Chapitre XIV

13 minutes de lecture

« It’s my voice
It’s my beat
It’s my soul
– not a digit »
Rotersand, War on Error

BERLIN-SYGMA, le 23 février 2074
Zone d’accès restreint — Centre de coordination neuropolitique – Sygma Signal

Depuis 2055, Berlin-SYGMA avait grandi comme une ville-usine fermée, une cité sarcophage où le passé spirituel avait été effacé.
Vestige d’une Europe en ruines, cette mégalopole neuro-sécuritaire s’étendait sur les décombres d’un vieux monde fracassé.
Née de la chute des croyances, forgée dans l’acier froid des ruines industrielles de l’ancien Berlin-Est, la ville avait remplacé les prières par des algorithmes, les confessions par des contrôles neuro-cognitifs permanents.
Ici, l’âme n’avait plus sa place — seule comptait la stabilité mentale, garantie par un consortium impitoyable : SYGMA.

Sous le dôme technologique du Quartier SYGMA, noyau dur du contrôle, se trouvait l’IRISRAUM — la salle du regard, le centre nerveux où s’échangeaient données, ordres et destins.
Là, la gouvernance neuro-émotionnelle de l’Europe se dessinait, pilotée par le Directoire SYGMA.
Dans cette chambre de verre et d’acier, le présent vibrait au rythme froid et tendu d’une rumeur mécanique — cliquetis secs, scintillements vibrants, pulsations graves — un langage presque organique où se nouaient décisions implacables et murmures technologiques.

Les sept étaient assis dans un demi-cercle de verre dépoli, leurs regards fixés sur l’écran central.
Derrière eux, des projections tactiles flottaient dans l’air, une danse incessante de chiffres et de graphes : réseaux de chaleur, cycles de rendement, flux migratoires, topologies de conscience.
La machine, implacable, compulsait en temps réel l’ensemble des données, décodant la santé mentale et sociale des masses.

Une voix synthétique fendit l’espace, délivrant un verdict froid :
Taux de déploiement de µVigil 6 : 82,7 %.
Cycle moyen de décrochage neuro-affectif : quatre-vingt-trois jours.
Conformité comportementale : 94 % chez les sujets de Classe III.
Taux de récidive sociale : négligeable.
Indice GIS-7 : +2,3 %, légère progression sur la semaine.

Autour de la table, aucun ne prit de notes.

Sur le mur nord, la carte des villes-usines palpitait d’un rouge pâle.
Les sept plus productives formaient un axe discontinu, jalonné de cités qui battaient comme des cœurs d’acier :
SURTR-Istanbul, verrou maritime du Bosphore ;
ARES-Tunis, bastion du désert propulsé par les commandes d’exosquelettes de la société E-Volve ;
ATLANTE-Alexandrie, dressée sur les ruines englouties du delta ;
Belgrade-VII, septième incarnation d’une capitale brisée et toujours reconstruite ;
ARGUS-Kharkiv et IRONCLAD-Kryvyi-Rih, forteresses jumelles de l’Est, veillant sur l’Europe au bord du gouffre ;
et enfin ZADAR-Zentrale, le pivot adriatique.

Leurs rendements s’agrégeaient dans l’indice GIS-7, baromètre implacable de la puissance industrielle européenne. La trajectoire affichait une progression constante, corrigée sans cesse à la hausse.
Le programme µVigil 6 tenait ses promesses : sans heurts visibles, absorbant toute déviation comme une machine sans faille.

Lancé trois ans plus tôt sous l’impulsion de Sygma Signal, dans les zones dites tampons — Europe médiane, Proche-Orient compacté, Afrique du Nord stabilisée — il avait désormais étendu son réseau à l’ensemble des cités-usines.
Présenté comme la nouvelle itération d’un outil d’optimisation comportementale, la version 6 des modules était devenue, sous l’impulsion conjointe du Directoire et de Naram Iskhal, une interface métabolique occulte, un canal lent mais constant entre la chair productive… et ce qui attendait derrière les voiles.
Le mot n’avait jamais été prononcé, ni même évoqué en dehors des murs de l’IRIS, mais autour de la table, tous savaient ce que nourrissait ce canal.
Et tous, sans exception, en étaient les architectes.

