Chapitre 28 : La contre attaque

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Zéphira, Léon et les autres membres de leur groupe observaient de loin la base ennemie. De l’extérieur, on aurait dit une simple grotte, et il n’y avait aucune trace d’ennemis.
Zéphira utilisa un sort pour sonder les environs et déterminer la structure de la base ainsi que le nombre d’ennemis présents.

- À priori, une structure en béton est cachée sous cette grotte, annonça-t-elle. Je capte de nombreuses pièces et, très précisément, soixante-seize personnes. Au vu de la situation, je vais devoir utiliser un outil que j’aurais préféré éviter d’employer… mais vu notre sous-effectif, et sachant qu’on veut capturer et non tuer, on ne fera pas le poids avec des moyens conventionnels.
- Que devons-nous faire ? demanda Léon.
- Les chimères et les loups, vous surveillerez nos arrières. Aucun ennemi ne doit nous prendre à revers. Léon, j’aurai besoin que tu me transfères ton énergie magique. L’outil que je vais utiliser est extrêmement gourmand. Et surtout, ne passez pas devant moi pendant que je m’en servirai.

Tous les groupes acquiescèrent et se mirent en position. Léon posa sa main sur le dos de Zéphira et commença le transfert d’énergie magique.
Zéphira fit alors apparaître une flûte traversière noire de jais. Elle se mit à jouer une mélodie d’une tristesse si intense qu’elle donnait envie à quiconque l’écoutait de pleurer à chaudes larmes. Ce fut très difficile pour ses alliés de ne pas céder aux sanglots.

Une fumée noire jaillit de la flûte et se dirigea vers la grotte. Une fois celle-ci entièrement recouverte, la mélodie changea d’air : elle devint plus macabre, donnant la sensation que la mort elle-même était en chasse.
Léon frissonna de peur. Il ne pensait pas qu’une simple mélodie puisse provoquer un tel sentiment. Il se concentra davantage et tenta de puiser dans l’énergie magique ambiante pour compenser, car il sentait que la sienne faiblissait dangereusement. Il transpirait à grosses gouttes sous l’effort, puisant et redistribuant la magie à Zéphira. Ce n’était pas une de ses capacités préférées, car elle exigeait une concentration extrême.

Puis, enfin, la note finale résonna : la mélodie s’acheva. Léon s’écroula de fatigue sur le dos, incapable de bouger, tandis que la fumée noire se dissipait lentement.
Zéphira fit disparaître la flûte et tomba lourdement sur les fesses. Ses jambes ne la soutenaient plus. Son cœur battait la chamade et une migraine atroce lui martelait le crâne. Le combat était enfin terminé. Elle n’eut même pas la force de regarder derrière elle.

Pendant toute la mélodie, les chimères, Neige et Ombre, étaient restés en alerte. Sans grande surprise, une attaque ennemie se produisit.
L’une des chimères créa un bouclier magique pour intercepter les sorts visant Léon et Zéphira, pendant que les deux autres mettaient tout leur talent à capturer un maximum d’ennemis.
Neige tirait des rayons laser pour immobiliser les adversaires, tandis qu’Ombre se téléportait d’une ombre à l’autre pour les assommer. Cependant, à trente contre cinq, le combat restait particulièrement audacieux.

Lorsque la musique prit fin, les ennemis étaient vaincus : neuf morts et de nombreux blessés graves du côté adverse.
Dans leur camp, la chimère qui avait généré le bouclier survécut, mais fut épuisée ; les deux autres chimères étaient mortes. Neige était grièvement blessée. Seul Ombre s’en sortit indemne, quoique visiblement exténué.

Quand Zéphira eut suffisamment repris ses esprits, elle constata tristement les pertes. Elle prodigua les premiers soins, puis, faute de magie, acheva les blessés les plus gravement atteints. Ensuite, elle ligota chaque adversaire.
Une fois cela fait, Ombre demanda :
- C’était quoi cette magie étrange que tu as utilisée ? Que sont devenus ceux qui étaient dans la base ?
- C’est une forme de magie noire, répondit-elle. Le contrecoup est toujours très lourd : elle rend son utilisateur sans défense, l’épuise physiquement, et surtout, elle l’empêche d’utiliser à nouveau la magie pendant presque un an. Et Dieu sait que j’adore étudier la magie… La seule que je puisse encore employer, c’est celle de la flûte. En gros, la fumée capture et emprisonne les cibles dans une autre dimension. Les victimes n’en sont pas conscientes, c’est comme si le temps s’était figé pour elles. Elles reviendront quand je jouerai à nouveau pour les libérer.

