L’éternité dura au plus deux mois. Yoann eut des obligations qui l’obligèrent à espacer leurs rencontres, puis à les interrompre. En un court instant, Yoann disparu de sa vie. Il l’attendait, sachant le retour inéluctable.

Puis un soir, Antoine l’emmena dans une autre boite, pour lui changer les idées. Yoann dansait comme un fou autour d’un joli garçon. Quand il cessait ses pas, ils se fondaient dans un couple amoureux.

Antoine connaissait Yoann. Il savait la durée et la fin de l’aventure. Cela n’aurait servi à rien de le lui dire avant, sinon à lui gâcher ces instants de paradis. Son amitié tenta de consoler son jeune ami, reclus dans une tristesse et un silence insondable.

Il savait qu’il avait fauté. Se laisser emporter dans une relation homosexuelle avait été une erreur. Il devait en payer le prix. Il se recroquevilla sur sa personne, ne répondant pas aux petites marques d’affection d’Antoine.

Il avait même abandonné ses attouchements, car ils faisaient apparaitre la figure de Yoann.

Un an après, les premiers symptômes apparurent. Quand on lui diagnostiqua le cancer des homosexuels, il rougit devant le médecin, horrifié : tout le monde allait connaître sa turpitude, son infamie. Il se savait condamné, mais l’opprobre allait plus surement le tuer.

Il dissimula sa maladie, alors qu’elle le rongeait. Quand il fut devenu son ombre, avec seulement la peau sur ses os, il niait encore.

Antoine fut la seule personne extérieure à la famille le jour de l’enterrement. Il ne fut pas invité au repas, car inconnu et avec des manières un peu spéciales.

Il avait vécu deux mois…