Le pari accepté et son adversaire le provoquant, l’ébouriffé se redressa et repris son air motivé qu’il avait contre Tochiro. Tendant son épée, le mage prêt à user de son fouet, le combat se lança. Assez vite, Duncan démontra qu’il était plutôt polyvalent. En plus d’être habile de son arme, il était aussi assez rapide et doué à l’esquive. De plus, il montrait des talents acrobatiques certains, faisant des figures diverses pour impressionner la foule et esquiver l’arme de son adversaire. Ainsi les élèves purent admirer le jeune mage faire un salto en arrière, une roue ou encore un grand écart avec facilité. Néanmoins aucun des adversaires n’arrivait réellement à prendre le dessus dans cette situation. Hiro ne parvenait pas à toucher Duncan et inversement. Dans une bataille comme celle-ci, Duncan pouvait donner une prestation bien plus légitime que celle qu’il avait faite contre Liam. Pas de feu, pas de risque de rester figé sans rien pouvoir faire. Il retrouvait enfin ses capacités réelles. Le professeur quant à lui était fasciné par les qualités de chacun des deux jeunes hommes. Et au fur et à mesure que les échanges avaient lieu, on pouvait déceler dans son regard son envie d’en voir plus. Il choisit alors de revenir sur ses paroles précédentes, estimant qu’une vraie démonstration pourrait être bénéfique à tout le monde.

« - Très bien, Duncan, Hiro, je vous y autorise. Mais soyez soft, sinon… »

Duncan avait un sourire large lorsque le professeur des Gardiens prononça ces mots. Dans la foulée, alors qu’il sautait à nouveau au-dessus de l’épée de son adversaire, l’ombre de lui sortit du sol pour agripper la lame du Gardien. Hiro qui ne s’attendait pas à ce genre d’attaque fût pris au dépourvu. La tête de Duncan se mit cependant à tourner, il ne marchait pas tout à fait droit et n’arrivait plus à avancer en direction d’Hiro. Lorsqu’il tendait son bras dans sa direction, il allait dans le sens opposé. Le Gardien était en effet en train d’user de son talent pour le déconcentrer et se libérer du joug de son ombre. L’ombre, qui elle n’était pas affectée, tenait toujours aussi fermement l’épée. Le mage tournait un peu, attaquant toujours dans la mauvaise direction avant de finalement fermer les yeux, laissant l’ombre grandir et attraper totalement Hiro le forçant à pointer sa propre épée contre lui-même. Même si ses sens étaient perturbés, son ombre elle, savait où frapper. Il fallait juste qu’il fasse confiance à son intuition. Approchant lentement la lame avec le plus de force possible du cou du Gardien. Il ne lui manquait pas grand-chose pour réussir à vaincre. Hiro lâcha alors son arme, cette dernière volant et coupant légèrement sa joue avant de passer à quelques millimètres de la tête de Duncan. Son ombre vint enserrer le cou de Hiro, tandis que des mains le retenaient contre le sol, l’empêchant de bouger. Hiro lui semblait commencer à devenir de plus en plus sérieux, l’air ondulant autour de Duncan tandis qu’une certaine pression se faisait ressentir dans sa tête. Akise décida alors qu’il était temps de stopper.

« - Match fini. Duncan a gagné. On arrête là et on remballe les pouvoirs. »

Duncan n’avait pas la sensation d’avoir gagné. Surtout avec l’attaque que semblait préparer son opposant. Mais c’était autre chose qui avait poussé Akise à stopper le combat. Les élèves présents parlaient avec peur du bâtard et de son pouvoir. Observant les ombres, ayant la même confusion que chaque personne qui s’y retrouvait confrontée. Duncan qui s’était retourné pouvait maintenant lire la peur et le dégoût dans le regard des élèves. Aucune admiration ne venait d’eux alors qu’ils utilisaient les termes « pouvoir de ténèbres », « interdit », « arts noirs ».

Duncan, qui ne souhaitait pas réellement que l’on discute de lui derrière son dos s’avança en direction des jeunes pupilles. Il observa Rai et Yoshimitsu qui venaient de se relever et qui observaient la scène, ne comprenant rien à ce qu’il se passait et à l’atmosphère ambiante. Le mage toussa fortement pour capter l’attention des élèves. Ce dernier après s’être assis utilisa l’ombre dans son dos et se mit à former des mains griffues tenant un orbe noir à côté du visage de Duncan.

