De sa cicatrice a débuté l’engrenage. Elle était le témoignage vivant de ce qu’il voulait devenir, au plus profond de lui, ne pas se contenter d'un bonheur simple, mais de grands plaisirs et de grands sacrifices, et ce sans s’abîmer les mains.

Officiellement apatride, Azerbaïdjan-Arménie une guerre qui n’en finit pas. Né du mauvais côté, dans son histoire, vie en orphelinat, triste enfance, tout concorde. Ce n'est hélas que la vie de milliers d'autres. De ceux qu'il se prend à envier, qui ont des preuves, de ceux qui trouvent asile là où ils veulent. Il s’est dit d'origine arménienne né aziri, orphelin, de nom arménien, pas le sien mais tout de même, il lui reste son identité, son sang, à défaut de famille, un nom courant qu'il a entendu, le nom d'une connaissance.

Tout le monde le connaît sous le nom qu'il s’est créé. C'est devenu pour lui son nom propre, son nom d’homme, peut-être son nom d'artiste, comme dans un film. Toni Montana arménien.Dans la continuité de sa vie à imiter les grands classiques, c'est avec soulagement qu'il s’assure de la présence de sa cicatrice - marqué par la guerre ? Le banditisme ? Qui devinerait qu'il en est autrement. Blessure d’enfant turbulent, qui sort, qui grimpe. Mais peu importe la nature de la blessure, le résultat est le même, l’effet est assuré.Tout est question d'effet, de style. Tout n’est qu’apparence !

Mais le cœur suit, toujours, il ne peut s'en empêcher. Etre sincère, vivre, sentir tout ce qu'il est,sa Foi, sa faim, son émerveillement, il voudrait monter très haut et amasser biens et richesses, voyager sans être en cavale, conduire de belles voitures qui lui appartiendraient vraiment. Il voudrait être tout à fait puissant. Quitte à finir la tête coupé ou dans un trou, enterré vivant. Longtemps après. Vieux. Quand tout est accompli et qu'on ne craint plus la mort. Il n'a pas peur de l'enfer. Ses actes ne sont rien. Il sent au fond de lui que rien de ce qu'il ferait ne pourrait atteindre son innocence.