Chapitre 26 : Le laboratoire

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Marc pénétra dans le portail et atterrit dans un nouveau monde. Le portail de destination avait été camouflé dans une maison discrète, au milieu d'une forêt. En sortant, Marc constata deux choses qui lui prouvaient le changement de planète. Tout d'abord, lorsqu’il était parti, il faisait jour, et là, il faisait nuit. Ensuite, il y avait deux lunes dans ce monde, alors que dans le précédent, il n’y en avait qu’une seule.

Il se rappela rapidement qu'il n'était pas là pour faire du tourisme et admirer les lunes, mais pour aller voir ce bâtiment provenant sûrement d'un autre monde. Juste à ce moment-là, il reçut un message de Josh lui demandant s'il avait constaté un véritable intérêt aux quêtes annoncées par le système du jeu. La déesse des loups semblait indiquer que c'était inutile. Marc rigola et répondit par message :

« Absolument aucun intérêt. Je suis devenu empereur depuis peu, je passe mes journées à recevoir des quêtes lors des doléances de mon peuple pour tout et n’importe quoi. L'autre jour, j'ai eu une quête pour ramasser un dossier tombé par terre. Ce système est complètement disjoncté. Même les titres ne servent à rien, car primo, tu es le seul à les voir, et secundo, les quêtes t’en font gagner plein. J'ai eu "Monstre sans cœur", "L’empereur des monstres", "Le père du peuple", "Poker Face" et bien d'autres… en faisant tout et n’importe quoi. Bref, je te confirme les dires de la déesse : ça ne sert à rien. »

Puis il se tourna vers Fran et dit :
- Bien, Fran, on se met en route.

Fran appartenait à une espèce rare de métamorphes. Sa transformation était limitée à quatre ou cinq animaux, mais c'était toujours impressionnant à voir. Son apparence de base était celle d'un humain. Il se transforma en hirondelle et s'envola pour guider Marc.

À vol d'oiseau, c'était toujours plus pratique de voyager. Du moins, c’est ce que Marc avait constaté. Malgré tout, Marc et Fran mirent une semaine à atteindre leur objectif, faisant des pauses obligatoires pour reprendre des forces. De ce que Marc avait vu, ce monde semblait banal. Il ressemblait nettement plus à la Terre dont il venait, et les histoires de zones semblaient nettement moins marquées.

Le bâtiment que l'équipe de Fran avait trouvé n’avait en effet rien à faire là, au vu de sa structure. Ce n’était pas du tout le type d’architecture que l’on retrouvait sur cette planète, ni sur aucune des deux autres d’ailleurs. Le bâtiment avait atterri dans un environnement marécageux, au cœur d'une jungle. Marc se fit la réflexion que cela pourrait servir de décor à un film. À ceci près que dans les films, ce n'est pas un laboratoire que les aventuriers découvrent, mais un vieux temple maya ou un truc du genre.

Marc pénétra dans le bâtiment et constata que celui-ci avait mal vieilli. On trouvait, par-ci par-là, quelques squelettes humains. Il récupéra de nombreux badges de scientifiques, mais ne prit pas la peine de regarder les noms. Il se dit qu'il ferait une liste à la fin, en rentrant au château.

Il ne restait plus grand-chose à récupérer comme données. Marc en était presque déçu. Il était sur le point d'abandonner lorsqu’il découvrit une porte dérobée, très bien cachée, qui descendait vers le sous-sol. Il y trouva deux laboratoires : l’un rempli de tubes en verre pour la plupart cassés. Il y découvrit quelques notes du genre : « Création agent divin X-348 : échec », « Création agent divin Z-769 : échec ». Marc se demanda combien de cobayes ils avaient utilisés avant de réussir. Une autre note indiquait : « Seul le gène BX4578H peut permettre la création d’un être divin », puis : « Gène identifié sur Robert BOLIN. Accord du directeur Marc BOLIN pour début de l’opération ».

- Robert BOLIN ? Mais c'est le nom de mon père ! réagit aussitôt Marc. Josh me l'avait signalé, mais ça fait bizarre de voir son nom dans des documents alors qu'on ne parle pas de nous. Je crois comprendre que leur Dieu a été créé en partie grâce au sacrifice d’un humain. Quoiqu’au vu des expériences, et du nombre de tubes brisés, je pense que le nombre de sacrifices est plutôt de plusieurs milliers. Ils devaient vraiment être désespérés pour en arriver là… Bon, et l’autre labo, ça donne quoi ?

Marc se dirigea vers l’autre salle et découvrit des capsules étranges. La plupart étaient ouvertes ou cassées. Il trouva des documents lui permettant de comprendre qu’il s’agissait d’un projet de cryogénisation destiné à préserver une partie des scientifiques ou du peuple, le temps du transfert, ou en cas d’échec du projet de création d’un Dieu.

Marc constata cinq capsules encore actives, contenant des humains.
- C’est bien beau, mais comment on les libère sans risquer de les tuer ? s’interrogea Marc. Je n’ai pas de mode d’emploi, et je ne suis pas scientifique.