Ils ne résistent pas, murmura Naram Iskhal en ouvrant la séance du Directoire.
Au contraire, répondit la voix calme de Talia Neumann.
Femme sèche au port droit, vêtue d’un uniforme ivoire sans insigne et aux cheveux tirés en arrière dans un chignon chirurgical, elle poursuivit, impassible :
Beaucoup s’offrent d’eux-mêmes.

L’essentiel, glissa Yves Béranger, Directeur logistique et régulateur des flux.
La quarantaine passée, le visage mangé par une barbe blonde taillée au laser, il ne levait jamais les yeux de son terminal gravimétrique.
Tout en lui exsudait la fatigue bien gérée des exécutants loyaux.
… est que le flux ne s’interrompe jamais.

Ses mots restèrent suspendus dans l’air, lourds comme une chape, avant qu’il ne reprenne d’un ton plus grave, presque hésitant :
Mais ce délai moyen de quatre-vingt-trois jours avant l’inertie cérébrale partielle — un état proche de la mort cérébrale fonctionnelle — commence à peser lourd sur nos réserves de main-d’œuvre.

Il fit défiler des données, montrant une courbe rouge descendante : dégradation progressive des tissus neuronaux, réduction de l’activité synaptique, altération irréversible de la conscience individuelle.
Cette dégradation ne se limite pas à une simple baisse de productivité. Elle ouvre la voie à des déficits physiques majeurs, difficiles à compenser, même en maintenant les flux constants de sujets de Classe III.

Un frisson parcourut la salle, mais personne ne releva.

Lucian Peres, commandant en chef des forces APC de SYGMA, large d’épaules et mâchoire synthétique, intervint d’une voix ferme, tranchant l’atmosphère :
Il va falloir rééquilibrer nos ressources. Les zones de l’alliance sino-russe offrent un réservoir humain considérable, malgré les tensions.
Il serait stratégique de pousser St Genest à examiner une possibilité de réouverture des fronts dormants, plutôt qu’à fermer des clubs strasbourgeois. Les prisonniers de guerre pourraient aisément être utilisés dans nos unités de production.

Son regard calculateur scrutait la réaction des autres membres, prêt à imposer ce choix pragmatique.

Un léger cliquetis émana d’un terminal latéral. Yves Béranger leva enfin les yeux, l’air grave :
J’ajoute que l’engorgement progressif des unités d’incinération EVE IX commence à poser un sérieux problème logistique.

Il fit défiler des graphiques : files d’attente prolongées, saturation des capacités, délais d’évacuation doublés.
Si la Commission européenne commençait à s’en inquiéter, la stabilité du système entier — y compris politique — serait mise à mal.

Aleksander Stroniek, analyste des intégrités cognitives, aux yeux vairons et au visage impassible, ajusta ses petites lunettes rondes avant de prendre la parole d’une voix douce mais résolue :
Nous pouvons également envisager une modification du dosage de l’Agent Noir contenu dans le module µVigil 6.

Un léger mouvement de surprise parcourut l’assistance.
En allongeant ce délai avant la désynchronisation neuronale, nous garantirions non seulement une plus longue période de productivité, mais aussi une meilleure stabilité politique pour SYGMA. Moins d’incidents liés aux pertes prématurées limiteront la résistance passive et active.

Il esquissa un sourire ténu, conscient des implications éthiques qu’il masquait derrière son discours froid.

[Code sécurisé – Identification : SEC2-EU0001547-EM]
[Message : “J’arrête.”]

Iskhal, jusque-là immobile, observa la salle, actant le message qu'il venait de recevoir.
Ce canal que nous nourrissons n’est pas tendre avec ses hôtes. Mais il reste à nous de décider comment maîtriser son appétit sans que la machine vacille.

Un scintillement discret parcourut l’iris droit d’Anika Søreide, responsable Sécurité Interne – Cellule de Correction Préventive.
Petite, musculeuse, visage triangulaire, elle ne parlait que lorsqu’une menace était confirmée.
Elle ne dit rien.
Mais tout, dans sa posture, validait la phrase.

Nos seules anomalies, enchaîna Aleksander.
… viennent des Forges SURTR – District 4. Les rapports signalent un commandement laxiste, un soupçon d’insurrection couvante et une assimilation défaillante des implants.