Léon, ayant récupéré un peu d’énergie, commença à soigner les blessures les plus graves de Neige et dit :
- Je vous ramènerai à la base dès que j’aurai récupéré assez de magie. En attendant, il va falloir camper ici au moins cinq heures. Ombre, on compte sur toi pour la défense, même si je ne pense pas qu’il reste d’ennemis dans les environs. J’espère que Marc et Josh s’en sortent aussi bien que nous.

* *

Marc et son groupe s’étaient eux aussi camouflés pour observer leur cible. La base ennemie, cette fois, n’était pas discrète : une grande tour de type HLM d’une quinzaine d’étages, avec les lettres « C.J.P. » écrites en énorme dessus. Elle se dressait au beau milieu d’une clairière entourée de forêt, et l’activité ennemie y était intense. On pouvait apercevoir des mitrailleuses et même des lance-roquettes.
- Ça promet, chuchota Marc.
- J’ai une idée complètement folle, lança Rêveur, fier de lui. Vu qu’ils sont presque tous dehors, tu pourrais apparaître dans le ciel avec une lumière divine derrière toi, comme un être céleste. Pendant que tu attires leur attention, je volerai au-dessus et je lâcherai des spores soporifiques. Tout le monde s’endormira, et il ne restera que ceux dans le bâtiment.
- Ce serait marrant et inattendu, réagit Marc.
- Ce serait surtout un bon moyen de finir en pigeons criblés de balles, grogna Traqueur. Avec mon odorat, je compte environ soixante ennemis dehors et quatre-vingts dedans. Même si une vingtaine s’endort, les autres ne vont pas rester là à admirer le spectacle. Soyons un peu réalistes.
- On est donc douze contre cent quarante, fit Grog. Les statistiques ne sont pas avec nous. Une autre idée ?
L’une des chimères proposa :
- Si ça intéresse quelqu’un, je peux créer du vent. Ça aiderait à répandre les spores de Rêveur.
- Je commence à avoir une idée de génie, dit Marc. Je vais me positionner de l’autre côté et construire une statue divine avec ma magie de roche. Je resterai caché derrière, et j’y créerai une lumière intense pour attirer leur attention. La roche me protégera des balles. Pendant ce temps, vous répandrez les spores soporifiques. Faites en sorte que la brise reste naturelle pour ne pas éveiller les soupçons. Une fois ceux de l’extérieur endormis, on s’occupera de ceux de l’intérieur.

Le groupe approuva le plan.
Marc partit à l’opposé et fit surgir, dans un grondement de pierre, une immense statue d’un vieil homme aux bras ouverts, ressemblant à son père. Après tout, Dieu était censé être le père de son alter ego d’une autre dimension ; autant partir sur une base connue. Il fit ensuite jaillir une lumière éclatante, ce qui attira immédiatement les tirs ennemis. Marc réparait la statue au fur et à mesure qu’elle était touchée.

Au même moment, Rêveur et les autres sentirent un tremblement de terre, mais décidèrent de poursuivre le plan.
Rêveur produisit des spores soporifiques à profusion, que la chimère dispersa grâce à un vent léger.
Mais, comme souvent, rien ne se passa comme prévu : la tour se fissura sous l’effet des secousses et des explosions, et commença à s’effondrer.

- Il y a un problème, la tour s’écroule ! cria Traqueur.

L’effondrement provoqua une onde de choc qui repoussa les spores vers les alliés de Rêveur. Au lieu d’endormir l’ennemi, ce furent donc les leurs qui sombrèrent dans le sommeil. Immunisé à ses propres spores, Rêveur resta seul debout, consterné :
- C’était pas à vous de sniffer mes champignons, voyons… Bon, trêve de plaisanterie, la chute de la tour a dû provoquer de lourds dégâts.