Il fouilla, chercha, mais ne trouva pas de solution. À ce moment-là, un membre du groupe SG7 le rejoignit et, voyant Marc chercher comment désactiver les machines, lança :
- Je peux me tromper, mais il ne faudrait pas simplement appuyer sur le bouton rouge sur le côté de la capsule ?
- Je n’ai pas d’autre idée, et ça semblerait logique si on y réfléchit, répondit Marc, choqué de ne même pas avoir remarqué ce bouton. Souvent, ce que l’on cherche est sous notre nez.

Ils appuyèrent sur les boutons un par un. Les machines s’éteignirent puis s’ouvrirent. À l’intérieur, deux des cinq personnes étaient décédées, même si leurs corps étaient en bon état. Parmi les survivants, il y avait une scientifique (ou du moins, c’est ce que Marc supposa en voyant sa blouse blanche), un homme d’âge moyen et une fillette d’une dizaine d’années.

Après une dizaine de minutes, ils commencèrent à reprendre leurs esprits et hurlèrent de peur en voyant Marc. En même temps, Marc dut admettre que voir un chien humanoïde avec des ailes et une queue végétale, au réveil, après plusieurs siècles, voire millénaires de sommeil, avait de quoi surprendre. Il se demanda soudain d’où venait l’énergie nécessaire pour alimenter les appareils.

Après avoir calmé les trois individus et expliqué la situation, Marc leur demanda des explications pour comprendre ce qui s’était passé. La femme prit la parole et se présenta :

- Tout d’abord, je m’appelle Rose FRANDERICK, j’étais une scientifique du projet Neomundus. À côté de moi, il y a Franck DURAND, l’époux d’une des scientifiques, et enfin, l’enfant s’appelle Anna BOLIN, la fille du directeur du projet, Marc BOLIN. Ensuite, vous l’aurez compris, ce projet avait pour but de créer un être supérieur capable de créer un monde pour y transférer les habitants et sauver tout le monde, ou de sauver notre monde de la destruction. Aussi étrange que cela puisse paraître, on constata rapidement qu’il était plus simple de créer que de sauver. Après de nombreux tests, seul le père du directeur s’avéra compatible avec le système divin que nous avions développé. Celui-ci accepta de lui-même de devenir ce Dieu. Dans un premier temps, il créa un environnement virtuel semblable à un jeu, où transférer nos âmes. Puis, avec les informations collectées dans différents mondes et les ruines de notre monde détruit, il devait reconstruire un nouveau monde et y retransférer les âmes. C’est là que tout commença à devenir instable et à nous échapper. Le Dieu obtint bien des capacités quasi absolues, mais il hérita aussi de données incohérentes issues de films, de jeux et d’autres sources indéterminées provenant de mondes parallèles. Sa conscience humaine, mêlée à toutes ces données, le fit échapper à notre contrôle. On tenta tant bien que mal de le reprendre, en vain. Cependant, nous avions déjà intégré une cinquantaine de noms de scientifiques et de testeurs dans son programme. Il fit donc en sorte de récupérer leurs âmes avant la fin de notre monde. De ce que je sais, il transforma son fils en Dieu secondaire pour l’assister dans sa tâche. Sûrement l’esprit paternel et sa volonté de sauver son fils. Pour ceux qui n’avaient pas eu cette chance, nous avons donc développé des capsules temporelles afin de sauver un maximum de monde, et nous réussîmes, in extremis, à rajouter au programme la téléportation de plusieurs bâtiments et de leur contenu dans ce nouveau monde. Logiquement, Robert a dû récupérer les ruines de notre univers pour refabriquer des planètes et un nouvel univers. D’après ce que vous me dites, il ne s’est pas contenté d’un seul monde.

- Je vais vous poser une question étrange, mais comment vos appareils pouvaient-ils avoir encore de l’énergie ?
- Nous avions réussi à développer de petits générateurs autonomes capables de produire de l’énergie à l’infini.
- Avez-vous une idée de comment renvoyer les victimes collatérales dans leur monde et réajuster le programme pour le rendre plus normal ? demanda Marc.
- A priori, le renvoi me semble hors de ma portée. Cependant, en étudiant bien le sujet, si vous me laissez le temps et que j’ai d’autres brillants scientifiques avec moi, il devrait être possible de corriger légèrement le programme. Mais pour cela, il faudra retrouver la base centrale, là où est stockée la structure du programme du Dieu.

Après ces échanges d’informations, Marc leur proposa de manger, puis informa Josh de ces découvertes par message. Suite à cela, il décida de les ramener dans son empire. Concernant Anna, il était un peu perturbé : même si elle n’était pas sa fille, elle restait la fille d’un « lui » d’une autre réalité, et il se sentait un peu comme son père. Mais vu son apparence, il craignait qu’elle ne le rejette. Bref, il aurait encore le temps d’y réfléchir une fois rentrés au royaume.

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