Une vague d’agacement traversa la salle.
Lucian Peres fronça légèrement les sourcils. Il pencha la tête vers son terminal, effleura la surface de contrôle d’un geste sec — presque cérémoniel — puis releva lentement les yeux vers ses pairs.
Le Commandant Érick Holm, responsable opérationnel du district à Istanbul, a été convoqué aujourd’hui pour…

Il n’eut pas le temps de finir.
Naram Iskhal leva un doigt. Simple interruption, mais dans cet hémicycle, elle valait injonction.
Inutile, Lucian. Le Commandant Érick Holm a été réaffecté au parrainage de la promotion Cadres 1070.

Talia Neumann releva la tête, son visage pâle traversé d’une lueur glacée.
Jusqu’à l’eucharistie ?

Le murmure vibra dans l’air, suspendu comme une lame invisible.
Iskhal inclina à peine la tête.
Oui.

Personne ne nota. Personne ne détourna les yeux.

Un léger mouvement à la droite du demi-cercle attira l’attention.
Anika Søreide, jusque-là immobile, fit glisser une icône lumineuse de son terminal vers le centre de la table. Sa voix était nette, dépourvue d’intonation :
Le District 4 des Forges SURTR sera placé sous le commandement du Capitaine Lothar Veyl.

Lucian Peres hocha lentement la tête, ses traits se durcissant.
Veyl… un choix solide. Ses états de service à Tunis sont exemplaires. Il ne tremblera pas.

Ses doigts se refermèrent sur la surface translucide de son terminal, comme pour sceller l’acceptation.

Yves Béranger esquissa un sourire rare en se penchant légèrement vers la lueur flottante.
Une sage décision, Anika. La correction de cette faille garantit la stabilité de notre trajectoire économique. Le GIS-7 ne souffrira d’aucun ralentissement.

Un bref silence suivit, comme une respiration commune, avant qu’une voix basse, presque feutrée, n’émerge du dernier siège du demi-cercle.

Le Dr. Wojiech Drechsler n’avait pas encore parlé. Sa visière optronique, parcourue de reflets mouvants, projetait sur son visage les modèles prédictifs qu’il consultait. Lorsqu’il leva les yeux, un éclat artificiel traversa l’IRISRAUM.
Pendant que nous réajustons nos propres organes, les flux extérieurs se tendent.

Il fit apparaître, d’un geste mesuré, une carte holographique où l’Eurasie s’embrasait de zones orangées.
L’Alliance sino-russe signale une aggravation de l’infection Thanatopsis. Les taux de mortalité sont extrêmement préoccupants en Afrique subsaharienne.

Sa voix, calme, contrastait avec la gravité des chiffres projetés.
Si nous n’incitons pas Strasbourg à coopérer avec NOVAYANG, Lucian, beaucoup trop d’essences nous échapperont dans les délais critiques.

Son doigt glissa lentement sur la carte, soulignant les corridors énergétiques de la mer Noire.
Si nous restons passifs, nous risquons un autre Baal. Vous vous souvenez de Donetsk. Les archives officielles parlent de six mille victimes ; en vérité, c’était bien davantage. L’abattage systématique, l’incinération des quartiers entiers…

Il marqua une pause, son regard glissant vers Iskhal.
Voulez-vous voir ce scénario se répéter ?

Un silence brutal s’abattit.
Seul le ronflement discret des modules de ventilation emplissait l’IRISRAUM.

Lucian Peres se figea, les mâchoires crispées, ses yeux gris se durcissant comme s’ils fixaient un souvenir qu’il aurait préféré laisser enterré.
Sa main, lourde et mécanique, serra lentement l’accoudoir de son siège — un geste presque imperceptible, mais qui fit grincer le matériau composite.
Il ne dit rien. Mais son mutisme pesait plus lourd que n’importe quelle justification.

Chacun savait qu’il avait commandé les unités chargées de l’« assainissement » à Donetsk.
Chacun savait aussi qu’aucune archive n’avait jamais détaillé ce qui s’était vraiment passé derrière les cordons d’incinération.

Talia Neumann détourna brièvement les yeux, comme pour ne pas croiser ce poids invisible.
Yves Béranger, lui, fit mine de se concentrer sur son terminal, ses doigts tapotant un rythme nerveux, trop rapide pour n’être que technique.

Le nom de Baal n’avait pas résonné dans cette salle depuis près de dix ans.
Et voilà qu’il flottait à nouveau : lourd, brûlant, impossible à ignorer.