Il s’envola et découvrit un champ de ruines, jonché de victimes, mais encore peuplé de soldats hagards. Il profita de leur confusion pour relâcher une dernière salve de spores. Bientôt, tout le monde dormait.
Il rejoignit alors Marc :
- C’est fini… mais on est loin de notre objectif de départ.
Marc, choqué lui aussi, tenta de détendre l’atmosphère :
- Je suis déçu, personne n’a remarqué la pancarte que j’ai installée sur la statue.
Rêveur regarda et lut, à hauteur d’homme, une plaque indiquant :
« Wi-Fi divin gratuit. Code : DIEU2025 ».
Rêveur éclata de rire.
- Elle est bien trouvée, celle-là.

Puis, plus sérieux :
- Il va falloir ligoter les survivants. Et je te préviens, sans mains, je ne peux pas t’aider.
- T’inquiète, répondit Marc. Je vais chercher du renfort et surtout beaucoup de corde.

Il se téléporta, puis revint avec un grand groupe. Ensemble, ils ligotèrent les ennemis encore en vie, soignèrent les blessés et mirent de côté les corps des nombreuses victimes. Plus de la moitié des adversaires avaient péri lors de l’effondrement.

En fouillant, Marc tomba sur un formulaire :
« Demande d’autorisation d’effondrement (Annexe B) ».
Il éclata de rire :
- Ils ont tellement de paperasse qu’ils régularisent même leurs destructions.

* *

Josh, quant à lui, se trouvait dans un environnement qu’il connaissait déjà : la base lunaire qu’il avait découverte plus tôt, autrefois vide. Cette fois, elle grouillait d’activité. Leur arrivée ne passa pas inaperçue : le combat éclata aussitôt.

Vent-Furieux cria, en plein affrontement :
- En extérieur, j’ai l’avantage. Prends cinq loups avec toi et va désactiver leur portail de téléportation. Il faut empêcher les renforts. On connaît déjà les lieux, profitons-en !

Josh obéit et se téléporta avec cinq loups. Vent-Furieux resta avec cinq autres et trois chimères. Grâce à la maîtrise du vent, il multipliait les acrobaties pour vaincre ses adversaires, mais les vagues d’ennemis ne cessaient d’arriver, et les premiers loups tombèrent rapidement.

Devant le portail, Josh ne trouva aucun moyen de le désactiver. Il décida donc d’agir autrement : il toucha la porte, se téléporta dans la cour du château de Marc et ordonna aux gardes d’arrêter quiconque la traverserait. Il leur demanda aussi de renforcer la sécurité, puis retourna sur le champ de bataille.

À son retour, il découvrit que trois loups avaient péri. Enragé, il déchaîna toute sa puissance : télékinésie, glace, foudre, crocs, griffes, rien ne résistait. Il esquivait les attaques avec aisance, soutenu par les deux loups restants.
Quand le silence retomba, il découvrit en sortant que seuls Vent-Furieux et une chimère étaient encore en vie, mais tous les ennemis avaient été vaincus.

Josh, impressionné par l’ampleur du carnage, alla chercher du renfort dans l’empire de Marc pour soigner, ligoter et rassembler les corps.
Une fois le travail terminé, il téléporta tout le monde, vivants et morts, dans la cours du chateau de Marc, puis retrouvèrent le groupe de Léon et de Marc.

Le gros du C.J.P. ayant été anéanti, les quelques membres encore en fuite abandonnèrent la lutte. Des loups et d’autres créatures furent libérés des centres de détention, mais bien peu survécurent au regard du nombre initial de cobayes.

Au bilan, Marc et Josh perdirent huit loups et quatre chimères lors de l’assaut principal, puis quatre loups et deux autres chimères durant les combats secondaires.
Ils avaient capturé 207 ennemis, tandis que 102 adversaires avaient péri.
Ils n’avaient pas imaginé que cette organisation fût aussi vaste, ni que tant d’êtres aient pu être piégés par ce dieu détraqué.

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