Une enveloppe empoisonnée

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Un matin pluvieux, cela ne présage rien de bon. Je n’ai pas pris mon parapluie et je suis trempée. J’arrive dans ma société, la tête dans les baskets. Avant de m’installer à mon bureau, je sors de mon sac l’enveloppe rouge que je vais remettre au patron. L’ascenseur est bloqué au 10ème étage. Zut ! Je dois prendre les escaliers. En marchant dans les longs couloirs de l’entreprise, je découvre Sophie avec ses affaires. Quelques personnes la consolent. Je me dirige vers elle pour connaître la raison de son départ.

— Sophie ?

— Mala, ma grande et tendre amie. Je dois t’annoncer une mauvaise nouvelle. Je suis licenciée… Le patron n’a pas voulu me donner de raisons valables.

— C’est absurde ! Tu travailles bien, même si tu es un peu trop distraite...

— Justement ! Je suis insupportable, voilà le motif.

Tout d’un coup, je me sens très mal. J’espère que tout ceci n’est pas lié au dîner d’hier soir. Le patron ne connaît pas Sophie, il sait juste que nous travaillons ensemble. Je lui ai dit qu’elle était insupportable… Il l’a renvoyée à cause de moi ?

— Sophie, tu ne bouges pas d’ici.

Elle ne comprend pas. Je la prends à part pour me justifier.

— Écoute, il y a une erreur. J’en suis sûre. Tu travailles bien et tu ne peux pas être virée parce que tu es simplement insupportable. Il ne te connaît pas pour le supposer.

Sophie observe ma lettre et la retire de mes mains.

— Qui t'a remis ça ? Le patron ?

— Oui, mais je comptais lui rendre cette lettre…

— Tu sais ce que cela signifie ?

— Non…

Elle prend un air sérieux. Je ne l’avais jamais vu comme ça auparavant.

— En Chine, le rouge est source de bonheur. L’enveloppe rouge est un don d’argent pour des grandes occasions… Il t’a donné combien ?

— Une somme colossale…

— C’est étrange ! Il est Japonais… C’est typiquement chinois d’offrir de l’argent au cours d’une fête de mariage, ou encore pendant le nouvel an.

— Explique-moi, je n’arrive pas à comprendre.

— J’ai l’impression qu’il savait que j’allais découvrir cette enveloppe… Et que j’allais t’expliquer ce qu’elle représente. Je suis d’origine chinoise et recevoir ce genre d’enveloppe n’est pas une situation anodine. Tu connais le patron en dehors du travail ?

— Non ! Pas du tout…

— Je l’aurais su d’une façon ou d’une autre... Je pense qu’il vaudrait mieux que tu lui rendes cet argent.

Sophie me laisse son numéro et part sans se retourner. Je me sens lamentable. Elle m’aimait beaucoup. C’est juste que je n’ai pas été tolérante avec elle. L’ironie du sort… Je monte jusqu’au dernier étage. Je découvre dans le couloir qu’il n’y a personne. Je fonce dans le bureau du patron. Il se tient debout face à son bureau. Je commence à perdre mes moyens. Je dépose l'enveloppe sur la table.

— Monsieur Kazama ! Je vous rends votre argent et je vous demande de réengager Sophie, immédiatement !

— N’est-ce pas ce que tu voulais ?

— De quoi parlez-vous ? Je vous ai juste dit qu’elle était insupportable mais dans son travail tout va bien.

— C’est elle qui a pris la décision de partir.

— Quoi ?!

— N’est-elle pas connue pour être une mythomane ?

— Arrêtez ! Ce n’est pas à moi que vous allez faire gober ça !

Je tourne les talons pour quitter cet endroit mais il me retient par le bras. Sa force est incroyable. Je me tiens face à lui et il me remet l’enveloppe. D’une voix douce et grave, il me chuchote des mots à l’oreille.

— Accepte cette somme si tu ne veux pas que ton monde s’écroule autour de toi. Je sais tout… Absolument tout de toi.

Je rase les murs pour m’extirper du bureau. Je me sens toute chaude… Mes seins se dressent et mes jambes tremblent. Je cours le plus vite possible dans les escaliers avec l’enveloppe en main. Je commence à ranger mes affaires, il faut que je quitte cet endroit. Je vois la dame blonde, la fameuse qui tient l’accès au bureau du patron. Elle ferme la porte à clé.

— Qu’est-ce que vous faites ici ?

— Taisez-vous…

Elle se rapproche de moi en douceur. Je recule et je m’écrase contre les grandes vitres. Elle est habillée tout en cuir comme une sadomaso. Je suis perturbée… J’ignore ce qu’elle va me faire mais ses lèvres se déposent sur ma bouche délicatement. Je me sens impuissante car je n’arrive pas à comprendre. Soudainement, elle me fait le coup du lapin. Je m’effondre brutalement les yeux rivés sur ses bottines.

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