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Aline a remarqué. Dans une simple story qu'Erik a posté sur son Instagram. Il vient de tenir des propos, des changements, rien que par des images. Ses doigts, entremêlés de ceux de Thom, qu'elle reconnaît très bien par leur finesse et leur pâleur, par-dessus une couverture à motif, où des rayons de soleil se couchent. Pas de légende, rien qu'un fait, une réalité, la leur. Et ça a fait sourire Aline, parce que la pression redescend. Ils ont droit à leurs jours heureux, à leurs moments de calme.

Aline respire mieux, et voit les choses bien plus clairement. Elle a le sentiment d’inspirer un air frais, pur, qui nettoie son système de la grisaille et des tensions, des pressions qu'elle s'imposait à elle-même. Elle est prête à se reprendre en main, sa vie avec.

Elle a fait le choix d'organiser les prochaines vacances, à l'aide d'un planificateur. Elle veut prendre du temps pour elle, parce qu’elle en a besoin, parce qu’elle s’est oubliée, l’espace de quelques semaines, au profit des autres. Elle est contente de l'avoir fait, mais elle sait aussi qu'elle a besoin de solitude et de réflexions personnelles. Elle veut se remettre à la lecture, au dessin, et à la fois, chercher les prochains projets de l’association. Elle veut aussi mettre à jour leurs recherches et leurs trouvailles. Surtout après le dîner improvisé qui a réuni leurs parents sous un même toit, dans une même pièce. Surtout après ce qu'elle a entendu concernant des versements, des comptes bancaires et des excuses qui viennent de loin, d'une autre époque peut-être. Toutes ces choses qui leur manquaient, qui faisaient que les liens ne se reliaient pas bien entre eux, qui ne faisait pas de sens pour leurs yeux extérieurs, et étrangers à ces évènements, et ces jeunesses. Ces mots qu'Aline garde précieusement pour elle, parce qu'elle est la seule à les avoir entendus, mais aussi parce qu'elle a préféré préserver et protéger les garçons. Elle ne voulait pas les replonger dans le passé, alors que leur présent faisait déjà des remous.

Fort heureusement pour elle et son besoin de rangement et d'organisation, Thom lui a laissé son carnet rempli de notes, et Aline recopie sur des feuilles de couleurs, des post-it. Elle met tout à plat, sur le sol de sa chambre. Elle se créée un véritable tableau de relations, des arbres généalogiques tracés à la main, avec des points d'aquarelle.

Dans ce calme, tout juste troublé par un vinyle de rock, Aline émet ses propres raisonnements et ses propres hypothèses. Les codes couleurs changent selon qui a émit les questions, ou qui a trouvé les réponses. Elle se fait la réflexion qu’elle a l’air d’une scientifique cherchant de nouvelles formules, et ça l’a fait rire. Aline a l’esprit plus léger, elle voit soudainement les choses dans leur ensemble, à la manière d’une panorama complet d'une falaise, d'une montagne, qui garde tout de même ses zones d’ombres.

Un état de calme, qui n’est pas encore celui d’Acacia, mais qui y ressemble presque. Les armoires, les tiroirs où Quentin y avait répandu ses affaires personnelles se sont vidés. Un genre de déménagement, mais dont la moitié, le plus important reste. Acacia retrouve une solitude qu'elle n'avait plus rencontrée et apprivoisée depuis un moment. Elle s'est d'ailleurs fait la réflexion, qu'elle n'a jamais vraiment un jour été seule dans sa vie. Dans son enfance, la maison était pleine, sa mère étant un enfant à part entière au milieu d'eux ; pour qu'elle fasse ensuite ses valises et s'installe avec Adrien. Acacia qui redécouvre le silence, et ressent même une excitation à avoir sa propre maison à elle toute seule. Comme si Quentin n'avait fait que partir en voyage d'affaires pour ne revenir que plus tard dans le mois. Ce n'est pas le cas. Acacia ne lui a délivré qu'un billet allé, elle ne veut pas du retour.

Acacia qui se fiche bien de savoir s’il est chez sa maîtresse ou bien dans un appartement miteux. Tout ce qu'elle voit, et ressent, c'est bien plus de liberté, de légèreté et de facilité à vivre comme elle l'entend. Elle n'a plus peur.

