Chapitre 27

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Une brise s’échoua sur la peau du garçon alors qu’il contemplait les innombrables pierres tombales de l’anse. Son regard s’attarda sur une tombe en particulier, cacher sous un palétuvier. Il se glissa entre quelques racines sorties de l’eau et s’agenouilla devant la stèle. Ses doigts glissèrent sur la pierre pour retirer les quelques mousses qui s’y étaient accrochées. Un frisson parcourut sa peau lorsqu’il put correctement lire les inscriptions graver.

— Sibel Jaybo… 1674… 1700… murmura-t-il.

Il sentit ses muscles se relâcher, toute énergie l’abandonner. Jamais il n’avait imaginé un jour se retrouver face à la tombe de sa mère. Le monde était cruel. Mais désormais, elle reposait en paix, sans cette crainte qu’il avait en lui. Celle de se voir capturer, utiliser et exécuter pour ce qu’il était. Son attention se reporta vers le capitaine, toujours debout sur la plage. Earl sembla comprendre ; il s’agissait d’un sanctuaire pour tous les Mannred disparus, malade, blesser ou tuer. Le phénix n’avait pas le droit ne fouler cet endroit sacré et il le respectait.

Le jeune homme caressa du bout des doigts la roche froide face à lui et soupira. Qu’allait-il se passer ? Qu’est-ce qui l’attendait au prochain lever du jour ? Son avenir était rempli d’incertitude et il n’aimait pas ça. S’imaginer éloignée de l’équipage du Phoenix, privée à nouveau de liberté et condamnée à mourir était une torture. Il avait fait son choix, depuis longtemps.

Je veux rester à bord. Je veux faire partie de l’équipage.

Il savait qu’en choisissant ceci, il suivrait sans doute la tragique fin qu’avait connue sa défunte mère. Mais il ne souhaitait pas y penser, préférant se tourner vers l’avenir et vivre l’instant présent.

— J’aurais aimé que tu m’enseignes tout ce qui m’est inconnu ici… Je sais que de nombreux dangers sont à venir, et que je vais devoir y faire face. Mais je te le promets, je survivrais, quoiqu’il arrive ou quoique je puisse faire. Je protégerai tous ceux qui me sont chers.

Il se redressa et sortit de sous l’arbre puis regagna la rive. La vue du capitaine l’attendant réchauffa son cœur. Cet homme était intimidant aux premiers abords, mais au fil du temps, l’enfant avait compris à connaitre cet étranger. Il avait percé ses secrets et les avait acceptés. Mais une ultime question franchit ses lèvres.

— Qu’était-elle pour vous ?

Un sourire germa sur le visage du pirate.

— Un amour de jeunesse.

Il contempla le lagon et soupira.

— C’était une personne chère à mes yeux. Elle était le rayon de soleil qui réchauffait mon cœur le matin et me donnait envie de naviguer. À sa mort, un grand vide s’est installé en moi. Il m’a fallu du temps pour reprendre le large et recouvrer mon rôle de Cardinal.

Une dernière question taraudait l’esprit du plus jeune. Il craignait connaitre la réponse, mais il voulait en être sûr.

— Vous savez qui l’a tué ?

Le capitaine l’observa un instant. Il avait bien compris que par le mot « tuer », il entendait « celui qui l’avait condamné en la blessant ».

— Oui.

— Qui est-ce ?

— Mannles.

La gorge d’Earl se noua, sa respiration se bloqua. Tout son corps fut en alerte et se tendit subitement. L’angoisse le gagna, tout son être était en effervescence. Deux bras vinrent saisir ses épaules et le coller contre la poitrine du pirate. Une étreinte qu’il n’avait pas l’habitude d’avoir avec cet homme. Il parvint pourtant à se détendre immédiatement, apaisé par la respiration calme du capitaine.

— N’aie crainte, je ne le laisserais pas t’approcher. Il ne posera pas un doigt sur toi et ne te blessera pas.

— Je l’espère bien.

Un ricanement du phénix s’échoua dans le creux de son oreille. Le garçon se recula légèrement pour faire face à son interlocuteur.

— Ton répondant me fera toujours rire. Tu as bien le tempérament de ta mère, on ne peut pas en douter.

— Elle était téméraire ?

— Téméraire, tenace, courageuse et ambitieuse. Elle ne se laissa pas marcher dessus et tenait tête au plus féroce. C’est d’ailleurs ce qui l’a menée ici…

— Mais moi je survivrais.

La répartie du plus jeune étonna Arawn. Il voyait en lui la réincarnation de Sibel. La même détermination animait le regard de ce garçon, une ténacité à toute épreuve, et un léger désir de vengeance qui germait doucement.

— Quoiqu’il arrive, je survivrais. Même si ont m’enlève, qu’on me torture ou qu’on… M’arrache le cœur ! Quoiqu’il advienne, je vivrais.

— J’ai hâte de voir ça.

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