Chapitre 39

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Le bourreau tomba à terre, une balle longer entre les yeux. La foule s’écarta pour laisser apparaitre un homme qu’Earl reconnut trop bien. L’agitation survint une seconde plus tard, les gens s’agitèrent et tentèrent de fuir la place tandis que les soldats avancèrent pour cerner l’ennemi. Mais un second coup de feu retentit dans l’air et une dizaine de pirates surgir d’entre les bâtiments.

Sur l’estrade, les deux amis souriaient avec joie. Le plus vieux lança un regard à San, souhaitant lui annoncer qu’ils étaient saufs avec ces marins, mais la stupeur s’empara de son corps lorsqu’il aperçut l’officier courir vers le manche des trappes. Il ouvrit la bouche pour s’écrier, mais aucun son n’eut le temps de franchir ses lèvres.

Le levier fut actionné et le piège s’ouvrit sous leurs pieds. Le choc fut violent : la corde se serra autour de son cou, broyant sa gorge, coupant sa trachée et sa respiration. Ses yeux exorbités s’embuèrent de larmes tandis qu’il essayait en vain d’appeler à l’aide.

Alors qu’il se voyait déjà mort par asphyxie, il entendit des pas résonner au-dessus de sa tête — un pirate s’était précipité sur la scène pour arrêter l’officier, mais il avait fini par lui tirer dessus avant d’utiliser sa lame pour couper le lien des cordages.

Les pendus tombèrent brutalement à terre, leurs gorges libérées de cette épaisse corde. Toussant en essayant de reprendre son souffle, la vision trouble, Earl ne discerna pas bien la personne qui s’approchait de lui, jusqu’à ce qu’il soit face à lui.

— Tu vas bien ?

La joie envahissait son cœur en regardant le quartier-maître.

— Mon dieu Syllas !

Il se jeta dans les bras du pirate qui l’accueillit sans retenue. Sentir la présence du marin le rassurait assez pour laisser les larmes coulées à flot sur ses joues.

— Je suis heureux que tu ailles bien, mais nous ne devons pas perdre de temps.

Le plus âgé se recula et sourit au mousse. Le regard d’Earl bifurqua sur le côté et aperçut des têtes qu’il reconnut aisément. La moitié de l’équipage était là, à se battre contre les officiers de la marine et leur ouvrait un passage vers le port.

— Tu peux marcher ?

— Je pense, oui.

— Alors, allons-y.

Syllas commença à le trainer à sa suite, mais le Mannred s’arrêta et retira sa main de la sienne.

— Attends ! San !

Il retourna aux côtés de son ami, toujours à genou au sol, main sur la gorge, ayant du mal à reprendre son souffle. Il empoigna son avant-bras et le tira à sa suite pour fuir le champ de bataille au pas de course. Ses pieds heurtaient les pavés avec force, faisant de grandes enjambées, les cheveux au vent et un sourire collé au visage.

Son cœur résonnait dans sa poitrine, la bouche grande ouverte, il prenait de longues inspirations tandis qu’il suivait le quartier-maître à travers les étales présentes sur le port. Un regard en arrière lui permis d’apercevoir le groupe de mercenaire courir à leur suite, les séparant soldats qui les pourchassait.

— Par ici ! s’écria Syllas en bifurquant sur un quai.

Earl ralentissait la cadence inconsciemment en s’approchant de la fin de l’embarcadère. L’image du Phoenix sombrant au fond de l’eau lui revint et il se mit à chercher le navire qui avait amené l’équipage jusqu’ici. Il observa le pirate grimper à bord d’un galion sombre tandis qu’il s’arrêta dans sa course pour contempler ce monstre des mers. Son cœur rata un battement lorsqu’une silhouette apparut au bastingage. Son ami ne perdit pas un instant pour monter à bord, l’entrainant à sa suite.

À peine eut-il posé un pied sur le pont qu’il fut prisonnier d’une étreinte forte et chaleureuse. De grandes paumes se posèrent dans son dos, sa tête reposa contre le torse du capitaine et les larmes glissèrent sur ses joues.