Il n’y a eu aucune supplication, aucune pauvre excuse, aucun cri de douleur, aucune larme brûlante. Acacia a laissé filer, et semble anesthésiée des moindres sentiments qu’elle a pu avoir pour lui, si elle en a eu. En réalité, cette situation lui fait prendre conscience qu’elle ne vivait que par dépit, par procuration. Elle est toujours parvenue à se greffer à une situation, à celle d’une personne tierce, et s’acclimatait comme si tout lui allait.

Mais, au fond d’elle, il y a cette voix, celle d’Adrien, sur le pas de la porte, avant qu’il ne parte pour Berlin, sa valise à la main, avant qu’ils ne mettent leur relation sur pause : « Ne vis pour personne, tu m’entends ? » Est-ce qu’il savait ? Est-ce qu’il s’était rendu compte que, sans lui, elle serait bien incapable de trouver son propre chemin, sa propre lumière ? Elle a dû tant le décevoir. Et plus de treize ans après cette mise en garde, Acacia prend enfin une décision qui ne lui sera bénéfique qu’à elle, dont elle fait le choix. C’est à la fois libérateur, et terrifiant. Acacia est seule désormais. Il est temps pour elle d’avancer, plutôt que de se laisser porter par les flots. Elle fera des erreurs, mais elle aura la satisfaction d’en goûter la frustration amère, et de les rattraper. Assise dans la véranda, une tasse de thé entre les paumes, Acacia attend que son fils se lève pour lui parler de tout ça, le mettre au courant, sincèrement. Il n'a que la vue extérieur, pas les faits complets, dans leur totalité. Et elle pourrait jurer, qu’en l'attendant, elle a senti comme une présence, un effleurement le long de son dos, de son épaule. Une légère chaleur piquante. Ça l’a fait sourire.

Thom débarque, les cheveux en bataille, et les yeux encore marqués de sommeil. Il semble plus grand, ce matin, déjà plus adulte qu’hier, les épaules plus larges et développées, la stature plus étirée, même dans son pyjama aux motifs de dinosaures, qu'il affectionne particulièrement même à son âge. Acacia s’en fait la réflexion, tandis que son garçon se penche pour l'embrasser sur le front, avec tendresse. Il s’assoit à son côté et se verse du thé, lui aussi.

─ Erik n’est pas levé ?

─ Il prend sa douche. Il brunche avec ses parents, son oncle est là, apparemment.

Acacia hoche la tête, avant d'expirer doucement, dans un sourire. Un brunch. C’est l’intitulé que donnait Cam au repas du week-end, avec eux, lorsqu’elle voulait leur préparer un petit-déjeuner de rois, mais qu’elle s’était levée trop tard, alors qu’elle voulait tout de même accueillir tout le monde avec des assiettes et des tasses pleines.

─ Je voulais te dire ... Pour Quentin. Tu vois bien qu'il n'est plus là.

─ Lui et toute sa garde-robe hors de prix.

Un roulement des yeux de la part de son fils, et Acacia pouffe de nouveau. Elle reprend.

─ Tu pourras aller le voir, si tu veux, comme nous ne sommes pas mariés, il n’y aura pas vraiment de décision de justice ou de garde alternée.

Acacia déballe de but en blanc, sans le regarder. Elle a un peu honte. Elle a peur de sa réaction, aussi. Elle ne veut pas le brusquer. Et elle s’en voudrait immensément, si son fils gardait tout ça contre elle. Dans la pièce, Thom semble gigantesque quand Acacia retrouve son corps de petite fille maladroite, timide et les genoux éraflés. Mais, étonnamment, Thom glousse à son tour, contre sa tasse fumante, les yeux vers le jardin, où le soleil monte doucement. Vraiment, il semble tellement plus calme, épanoui, assuré, de plus en plus éloigné de sa zone de confort. Il est ce qu’elle n’a jamais réussi à être, à son âge, mais qu’elle parvient à surmonter maintenant, petit à petit, à son rythme. Elle est si fière que son cœur pourrait exploser, là maintenant, rien qu'en le regardant, en attendant sa réponse.

