La Fuite : Suite V.

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Elisabeth.

Un nouveau jour se levait et, je laissais les premiers rayons du soleil me réchauffer, adoucir mes craintes, remerciant sa lumière de dissiper les ombres. Je sentais également le regard de mon ami et le vis sourire. Son visage reflétait un profond épuisement, mais il semblait rassuré. Et ce sourire le rendait plus paisible. Il avait réussi à venir jusqu’à moi et nous tenions toujours les créatures à distance. En y pensant, ça n’allait pas si mal, pour l’instant.
Je plongeai mon regard dans le sien et lui souris à mon tour. Qu’est-ce que ça m’avait manqué de voir son regard si rassurant, si confiant ! Puis je m’avançai sur le bord de la falaise en surplomb du paysage rocheux et stérile qui nous attendait. Même la neige ne paraissait pas vouloir y rester. Les Effeyrides ne représentaient pas une zone très étendue, mais nous ne pourrions pas y avancer en ligne droite. Opter pour une descente en rappel nous donnait certes un gain de temps, quand bien même un tel chemin ne ralentirait en aucun cas ce qui nous poursuivait. Les créatures n’étaient-elles pas capables de s’accrocher au plafond après tout ? De plus, je connaissais surtout cette région pour son côté traître, apparaissant de loin comme un simple plateau, mais où la Nature dévoilait de nombreux pièges pour celui qui s’y aventurait, transformant quelques mètres en kilomètres. Aurions-nous assez de temps pour la traverser avant la nuit ?

Dans tous les cas, il nous fallait continuer, afin de ne pas gâcher la distance qui nous séparait des ombres. Je me rapprochai de l’une des cordes qui plongeaient dans le vide et priai pour qu’elle résiste à un énième usage. Puis nous commençâmes à descendre, nous accrochant où nous pouvions, ce qui n’était pas chose aisée car la paroi glissait et n’offrait que peu de prises. Et quand une roche surgissait, il fallait plus l’enjamber, que véritablement s’y accrocher. En fait, il y avait un côté épique à prendre ce chemin. Je me surpris alors à imaginer les créatures faisant de même, en utilisant elles aussi les cordes, mais d’une manière bien plus maladroite, et je me mis à rire toute seule, au grand étonnement de mon ami, qui se mit aussi à rire après que je lui eûs dévoilé ce qui me passait par la tête.
Au bout de quelques interminables minutes, nous arrivâmes en bas, ne nous octroyant que quelques secondes pour reprendre notre souffle avant de poursuivre. C’était une zone triste à traverser, dont les teintes dominantes étaient des variations de brun et où rien ne poussait si ce n’est les amas rocheux par-dessus lesquels nous avions à passer. Nous tentions au mieux de tenir la direction vers Thyria mais, malgré nous, nous nous retrouvions par moment trop au Nord, ou plus au Sud, quand ce n’était pas simplement dans une impasse. Cela nous poussait alors à escalader un nouvel amas rocheux, ou à descendre dans une anfractuosité et ce n’était pas simple. En effet, si durant l’été les Effeyrides pouvaient passer pour une région aride où le sol était constamment craquelé, en hiver certaines parties relevaient plus du marais à cause de la neige qui y avait fondu et le sol y était très glissant. Nous trébuchions souvent et étions couverts de boue, ayant en peu de temps plus l’air de golems que d’êtres humains.
Au fil des heures, le ciel s’était couvert, même si le temps restait assez clair. Le soleil continuait de briller à travers les nuages et nous guidait du mieux qu’il pouvait. Après une énième ascension, nous trouvâmes finalement un paysage plus plat où de timides touffes d’herbes osaient même y pousser. Nous n’étions plus qu’à quelques centaines de mètres de Thyria.

L’éclat du soleil commençait à présent à se fondre dans la masse des arbres où nous étions le matin même, confirmant qu’il nous avait fallu presque toute la journée pour traverser ce qui nous avait paru être une plus courte distance. Nous ne nous étions pourtant pas arrêté une seule fois, jusqu’à maintenant. Avec mon ami nous nous regardâmes et soupirâmes, pour une fois rassurés de voir la civilisation si proche. C’était sans compter sur l’écho des complaintes qui retentit tout à coup dans notre dos. Les créatures avaient manifestement rattrapé leur retard et venaient probablement de sentir notre trace. Le temps de se reposer n’était pas encore arrivé et, alors que je tentai d’envoyer un familier pour les occuper, nous nous élançâmes en toute hâte vers la ville qui nous tendait les bras dans les derniers rayons du soleil.

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