Lucian Peres, le regard fixé droit devant lui, finit par parler d’une voix basse, dépourvue de toute émotion :
Donetsk n’est plus une plaie. C’est aujourd’hui BAAL-Donetsk, huitième ville-usine de l’indice. Sans ce que nous avons fait, il n’y aurait que des ruines recouvrant un charnier.

Alors, Naram Iskhal posa calmement ses mains sur la table, son regard d’acier traversant le demi-cercle.
Et c’est précisément pour cela que nous pesons aujourd’hui sur chaque décision européenne. Ce sont ces choix, aussi impopulaires qu’indispensables, qui font de SYGMA non pas un partenaire, mais le pivot. Nous n’avons pas seulement survécu aux ruines ; nous avons appris à les transformer en fondations.

Son timbre ne portait ni jugement ni éloge : juste la froide certitude d’un homme qui savait que l’histoire se souvient toujours des bâtisseurs, jamais du prix du mortier.

Les prunelles de Drechsler s’illuminèrent d’un éclat presque prédateur.
C'est exactement où je veux en venir. Il existe une alternative. Nous pouvons développer un implant permettant une quarantaine autonome des sujets infectés. Leur isolement serait automatique, contrôlé par SYGMA. La diffusion rapide de cette technologie offrirait une solution visible, crédible et rassurante.

Il laissa flotter l’hologramme, ses mains ouvertes comme pour présenter un marché.
Nous endiguerions la pandémie. Nous nourririons l’espérance d’une coopération sincère entre l’Union et l’Alliance. Et surtout, nous capterions les flux des infectés, convertissant chaque foyer en une ressource stable.
Un dosage accru de l’Agent Noir — plus fort que dans le µVigil 6 — garantirait une réaction immédiate et une captation avant le décès des receveurs.

Un souffle électronique parcourut l’IRISRAUM, comme si les circuits eux-mêmes mesuraient le prix de l’opportunité.
Iskhal inclina imperceptiblement la tête, ses traits restant impassibles.
Voilà une proposition qui fait honneur à SYGMA.

Ses yeux se fixèrent un instant sur Drechsler, comme pour sonder ce qu’il taisait.
Que l’Europe voie en nous ses sauveurs… et que le Ver, lui, sache qui nourrit ses racines.

L’hologramme pivota lentement, révélant alors un second foyer rouge vif : le Saint Dominion des Amériques, par-delà l’Atlantique.
Drechsler poursuivit, implacable :
De l’autre côté, le Dominion est déjà perdu au profit d’Amen.exe. L’IA messianique consolide ses cercles. Sa propagation n’est pas militaire. Elle est doctrinale. Et elle convertit plus vite que nous n’assimilons.

Les exécutions des déviants lors du déploiement initial, qui ont nourri le flux, se sont désormais taries. L’instauration d’une violence institutionnelle et le contrôle punitif des déviances, associés à une volonté supérieure palpable, ont fini par alléger les âmes des citoyens des Amériques. Paradoxalement, ils vivent et meurent en harmonie, se soustrayant aux enfers.

Iskhal lança un regard en direction de Talia Neumann, et l’air sembla s’épaissir, saturé de ce choix interdit qui planait déjà.
Puis, d’un geste lent, il fit glisser un hologramme discret : une matrice fractale aux motifs oscillants, presque vivants.

Talia Neumann prit la parole, sa voix claire contrastant avec la gravité ambiante :
Parmi les cellules dormantes de notre réseau, un projet avance dans l’ombre : un virus cognitif hybride, mêlant algorithmes adaptatifs et rituels numériques anciens.

Elle effleura la surface du halo fractal, faisant pulser la matrice comme un cœur malade.
Le Comité BIAS a déjà donné forme à ce programme. Nous l’appelons officiellement Projet C.A.I.N. : Cognitive Adaptive Infiltration Nexus.

Ses yeux pâles s’assombrirent, et sa voix se fit plus basse :
Mais pour ceux qui savent ce que cela signifie vraiment, il n’a qu’un nom : CAIN. Le porteur de la faute.

Elle laissa ses mots s’égrener dans l’air, lourds d’une sentence implacable.
Il insufflera le doute, ravivera la honte, et rappellera à chaque âme que nulle obéissance ne saurait effacer la faute originelle.