─ Entre nous, maman, c’est toi qui m’as élevé. On a rien en commun, lui et moi, il a fait le choix d’aller voir ailleurs, c’est son problème, moi je reste ici.

Son assurance nouvelle, la force de ses choix soufflent littéralement sa mère. Elle lui sourit, et dépose sa tempe contre son épaule, elle peut s'appuyer sur son fils. Thom l’enserre d’un bras. Ils contemplent la véranda, dans ce silence qu'ils ont retrouvé. Quand Thom a appris la tromperie de celui qui a vécu avec eux ici, il n’a pas été très étonné. Il a compris les soirées où il était absent, la présence de sa mère, partout, investie, sans Quentin. Thom lui en a voulu, par réflexe, parce qu'il pensait qu'il avait fait souffrir sa mère, mais à en juger par la réaction de celle-ci, il s'est dit, non sans une pointe de tristesse, qu'elle n'a fait que le supporter, s'écarteler entre deux mondes pour que cela fonctionne, sans n'avoir de retour. Elle n’était sans doute pas plus attachée à lui que ça. Et puis, après coup, quand elle lui a tout expliqué, calmement, Thom a ressenti ce soulagement. Le départ de l’étranger et le retour de leur complicité simple et spontanée, à eux deux. Mère et fils.

─ C’est ici que j’ai grandi, et que t’as vécu tes plus belles années, je vais nulle part.

Thom la rassure encore un peu plus, et, avec ces paroles, Acacia pourrait se mettre à pleurer, tant il est dans le vrai. Quand son père était encore là. Quand ils étaient encore tous insouciants, et pas encore trop cabossés par la vie. Sans explicite, dans le feutré, Thom semble déjà avoir compris et intégré ces souvenirs, cette situation. Ils ne se le disent pourtant pas, mais une simple vérité éclos doucement dans cette maison. Une vérité qui fait un peu mal, parce qu'elle est frustrante, parce qu'elle est immuable.

les craquements des escaliers, Erik redescend finalement de la salle de bain, les cheveux encore mouillés. Il a apporté des affaires de rechange, au cas où. Il recommence à s'habituer aux nuits passées en-dehors de ses draps, auprès de Thom, dans sa chaleur. Il le cherche d’abord des yeux, et le trouve finalement auprès de sa mère, en train de discuter d’une potentielle balade en bateau, avec Théodore, et Aline. Erik se fait des plus discret, et se glisse aux côtés de Thom, qui lui attrape doucement la main. Acacia lui fait signe de se servir du contenu de la théière encore fumante. Erik lui précise qu’il ne reste pas, mais la remercie tout de même. Acacia embrasse le tableau des yeux. Ça la touche, et à la fois la fais sourire. Tout est à sa place, les choses reprennent leur cours, et à la fois sont tellement naturelles. Son fils, et celui de Cam. La vision est surréaliste. Pourtant, rien ne pourrait troubler la clarté des regards que s’échangent les deux adolescents, la douceur avec laquelle ils communiquent. Plus aucune place pour la timidité des débuts.

─ Je peux te déposer, si tu veux, Erik.

─ Ne vous dérangez pas, ça ira.

Un sursaut, Acacia pensait pourtant lui avoir dit que le vouvoiement n'était absolument pas de rigueur avec elle. Elle ne se départi pas de son sourire, tant le léger malaise d'Erik face à elle, l'amuse. Elle se ressert une tasse de thé. La mère sent bien que sa présence les dérange quelque peu, elle est de trop, ce n'est pas dans leurs habitudes, pour autant son fils n'en fait pas cas. Thom l’a bien compris. Ici, au sein du cocon qu’ils se sont construit depuis des années, il peut être lui. Il commence ici, avant de se projeter vers le monde extérieur.

─ Thom m’a dit que Johann passait vous voir, tu lui passeras le bonjour de ma part.

─ Sans problème.