— Arawn… chuchota-t-il en pleurant, agrippant le haut du pirate.

— Je suis là… Je suis bien là…

— J’ai eu si peur…

Le reste de l’équipage remonta à bord, le phénix se détacha de son protégé et l’examina.

— J’ai cru que nous n’arriverions jamais à temps pour te sauver… J’ai bien cru t’avoir perdu…

— Mais je vais bien, grâce à vous.

Malgré les sillons qui s’étaient formés sur ses joues, Earl arborait un sourire rayonnant. L’espoir et la joie qui gonflaient son cœur étaient visibles de tous. Cependant les retrouvailles furent de courte durée, les hommes de la marine s’attaquaient au navire et essayait de monter à bord pour en démordre avec les démons des mers.

— Opal, sors nous d’là ! s’écria Arawn.

La concerné sortit de l’ombre et prit la barre. Le jeune homme n’avait jamais vu de femme capitaine jusqu’à ce jour, et la prestance qu’elle possédait le cloua sur place. Ses cheveux perle étaient noués dans une tresse en épis, quelques mèches rebelles flottaient au vent, sa tenue sombre accentuait son allure. Et sa voix l’épata.

— On s’tire de là ! Choquer les drisses et ferler les voiles ! Sors-nous d’cette baie en un seul morceau Keya !

— Oui capitaine ! s’écria un homme non loin d’eux. Vous avez entendu, au travail ! Pointez le bras de vergue sous le vent et hâlez le perroquet !

Alors que l’équipage de ce navire inconnu se mettait au travail, Arawn tira son protégé à sa suite pour rejoindre le gaillard d’avant. Il ne marchait plus aussi vite qu’à bord du Phoenix et son visage était couvert d’une grimace à chaque marche qu’il devait grimper. Earl ne se faisait pas d’illusion : le phénix avait été gravement blessé durant l’attaque. San le rejoint discrètement, s’attirent le regard écarlate de son sauveur.

— Je te présente San. Il était prisonnier sur le Neptune. C’est un Mannred.

— Enchantée, San, sourit le plus vieux en tendant une main au garçon.

— De même.

Leur poignée de main fut courte face à l’attaque de la marine royale. Alors qu’ils avaient réussi à quitter le port de Nelak accompagnée de deux autres navires, un galion de la couronne et des schooners s’étaient mis à les poursuivre. Penchés sur le bastingage, les deux amis observaient leurs ennemis approcher à bâbord.

— Arawn—

— N’est crainte. Elle sait ce qu’elle fait.

Rackham ne semblait pas alerter par la situation et souriait à son protégé. Ce ne fut que lorsque les écoutilles s’ouvrirent que le jeune mousse comprit. Comparé au Phoenix, ce bâtiment possédait une rangée de canons supplémentaires ainsi que des canons à pivot, un atout majeur lors d’une attaque. Les deux bricks pirates qui les accompagnaient s’étaient placés de part et d’autre de leur galion, de sorte à former un triangle.

Les canons crachèrent leurs boulets et firent mouche. Deux schooners coulèrent à tribord et un à bâbord. Ils s’approchaient de la sortit de la baie, mais le navire amiral ne semblait pas vouloir les laisser s’échapper. Alors qu’il observait ce mastodonte foncer en leur direction, San lui attrapa le bras et lui sourit.

— On pourrait peut-être les aider.

— Pas bête !

Ils n’avaient pas la prétention de contrôler l’océan, mais en concentrant leurs forces, ils avaient une chance d’aider à leur fuite. Sous le regard suspicieux des deux capitaines, il se plaça au centre du navire, dos à dos, les yeux clos et fit le vide.

Leurs peaux se couvrirent de filament bleuté et le vent se leva davantage. Les marins ne purent qu’observer les vagues remuées après leurs passages, compliquant la poursuite de la marine. Nelak s’éloigna de plus en plus, jusqu’à ce qu’ils quittent les limites de la baie.

Un épais brouillard les enveloppa, les cachant au reste du monde sans empêcher leurs navigations.

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