lui prit six jours. Marc se dit : "Je vais faire comme dans la Bible : je bosse six jours et le septième, je me repose." Il ricana intérieurement à cette idée, puis se téléporta dans l’arbre-monde pour se reposer.
Pendant sa journée de repos, Léon arriva avec un journal à la main et dit à Marc :
- Tu devineras jamais ce qui s’est passé pendant tes deux ans d’entraînement.
- Déjà, je constate que le journal a été inventé, réagit Marc, surpris.
Léon eut un bug sur la remarque et répondit :
- Ça fait longtemps que le journal existe dans ce monde, même si je le recevais pas vu où j’habite. J’ai donc pris la peine de lire tous les numéros des dernières années pendant que t’étais parti. C’est important de se tenir informé. Bref, je t’avais raconté qu’il y avait d’autres joueurs comme nous, coincés ici. En gros, il y a quatre types de joueurs : ceux qui ont une apparence animale ou monstrueuse comme nous et qui font cavalier seul ; ceux avec une apparence humaine qui ont décidé de mener une vie normale parmi les PNJ, genre fonder une famille, bosser, etc. ; ceux qui cherchent à comprendre qui les a piégés et comment rentrer chez eux, en fondant la Confédération des Joueurs Piégés ; et enfin, ceux qui ont gardé leur apparence humaine et qui jouent aux super-héros.
- Oui, tu m’en avais parlé. Viens-en au fait.
- Il paraît qu’une de leurs antennes, celle avec leur super-héros le plus fort, s’est fait détruire, et qu’ils se sont tous fait massacrer. J’ai demandé au roi qui avait réussi cet exploit… Et devine quoi : c’est ton pote Josh. Il doit être sacrément balaise.
Marc se mit à rire.
- Si c’est Josh, je ne suis même pas surpris. C’est quelqu’un de réfléchi, donc oui, il a dû gagner pas mal en puissance depuis la dernière fois que je l’ai vu. Et en plus, il a toujours détesté les histoires de super-héros. Si en plus ils étaient un peu cons, ça m’étonne pas du tout qu’il les ait massacrés.
Marc alla ensuite se coucher, songeur. C’est une bonne nouvelle que tu sois encore en vie. J’espère qu’on se reverra un jour, Josh.
Après de longues heures de sommeil, il retourna sur l’île et lança les travaux pour créer de la terre, une source d’eau potable, et de la végétation. Il continua sur son rythme : six jours de boulot, un jour de repos.
Il créa ensuite les habitations. Pour ça, il usa de tous ses talents : des chaumières en pierre semi-enterrées, des maisons dans les arbres avec un sort qui les rendait plus grandes à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’objectif était de camoufler au maximum les différents types de demeures. Il fallait aussi diversifier pour que plusieurs espèces différentes dont des humains, puissent vivre ensemble. Il fit aussi quelques maisons plus classiques, en se disant qu’il en fallait pour tous les goûts.
Il fit des allers-retours pour peupler l’île d’animaux en tout genre : insectes, mammifères, et même des créatures inconnues. Enfin, au centre de l’île, il créa un palais végétal inspiré de l’arbre-monde. Il ajouta aussi des champs pour nourrir les habitants, ainsi que des entrepôts. Bien sûr, tout était fait pour se fondre dans le décor vu de loin.
Il créa enfin une porte sur la place centrale, dans laquelle il grava un sort de téléportation menant à un lieu unique : une porte identique, installée dans une cabane prévue à cet effet, au cœur de la ville des monstres, avec l’accord du roi Gobelin. Il suffisait d’ouvrir la porte et de la franchir pour voyager entre les deux endroits.
Le peuple qu’on lui avait confié traversa la porte pour rejoindre l’île et emménagea dans les demeures qui leur plaisaient le plus.
Marc reçut alors un nouveau titre : « Celui qui se prend pour Dieu ».
Marc songea : "Ça faisait longtemps que j’en avais pas eu un… C’est toujours mieux que le dernier. Quoique, j’ai toujours pas compris à quoi ça sert, ces titres."
Une fois tout en place, Marc nomma Grog au poste de Premier ministre pour gérer l’administratif. Il confia la communication et le renseignement à Léon. Gre, assisté de Gru, fut chargé de la sécurité.
- Et toi, tu vas faire quoi ? demanda Léon.
- Je pense voyager, partir à la recherche d’autres êtres bizarres qui aimeraient vivre avec nous. J’essaierai de revenir régulièrement. Vu que je peux me téléporter, c’est pas un souci. Et j’ai réussi, non sans mal, à créer un appareil de communication. Si vous avez besoin de moi ou d’infos, utilisez-le. Et je ferai pareil.
Il leur distribua à chacun un petit appareil rectangulaire, avec leurs noms gravés dessus.
- Vous appuyez sur le nom de la personne que vous voulez appeler. Je vous montre.
Marc appuya sur « Léon » et l’appareil de ce dernier se mit à sonner. L’écran affichait en rouge le nom de l’appelant.
- Appuie sur mon nom pour décrocher. Si tu réponds pas, ça sonne 20 secondes, puis ça s’arrête. J’ai pas encore réussi à faire en sorte que ça garde une trace ou qu’on puisse laisser un message, mais bon, c’est déjà pas mal.
- En effet, fit Léon. Je pensais pas revoir un téléphone un jour, même s’il est très archaïque.
Une fois tout organisé, Marc quitta l’île et s’envola vers d’autres horizons.
- La Team Rocket s’envole vers d’autres cieux ! lança-t-il en rigolant.
En voyant la tête de ceux restés au sol, Marc comprit que sa blague n’avait pas été comprise. Et pour cause : personne n’avait la référence dans ce monde.
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