Chapitre 31

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Ses pas le menèrent au porche de la demeure, la porte grande ouverte l’incitait à entrer. La lueur du matin traversait les fenêtres pour s’échouer sur le mobilier et les murs. D’un pas prudent, il chercha son mentor en silence, avant d’appeler son nom dans l’espoir d’une réponse.

— Wig ? Vous êtes là ?

— Je suis en bas.

Il aperçut une porte menant directement à un escalier de pierre qui descendait dans les sous bassement du manoir. En bas, il y trouva une salle très différente du reste du bâtiment — les murs de pierre étaient couverts de tapisseries et de carte en tout genre, le plafond représentait une immense carte de Manhal, muni de plusieurs points lumineux à des emplacements précis, et le reste de la place ne possédait que deux choses : une table et une armoire.

Earl y retrouva son professeur affaisser sur la grande table de bois brut, étudiant carte et lettre de diverses provenances. Une grande plume d’oie se tenait entre son pouce et son index, la pointe trempée d’ancre noire, qui finit par tracer différents traits sur les bouts de parchemins abîmés devant eux. L’attention du plus vieux se tourna vers son élève bien que son regard ne quittât pas la table.

— Que voulais-tu ?

— J’ai à vous parler.

— Je t’écoute.

— Je m’en vais.

La mine en suspens, l’ancre perla et tacha le papier jauni. Un long soupir s’éleva dans la pièce tandis que les épaules de l’homme s’affaissèrent.

— Tu as trouvé ce qu’il te fallait en venant ici ?

— Pas complètement. Mais je pense que la réponse se trouve sur la mer.

— Ou est-ce que le vent compte t’emmener ?

— À Basal. J’y trouverais des réponses, ou je ferais voile seul pour la suite.

La plume fut déposée sur le papier et Wig se redressa. Il s’approcha de son petit-fils et lui saisit les épaules. Il l’examina longuement, si bien que le plus jeune en perdit sa patience.

— Il te reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Ce n’est que le commencement de ton voyage.

Earl le regarda, interdit. Au contraire, son voyage allait bientôt prendre fin en mettant le cap vers Basal. Mais il ne répondit rien, préférant accepter les paroles de son grand-père. Ce dernier le lâcha pour se diriger vers l’armoire au fond de la pièce. Ouvrant ses portes, il en sortit deux objets : un sabre et une boîte. Le premier cadeau lui fut tendu, il agrippa la poignée et sortit la lame de son fourreau.

Le garde était en or, diviser en trois branches qui se rejoignaient de la calotte au talon. La lame était d’un gris argenté d’une brillance étonnante. Léger, maniable, Earl en fut ravi. Le second objet était plus mystérieux. Une simple boite en bois sombre, fermer par un simple loquet. Lorsqu’il l’ouvrit, il tomba sur un pendentif accrocher à une chaine en argent.

— Qu’est-ce que c’est ?

L’enfant contempla le pendant face à lui avec intrigue.

— Cette conque appartenait à ta mère. Elle l’a obtenu sur les plages du nord, dans l’archipel de Aareth. Elle la portait toujours à son cou, en répétant que l’océan y était caché. Je n’ai jamais compris pourquoi.

— Pourquoi me le donner ?

— Il prend la poussière ici depuis trop longtemps. Je préfère le voir à ton cou plutôt que dans le fond de cette armoire.

Earl remercia son mentor et attacha le collier autour de son cou. Le coquillage reposa entre ses clavicules, effleurant sa peau et passa sa ceinture dans les anneaux de son nouveau sabre pour le porter à sa taille.

— Tu es prêt pour de nouvelles aventures mon garçon.

— Je vous remercie pour tout ce que vous m’avez apporté, autant dans l’histoire de nos origines que dans l’apprentissage de mes pouvoirs.

— J’espère que le lac t’aura transmis son aide. Tu auras besoin de tes facultés pour affronter les dangers qui t’attendent. Mais soit méfiant, utilise-les que lorsque tu es acculé.

— Entendu. Je ferais attention.

La cloche du navire parvint à leurs oreilles malgré la distance, appel au départ de l’équipage.

— Le Phoenix t’attend, tu devrais y aller.

— Attendez !

Alors que le plus vieux tournait les talons pour se replonger dans ses cartes, le garçon vint l’étreindre avec force dans son dos, surprenant le vieillard. Earl aurait souhaité rester plus longtemps auprès de son grand-père, mais il avait fait un choix, et on l’appelait à rejoindre le large.

— Je reviendrais un jour, je vous le promets.

Puis il disparut en haut des escaliers sans que Wig ne puisse rajouter quoi que ce soit.

Il courait à toute vitesse à travers la végétation de la jungle pour atteindre la plage à temps. Il trébucha à sa lisière et se rattrapa in-extrémiste à la barque, se prenant violemment le côté de l’embarcation dans le ventre.

— Tout va bien ? s’inquiéta Wynric en regardant le gamin reprendre son souffle.

— Nickel, grimaça ce dernier en se laissant basculer à bord.

Coucher sur le dos, la tête reposant sur le bois humide, ses yeux furent aveuglés par le soleil qui parcourait les voiles rouges du navire. Il contempla le Phoenix de sa splendeur : trois-mâts munis d’immenses voiles rouge sang, un bois sombre et un équipage chaleureux. Un sourire fleurit sur la commissure de ses lèvres lorsqu’ils accostèrent sur le flan du brick.

Grimpant sur l’échelle, il atteignit le pont animé du bâtiment. Les hommes s’affairaient à obéir aux ordres du capitaine qui déferlait depuis la dunette.

— On appareille ! Pointez-moi le bras de vergue sous le vent ! Hâlez le palanquin ! Ferlez les voiles et choquez les drisses !

Le spectacle qui s’offrait à lui est incommensurable. Une fois l’ancrent lever et fixement attaché, la voilure fut gonflée par le vent et le navire quitta la crique. Le timonier manœuvrait avec agilité pour sortir le brick de la baie et gagna la haute mer. En s’aventurant sur le gaillard d’avant, le garçon put apercevoir quelques Cangras percher sur le haut des arbres en haut d’une des nombreuses falaises. Il distingua la silhouette de Raja qui le saluait en agitant les bras.

Il n’avait pas pu lui dire au revoir, mais il était persuadé qu’un jour ils se reverraient. Le brick fila à vive allure vers le sud, en direction de Basal.

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