« - Ce que vous appelez pouvoir de ténèbres. En réalité c’est de la magie sombre. Un art assez rare chez les mages mais loin d’être interdit. La magie sombre, contrairement à la magie noire, repose sa puissance sur les ombres. La magie noire, elle, consiste à bafouer les lois de la nature. Pensez-vous réellement qu’on me laisserait étudier en paix si ma magie était proscrite ? »

Il avait prononcé ces mots le plus simplement du monde, faisant bouger l’orbe entre ses mains d’ombre, avant de redonner à cette dernière sa forme habituelle et de soupirer à nouveau. Les élèves ne semblaient pas particulièrement plus rassurés. Presque tous les élèves restèrent à fuir le regard du mage. Mais parmi ceux qui ne le fuyait pas, un d’entre eux s’était levé et le pointait du doigt. Yoshimitsu, nouvellement soigné, s’était relevé et approchait de lui.

« - Hé, toi ! Duncan de Machin. Affronte-moi. Je n’ai pas pu te voir à l’œuvre. Montre-moi ce que tu vaux ! »

Tous les élèves se mirent à rire en cœur devant la bêtise de Yoshimitsu. Même Duncan esquissa un sourire. Il s’appuya rapidement sur le sol, faisant mine de se relever, envoyant simplement son ombre crocheter la jambe du jeune futur Gardien et le faisant tomber à terre. Le mage approcha alors de lui, l’observant de façon plus minutieuse. Il finit par offrir au jeune élève son plus beau sourire, venant passer sa main dans ses cheveux en le décoiffant. Il lui tira ensuite la langue avant de répondre à sa demande.

« - On verra le jour où tu seras capable de rester debout face à l’un de ceux-là. dit Duncan qui montrait les ainés du jeune garçon. »

Il avait décidément de sacrées ambition ce garçon. Duncan éprouvait une certaine admiration à son égard. Malgré la peur qu’il inspirait. Sa non maîtrise de son démon ou encore le fait qu’il soit en présence d’un « enfant royal », il restait le même. Souriant, déterminé. Le mage trouvait un certain charme non négligeable à sa façon d’être. Et alors que les élèves aux alentours se relevaient et commençaient à partir, l’heure du repas approchant, Yoshimitsu leva les yeux vers lui.

« - Dis, on mange ensemble ? J’ai des masses de questions à te poser. Enfin, sauf si tu ne me juge pas capable non plus de me tenir à ta table royale ? »

Duncan esquissa un nouveau sourire, observant les alentours. Sa cible proposait de lui-même de passer du temps avec lui ? Il ne pouvait pas mieux tomber. D’autant que Duncan n’avait rien mangé depuis qu’il était entré au village. Il avait préféré éviter le commerce pour rester le plus discret possible. Il fit donc mine de réfléchir un instant puis tendit la main vers le garçon. Aussi, il acquiesça dans un sourire.

« - Tu payes le repas, j’ai plus un rond, je dois donner mon argent de poche à Hiro.

- Très bien. Tu veux manger quoi du coup ? Mon Prince... demanda Yoshimitsu avec un ton faussement et exagérément révérencieux.

- Vous avez quoi de mangeable ici ? Mes papilles royales sont affûtées. Faut dire qu’à Majutshushi j’étais servi. On aurait pu me cuisiner des détritus que ça aurait été plus comestible. Je ne sais pas comment ils faisaient pour sortir tous les jours quelque chose d’aussi mauvais… Sinon j’ai envie d’un truc sain, équilibré, diététique, végétarien... il regarde Yoshimitsu devenir de plus en plus livide à chacun de ses qualificatifs avant de faire un sourire triomphal.

Genre un bon gros burger quoi. T’en dis quoi ? T’y as cru avoue ? Et ne m’appelle pas comme ça. Je suis loin d’être un Prince. le reprit-il, agacé par cette nomination.

- Tu m’as fait peur. J’ai cru que t’avais des goûts de bourge qui mangent de la salade… Notre soudaine amitié aurait pris fin beaucoup plus tôt que prévu. Surtout, comment pourrait-on ne pas aimer la viande ? Burger ? On devrait bien trouver ça ici je crois. Enfin, je ne sais pas, j’en ai jamais mangé, ce n’est pas dans notre culture. Ici c’est plus nouille et riz. il regarde Duncan sembler triste et souris d’un air moqueur.

Et après tu te moque de la mienne de réaction hein ? Et que faut-il alors comme adjectif. Votre Seigneurie ? L’Héritier ? Maître ?

- Ah, puisque tu proposes… j’aime bien maître oui. Mais sinon Duncan ça me va aussi tu sais ? Et je ne suis ni un héritier ni un seigneur. Je ne suis pas le premier né de la famille de Jade. Et… le mage sembla réfléchir un instant, se demandant s’il devait continuer cette phrase.

Et j’ai faim, on y va ?

- Tu rêves. C’est pas demain la veille que je t’appellerai maître. Mais va pour Duncan. Mon Priiiiin-ce. »