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Son corps était pleinement satisfait, alors que son esprit était détruit. Cette nuit d’amour s’était déroulée avec un homme, dans des rapports homosexuels et d’amour. La tendresse avait été remplacée par une fougue bestiale. Ils n’avaient pas échangé trois mots. Le ratage était aussi absolu que la satisfaction.

À peine revenu chez lui, on frappa à la porte. Antoine, avec un grand sourire inquiet. Finalement, n’était-il pas son seul ami ? Ou plutôt la seule personne avec laquelle il pouvait parler à cœur ouvert ? Lui s’était bien livré lors de leurs longues soirées.

Il l’invita à entrer. Antoine lui demanda s’il allait bien, semblant soucieux de son état.

Que lui dire ? Qu’il s’était fait sauter de la plus admirable façon par le plus admirable des hommes avant de se faire jeter ?

Parler de sexe avec Antoine, qui était homosexuel, aurait été le ramener dans cette engeance à laquelle il n’appartenait pas. Lui raconter son cœur ouvert totalement vers cet être idéal, sentiment tellement nouveau qu’il ne pouvait le qualifier, avant d’être rejeté, sentiment trop vécu pour en parler.

Tout cela était trop ! Il fondit en larmes, incapable de maitriser les tornades qui le traversaient.

Antoine était ému de tenir dans ses bras ce grand enfant pour lequel il avait une affection énorme et une attraction si grande. Il caressait ses bras nus, ses épaules, profitant de cet abandon.

Quand la crise se calma, se retrouver ainsi enlacé le gêna. Pourtant, il avait dormi, et plus, avec Antoine. Être en état de faiblesse l’anéantissait, être dans les bras d’un homme qui le caressait l’indisposait. Surtout qu’il sentait contre sa cuisse l’érection de son consolateur. Se défaire sans le vexer. Encore une fois, la complexité des relations sociales. Être seul, mais être entouré simplement, c’est ce à quoi il aspirait.

Il remercia Antoine. Celui-ci partit, souffrant de ne pouvoir plus aider son ami.

Toute la semaine, il attendit le samedi soir. Il s’attira des remarques de son chef, gentilles et interrogatrices. Il fuyait Antoine, encore plus questionneur par ses silences. Les autres collègues n’étaient que des ombres à saluer matin et soir.

Antoine l’accompagnait. Ils savaient tous les deux l’inutilité d’un discours de précaution. À quoi bon ? Retrouver ces décharges d’hormones, de plaisirs, de liquides, se vautrer dedans avec ivresse. Yoann arriva au bras d’un garçon si semblable à lui ! Pourquoi avait-il été en chercher un autre ? C’était insupportable. Il se leva et vint se camper devant son ange, prêt à une explication orageuse, lui qui ne savait pas élever le ton.

Yoann lui sourit. Tout fut oublié. Même, il se pencha pour l’embrasser, le serrant dans ses bras. Son accompagnateur s’était dissous dans la foule. Yoann le prit par la main, l’emmena sur la piste et lui fit une danse d’amour, d’invite, pleine d’érotisme. Plusieurs hommes les regardaient. Il était rouge de honte et de bonheur.

Il accepta encore une petite pilule, il se fit fidèle suiveur, tentant de rendre sa dévotion à son amant d’un soir. Il ne le quitta pas, acceptant de montrer son ridicule en dansant et son envie de ce corps désirable.

Ils partirent plus tôt. Yoann le tenait par les épaules, par la taille, riant devant les rares passants.

Arrivés, son excitation était déjà forte. Comme la semaine précédente, il se laissa conduire, satisfaisant tous les désirs de son dieu, prenant les siens dans cette soumission.

Ils passèrent le dimanche ensemble. Il osa demander à Yoann son téléphone et la possibilité de se voir dans la semaine.

Il repartit la joie au cœur, les tissus déchirés. Yoann était un violent, peu attentif à son partenaire. La jouissance était à la hauteur de cette violence.

Ils vécurent ainsi une éternité. Ils se voyaient plusieurs fois dans la semaine, passant des nuits exténuantes, le laissant endolori, mais tellement pleines. Il avait changé. Il s’était redressé, et arborait un sourire de bien-être. Il s’était ouvert, un peu, à Antoine, osant avouer un sentiment qu’il ne connaissait pas, montrant ainsi une amitié qui réchauffait le cœur d’Antoine. C’est le seul avec lequel il fut loquace. Même ses parents furent étonnés, se demandant si leur fils aîné, enfin, allait être heureux.

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