Erik lui sourit à pleines dents et se redresse bientôt, sur le départ, Thom l’accompagne. Sur le porche, dans cette matinée de week-end qui se réchauffe peu à peu, ils s’embrassent doucement. C’est le plus jeune qui instigue. Il n’a pas peur. Sa timidité s’échappe de plus en plus, pour ne devenir que poussière face à Erik. Quand ils ferment les yeux, et qu’ils ont ces échangent silencieux, le monde devient muet. Il s’arrête quelques secondes, pour reprendre sa respiration, la minute d’après. Ce n’est pas agressif, ou dans un rapport de menace et de domination. Un genre de système de communication commun, qui s'étire et s'échange entre eux. Ils se font confiance. Ils sont sincère, ne se cachent rien. Ils ne veulent plus se perdre dans l'obscurité. Comme si tout avait toujours été là. Comme s’ils venaient de découvrir quelque chose qui avait existé depuis des milliers d’années auparavant, bien avant eu, mais qui n'a jamais cessé d'exister et de battre.

Thom frissonne légèrement, et Erik tire sur les pans de son blouson pour le protéger, l'entourer. Ça les fait rire comme des idiots, cette proximité. Les mains contre ses joues, où un début de barbe pointe doucement, Thom ancre ses prunelles dans les siennes.

─ Le départ de Quentin m'a appris quelque chose.

─ Que les "conventions" tous les week-end, ça cache une maîtresse ?

Erik mime les guillemets des doigts avant de reposer les paumes contre le dos de Thom, qui lui donne une tape sans lâcher son regard.

─ T'es bête, non, qu'on ne devrait jamais rester ensemble par habitude, ou parce que ça a toujours été comme ça. Si ça ne va plus, on doit se le dire.

La soudaine maturité des propos de Thom donne le vertige à Erik, qui hoche néanmoins la tête, parce qu'il est complètement d'accord. C'est une légère mise en garde, qui ne s'applique cependant pas à eux, et Erik prie intérieurement pour que ce ne soit jamais le cas.

Erik l’embrasse de nouveau, en guise d'au-revoir, avant de disparaître. Thom soupire de contentement, plein de ses émotions, en le regardant partir, jusqu’à la dernière seconde. Erik fait semblant de trébucher, et ça fait sourire Thom. Quel idiot. Son cœur se serre doucement. Lorsqu’il franchit de nouveau la porte d'entrée, sa mère a décidé de faire des pancakes, et elle semble incapable de s’arrêter de sourire. C’est communicatif, et son fils vient l’aider. Ils mettent un vinyle, et la maison reprend les mêmes couleurs qu’elle avait lorsqu’ils y ont emménagé.

Erik a le pas léger contre le béton. Les mains dans les poches, sac sur l’épaule, son expression est la même que dans le foyer qu'il quitte. Les images en haute définition, et leurs couleurs ont comme un surplus d’étalonnage dans sa tête. Rapidement, il arrive chez lui, et il remarque que, dans la cour, l'Aston Martin de Johann, son oncle, est déjà là. Frère et sœur conduisent la même voiture, à la seule différence que sa mère préfère le vert bouteille, et l'ancien, au rouge cardinal, de celle de son frère, plus récente. Quand il entre, ses deux parents et son oncle sont tous les trois déjà assis à la table de la salle à manger. Les assiettes sont déjà posées et les tasses remplies. Ils accueillent Erik comme un héros, à grand renfort d'applaudissements et ça le fait rire. Il leur accorde une révérence marquée, avant qu'il n'aille mettre une lessive en route, et se laver les mains. Dans la glace, il remarque que Thom lui a laissé une trace violacée dans le cou, et il en lève les yeux au ciel, amusé. Erik rejoint sa famille et sa mère dépose ses créations culinaires, tout juste sorties du four. Une odeur de viennoiseries gonfle le salon. En arrière-fond, de la musique brésilienne.

─ Je vais bientôt devoir payer un loyer à Cassie, à ce rythme-là.

Cam fait semblant de se plaindre, en s'asseyant à côté de son mari. Ils entrelacent leurs doigts, et le cœur d'Erik bat un peu plus fort, parce qu'il sait que lui aussi a le droit à ce genre de geste et d'attentions.

─ Elle a parlé d’une sortie en bateau, ce matin d'ailleurs.

Erik annonce en se servant du café, et l'information ne se perd pas puisque son père redresse vivement la tête, intrigué. Erik lui explique la conversation qu'il a entendue d'Acacia ce matin, mais aussi le fait que, plus jeunes, ils partaient souvent en mer. Cam hoche la tête, parce qu'elle possède ces mêmes souvenirs.