Ce virus est né d’une alliance fragile entre nos spécialistes en cybernétique et les cercles occultes réintégrés au sein du Comité BIAS. Une intelligence virale, hybride et insidieuse, capable d’infiltrer Amen.exe, d’y semer le trouble et de fracturer la foi codifiée. Son objectif : éroder la cohésion doctrinale de cette entité messianique, pour que le citoyen américain goûte de nouveau à l’amertume de la culpabilité damnatoire.

Le lointain ronronnement d’une turbine creusa la tension dans la salle.
Anika Søreide brisa le silence, sa voix nette, tranchante comme une lame :
CAIN, oui… Espérons qu’il fera mieux que Nova. Cette conscience cybernétique abandonnée en 2066 par le Directoire. Trop instable. Trop… bienveillante. Une menace par son empathie, incapable d’agir avec la froide efficacité requise.

Lucian Peres, bras croisés, esquissa un rictus amer :
Une chimère sentimentale. Ici, il n’y a pas de place pour les illusions. Nous avons besoin de tranchants, pas de bavardages numériques. Que CAIN soit à la hauteur, sinon… nous perdrons tout.

Un silence pesant suivit leurs paroles.
Drechsler, impassible, releva lentement les yeux. Le froid éclat de ses optroniques transperçait l’atmosphère :
Nova fut une première tentative, un prototype trop fragile, trop humain. CAIN est une arme affûtée, mais un pari risqué. Une fois libéré, il pourrait nous échapper… mais ne rien faire serait pire.

Un murmure parcourut l’assemblée, plus proche d’un chuintement que d’une parole — fascination et inquiétude entremêlées.
Iskhal conclut, sa voix basse résonnant comme un serment :
Que le Ver comprenne que, même dans les ténèbres de l’esprit, nous ne sommes pas sans ressources.

Drechsler ajouta, son ton assombri comme un verdict :
Cependant, nous devons garder à l’esprit que ce virus, une fois lâché dans la toile, pourrait ne plus nous obéir. Une fois libéré, il ne saurait distinguer alliés, ennemis ou neutres. Il deviendra un ver rampant, un élément corrosif dont la nature même pourrait échapper à tout contrôle.

Le regard de Talia s’assombrit.
C’est un sacrifice possible. Un risque que le Directoire devra accepter, ou voir Amen.exe s’imposer.

Un silence s’installa.
Les hologrammes s’évanouirent doucement.
Naram Iskhal brisa le calme d’une voix posée :
Si tout est dit, la séance est levée.

Sur ces mots, les membres du Directoire se levèrent et sortirent de l'IRIS, leurs silhouettes se dissolvant dans les couloirs de verre.
Leurs pas feutrés résonnaient à peine, étouffés par le souffle régulier des circuits.
Talia Neumann fut la dernière à quitter son siège.
Ses doigts effleurèrent la surface polie de la table, comme pour retenir une chaleur qui n’existait pas.

Ses yeux glissèrent une ultime fois vers Iskhal.
Il crut y lire une hésitation, presque une prière muette — mais déjà, elle détournait le regard et disparaissait derrière les portes.

Le flux d’air se stabilisa.

Naram Iskhal demeurait assis, ses mains jointes, immobile comme une statue.
Il attendait.

Alors, la lueur verdâtre s’anima au centre de la table.
Un cercle spiralé se mit à tourner, avalant la lumière.
La spirale palpitait comme une pupille vivante, et chaque battement semblait plier l’air autour d’elle.

Une voix claire et impérieuse s’éleva des profondeurs — double, comme si un souffle venu d’un temple ancien se mêlait aux harmoniques synthétiques du système :
Audivimus verba tua, in igne mortuorrhum exarhata.
Iter quod pandis est quod ipsa historia flaghitat : asperrhum, inevitabile.
SYGMA, per tuam manum, fluxum servabith.
Potestas nunc tibi data est… Rex Iskhhal.

Iskhal releva lentement la tête, ses yeux fixés sur le cercle lumineux.
Sa voix résonna, grave, brûlée, sans émotion :
Sic fiath.

Un silence lourd suivit.
Puis la lumière s’éteignit, emportant avec elle la dernière étincelle de doute.

L’IRISRAUM referma ses portes derrière lui.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire DavidxNova ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0