4
Le groupe de climatisation ne parvenait plus à refroidir l’atmosphère surchauffée.
Les ordinateurs tournaient à plein régime pour analyser les données reçues par les satellites.
Une alarme hurla au pupitre de navigation. Puis cela fut le responsable de l’IA de coordination qui vit ses écrans se colorer en rouge.
Pradip se libéra à regret des bras de l’ingénieure et se précipita vers eux. Le visage de Miako était couvert de sueur. Ses yeux un peu vitreux. Sa démarche moins assurée qu’à l’accoutumée.
Il lui tendit une bouteille, qu’elle accepta avec gratitude avant de la vider d’un trait. Il se pencha sur l’écran de contrôle.
Le responsable navigation, un homme aux cheveux roux et à la panse proéminente tourna des yeux ahuris vers son supérieur.
— Plusieurs sunsats ont quitté leurs orbites. Trajectoires en cours de calcul… Je ne sais pas qui les contrôle.
— L’IA ? C’est son rôle, non ? Elle devrait les empêcher de décrocher en l’absence d’éjection coronale, intervint Miako.
Le responsable de la coordination, un individu aux longs cheveux blonds approcha. Il paraissait désemparé.
— L’IA subit une série d’avaries. Des milliers d’erreurs. Je suis entré dans le code : apparemment, quelqu’un a coupé à la serpe dans le programme. C’est peut-être une attaque informatique. Une sorte de vers ou un virus. Je n’ai jamais vu ça. L’Essaim est inopérant.
Pradip se tourna vers Monica Abott. La responsable de la sécurité informatique lui adressa un signe négatif de la tête.
— Les satellites suivent une trajectoire précise !, les interrompit le responsable navigation.
Il dupliqua son écran sur l’affichage principal de la salle. Les conversations cessèrent. Une centaine de points rouges, représentant des sunsats, parcouraient une ligne verte qui s’éloignait du soleil selon un vecteur qui les ramenait sur Terre.
— Est-ce qu’un sunsats peut être utilisé comme une arme ?, demanda Pradip. Est-ce possible qu’un groupe terroriste nous ait piratés ?
Miako s’essuya le front d’un revers de main.
— Non. Le trajet est trop long, on les suit à la trace. La force d’un impact pourrait faire quelques dégâts, mais nous disposons d’assez d’armement en orbite et sur des intercepteurs pour les dégommer avant. Ils ne passeraient pas la limite des dix millions de kilomètres. Les batteries IPAx sont totalement inertes en cas de choc. Il n’y a aucun moyen de transformer ces engins en armes.
— Et douze millions d’entre eux ? Imaginez l’énergie cinétique cumulée de douze millions d’objets.
La jeune femme blêmit.
— Je l’ignore Pradip… Je dois lancer une simulation. Cela me semble être beaucoup d’efforts pour un résultat incertain.
Elle paraissait soudain épuisée.
Une nouvelle alarme sonna à l’autre bout de la salle. Le professeur se tourna dans sa direction.
Stanislas Massonier entra dans la salle et l’interrogea du regard. Singh haussa les épaules, en signe d’impuissance. Il parvint au niveau du pupitre environnement. L’écran affichait un globe rougeoyant.
— Qu’est-ce que c’est ?, demanda-t-il à la jeune femme en charge du poste.
— C’est un point sur la trajectoire des satellites, à vingt millions de kilomètres du soleil, dont la température vient brusquement d’atteindre 4 000 degrés Celsius. Ça va tous les détruire, sans le moindre doute.
— Pourquoi les dérouter, si c’est pour les détruire ?, dit Singh. C’est totalement absurde.
Son communicateur sonna alors. Il consulta l’écran : les banques de données du consortium TerraWatt recevaient des données à une cadence presque insoutenables pour les systèmes informatiques. Le taux de transfert flirtait avec les limites admises par les principes physiques.
La situation était hors de contrôle.
Annotations
Versions