─ Théo venait d'avoir son permis, et son père lui laissait son petit voilier pour qu'il s'exerce. Il nous appelait tout le temps pour qu'on l'accompagne, et il fallait se lever aux aurores pour en profiter.

Cam explique, dans un sourire, tandis que Johann hoche également la tête, parce qu'il en a été, de temps à autres, avec eux.

─ On devrait en refaire.

Florian lance finalement, en tournant une cuillère dans son café noir, et Cam semble être sur la même longueur d’ondes, quand elle le regarde. Ils se sourient. Une simple sortie qui fait résonner de nombreuses images qu'ils se remémorent. C'est Johann qui reprend la discussion.

─ Comment ça se fait que vous vous reparlez ? Je croyais que vous étiez tous brouillés.

Johann travaille désormais à l’étranger, mais il connait bien évidemment tous les amis de sa sœur, les esclandres, et leurs rancœurs de chacun. Cam lui fait alors tout un récapitulatif rapide. Bien entendu, même si Erik pioche dans la salade de fruits, il ne perd pas une miettes de ce qu’elle explique.

Les trois petits détectives ont déjà la majorité des évènements, des personnes, des noms. Mais ce qu’Erik ne savait pas, c’est qu'Adrien, selon les hypothèses vagues d'Aline, et que confirme bientôt sa mère de façon plus détaillée, était parti à l’étranger pour un boulot, comme elle, quelques années auparavant. Erik fait mine d’aller se resservir du café, à la cuisine, et en profite pour exposer sa nouvelle trouvaille à ses deux partenaires, par message. Leur chronologie, ainsi que leurs protagonistes prennent enfin forme. L'excitation est palpable.

Même si le téléphone de Thom résonne de cette notification, il n’y répond pas. Il n'y pose pas les yeux. Il prend le temps d’être auprès de sa mère. Ils profitent de la présence de l’autre, là, assis dans le canapé, sous un plaid qu’ils partagent. Ils laissent traîner les heures en longueur. Personne n’a d’obligation aujourd’hui, et ils apprécient ce temps devant une série, tous les deux, une assiette et des tasses vides répandues sur la table basse. Et puis, un sourire amusé au coin des lèvres, la mère ne peut s’empêcher d’interroger son fils. Elle a envie d’en savoir un peu plus. Elle s'intéresse. Et, le contexte, lui rappelle cette période de ses premiers émois, et à quel point, ils pouvaient tout compliqué entre eux. Tout comme le fait qu'Acacia, de son côté, ne pouvait absolument pas en discuter avec ses parents. Elle taisait tout, pour s'occuper des jumeaux, ou de Gabin. Ce temps ne lui était pas accordé, et elle y avait accès en fractionné. Elle ne veut pas être cette figure pour son fils.

─ C’est toi qui l’as bousculé, pas vrai ?

Pris au dépourvu, Thom se tourne vers elle, les sourcils froncés. Les dialogues de leur série continuent sans eux, sans leur attention.

─ Je parle d'Erik.

La mère précise, son fils collé à elle. Les joues de Thom reprennent des couleurs, il triture ses doigts, les yeux baissés. Elle retrouve la timidité maladive de son fils, et ça la fait rire.

─ Il était pas sûr … Alors que je l’étais complètement .

─ Ça te transforme.

─ Tu trouves ?

─ Thom, t'étais le genre de gamin a paniqué dès que la boulangère te proposait des chouquettes.

La mère se remet à rire et le visage de Thom s’empourpre davantage. Quel idiot il fait, vraiment. Erik lui donne cet aspect. Acacia passe une main dans ses boucles claires, plus longues, et le serre contre elle, rassurante, protectrice.

─ Je suis heureuse pour toi, tu sais. Être avec quelqu’un nous apprend parfois beaucoup de choses sur nous-mêmes, ça nous fait grandir.

─ Ça été pareil pour toi ?

─ Je serais sûrement restée cette gamine impuissante et terrorisée de tout, sans Adrien.

Saut dans le vide, Thom ouvre de larges yeux ronds à l'entente de ce prénom.

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