Cela faisait bientôt un an que le conflit avec le C.P.J. s’était achevé.
Pendant cette période, Josh avait beaucoup voyagé, allant à la rencontre des différentes meutes de loups et gérant comme il pouvait son peuple. Il avait ainsi créé une alliance avec l’empire de Marc, mais pas seulement : il avait aussi noué des alliances avec divers peuples à travers les trois mondes.

Marc non plus n’avait pas chômé, car il devait non seulement gérer les prisonniers, mais aussi son propre peuple. Tout comme Josh, il avait beaucoup voyagé afin de faire reconnaître son empire comme un État à part entière et ainsi établir des relations diplomatiques.

Josh et Marc avaient, en parallèle, lancé des recherches intensives pour retrouver le laboratoire principal. Le Dr Rose Franderick, quant à elle, avait fait d’immenses progrès sur le programme de correction du Dieu. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle les avait convoqués, afin de leur faire une annonce.

- Je vous remercie d’être venus, commença Rose. Sur ce disque se trouve le correctif que nous avons enfin réussi à développer. Avant que je vous en donne les détails, il faut noter un point important : ce sera la seule et unique occasion de rentrer chez vous, car après cela, nous ne pourrons plus jamais modifier Dieu. C’est fou, quand on y pense… “Modifier Dieu”, c’est presque comme dire qu’on est momentanément supérieur à lui…

- Viens-en au fait, la coupa Josh. On manque cruellement de temps en ce moment.

- Oui, oui, en effet. Où en étais-je ? Ah, oui, le correctif. Il fonctionnera en plusieurs étapes. Tout d’abord, il désactivera la capacité et la volonté de transférer des personnes d’un autre monde ici. Ensuite, il enverra un message à toutes les personnes ayant été transférées dans ce monde pour leur proposer de rentrer chez elles, telles qu’elles étaient auparavant. Après cela, le système affichant les statistiques, les messages privés, l’apprentissage de nouvelles compétences et bien d’autres fonctions disparaîtra. En gros : plus de menu, plus de messages système. La magie continuera d’exister, mais elle deviendra sûrement plus difficile à apprendre et à maîtriser.
Enfin, les mondes cesseront d’être divisés en zones avec un “boss” apparaissant de temps à autre. Les zones continueront d’exister, mais elles se lisseront petit à petit pour se fondre les unes dans les autres. En somme, on ne passera plus d’une forêt à un désert en deux mètres. Au passage, Dieu devrait aussi créer des lois physiques propres à ces trois mondes, permettant d’expliquer scientifiquement pourquoi certains endroits ne fonctionnent pas de la même manière. Je pense notamment à la zone de la lune ou aux îles flottantes. De même, la magie aura désormais une explication scientifique. Et voilà, sinon, rien d’autre. Bref, Dieu ne sera plus artificiel, mais un véritable Dieu.

- C’est déjà beaucoup, fit Marc. Tout ça en à peine un an… Le moins qu’on puisse dire, c’est que ton équipe et toi avez été efficaces.

Marc et Josh prirent congé de Rose et reprirent leurs occupations. Cependant, l’appel de l’aventure ne tarda pas à se faire entendre, car deux jours après l’annonce de Rose, le laboratoire fut enfin repéré. À croire que le destin en avait voulu ainsi.
Mais pour y accéder, les éclaireurs avaient relevé de nombreux dangers. En effet, le laboratoire se trouvait sur une île au cœur d’un ouragan immobile, entourée non pas d’eau, mais de magma. Bref, Dieu ne semblait pas favorable à ce qu’on vienne y mettre les pieds.

Marc et Josh décidèrent donc d’élaborer une stratégie pour atteindre leur objectif.

- Tout d’abord, le magma, comment on le traverse ? demanda Josh.
- Facile, en volant, répondit Marc.
- Certes, mais dans ce cas, tu seras sans moi, car je suis incapable de voler. Et l’ouragan ? Tu proposes quoi ? Ne me dis pas que tu vas voler au-dessus des nuages pour redescendre dans l’œil, j’ai peine à croire que ce soit possible. Même scientifiquement, c’est impensable.
- Vu sous cet angle, c’est effectivement compliqué. Et si on creusait un tunnel suffisamment profond pour éviter le magma et ressortir à proximité, voire directement dans le labo ?
- Tu te rends compte de la complexité du truc ? Si tu remontes au mauvais endroit, tu te prends une coulée de magma sur la tête.

Léon arriva justement à ce moment-là et, les entendant, intervint :

- Vous ne vous êtes pas demandé comment nos éclaireurs ont su que le laboratoire était là ?
- Effectivement, j’ai oublié de demander ce détail, admit Marc, confus.
- Je ne me suis pas renseigné non plus, ajouta Josh.
- Eh bien, ils l’ont su parce qu’il y a des moments où l’ouragan s’arrête. Certes, pas longtemps, mais suffisamment pour atteindre l’île et le laboratoire. Pour être précis, il s’arrête toutes les douze heures, à midi et à minuit, pendant exactement une minute. Vous avez donc une minute pour traverser le magma et l’ouragan.

Josh réfléchit un instant, puis dit :
- Je propose que tu y ailles avec Rêveur. En volant, ça devrait être possible. Une fois Rêveur à l’intérieur, je m’y téléporte avec Rose. Une fois dedans, on l’escorte jusqu’à la cible et elle fait le nécessaire.

Ils approuvèrent ce plan, qui, étonnamment, se déroula sans le moindre accroc.
La seule difficulté fut de remettre le courant et de trouver un terminal encore fonctionnel et connecté à Dieu.

Une fois tout cela en place, Rose inséra le disque et la “correction miracle” s’accomplit.
Josh, Marc, ainsi que tous les individus ayant été transférés dans ce monde reçurent un message disant :
« Dernière notification : souhaitez-vous rentrer dans votre monde ? »

Sans même se concerter, Josh, Marc et Léon refusèrent. Leur vie était désormais ici.
Comme l’avait prédit Rose, tout disparut, et ils se retrouvèrent enfin dans un monde "normal".

Josh tenta un cri de glace, et constata, stupéfait, que ce simple sort était désormais bien plus complexe sans le support du système.
Mais ce qui n’était pas prévu, c’est que l’ouragan disparut soudainement, tout comme les laboratoires. Josh, Rose et Marc se retrouvèrent tout à coup au milieu de l’île, sans plus aucune trace du laboratoire.

- Bon… On rentre comment ? J’ai un peu peur de me téléporter, fit Marc.