8. La guerre de sécession
Comme chaque matin Papi et moi, nous allons, nous promener.
Une fois de retour, nous bavardons devant le feu de la cheminée. La conversation est vite revenue sur la guerre de sécession. Papi m’explique.
- Il y avait de nombreux points de discorde entre le nord et le sud.
Tout d’abord, le Nord était plus industrialisé et avait une économie basée sur les usines et le commerce, tandis que le Sud était principalement agricole.
Les États du Sud pensaient qu'ils avaient le droit de se gouverner eux-mêmes sans interférence du gouvernement fédéral, notamment en ce qui concerne l'esclavage.
Les États du Sud voulaient maintenir l'esclavage, car leur économie agricole dépendait de la main-d'œuvre esclave. Les États du Nord étaient contre l'esclavage et voulaient son abolition dans tous les états. L’esclavage pratiqué dès le début de l’ère coloniale a été aboli après la fin de la révolution américaine en 1783.
- Qu’est-ce que ça veut dire aboli ?
- On utilise le terme abolir pour signifier la suppression et l’interdiction de pratiquer l’esclavage.
- Et l’esclavage, ce sont des gens qui travaillent sans être payés ?
- C’est encore pire que cela, ce sont des gens qui sont traités comme des biens, quand tu possèdes un ballon, tu peux en faire ce que tu veux.
- Ils pouvaient les tuer ?
- Ils étaient privés de liberté et de droits fondamentaux ce qui inclutaient des pratiques coercitives telles que le travail forcé, l'esclavage sexuel et les punitions corporelles comme le fouet ou les verges, les deux oreilles coupées, le jarret tranché, le marquage au fer rouge, et enfin la peine de mort.
- Mais c’est inhumain.
- Oui, tu as raison, mon père, s’est battu pour que l’on interdise cette pratique. Tu comprends pourquoi j’aimerais tant voir sa tombe et me recueillir.
- Ils étaient nombreux ? À se battre, je veux dire.
Papi ajusta ses lunettes et se pencha un peu plus près du feu, son regard plongé dans ses souvenirs.
- Il faut que je te raconte comment tout a commencé. En 1860, après l'élection d’Abraham Lincoln, qui était contre l'expansion de l'esclavage, continua-t-il, sa voix teintée de gravité, les tensions se sont intensifiées. Le Sud craignait que Lincoln abolisse complètement l’esclavage, ce qui aurait détruit leur économie basée sur les plantations. J’écoute attentivement, mes mains posées sur mes genoux.
- plusieurs États du Sud ont fait sécession.
- Sécession ?
- (ils ont quitté l'Union) et ont formé les états Confédérés d’Amérique.
La Caroline du Sud fut la première à faire sécession, puis d’autres états l’imitèrent. La nouvelle nation pour asseoir sa souveraineté, s’est emparé des installations qui appartenaient au gouvernement, dans le port de Charleston, le fort de Sumter en Caroline du Sud refusa la capitulation, après un blocus de trois mois et demi les forces confédérées ont attaqué le fort en le bombardant le 12 avril 1861. Il capitula le lendemain.
Ce fut le début de la guerre.
- C’est pour ça qu’ils ont fait sécession ?
demande-t-il, les yeux remplis de curiosité. Papi hocha la tête.
- Exactement. Ils ont formé les États Confédérés d’Amérique, et cette rupture a été le point de départ de la guerre civile. Mais la bataille pour l’abolition était loin d’être gagnée. Mon père faisait partie de ceux qui ont consacré leur vie à cette lutte… et cela, même au péril de sa propre vie.
Le président Lincoln appela les volontaires à former une armée pour mater la rébellion, ce qui entraîna la désertion de quatre autres états pour le sud qui refusent de fournir le quota de volontaires.
- Quota ça signifie quoi au juste ?
- Le quota désigne une quantité limitée ou réglementaire fixée. Les quotas étaient généralement basés sur la population de l'État. Par exemple, un État plus peuplé devait fournir plus de régiments que celui moins peuplé.
Il y a aussi trois autres états qui ont décidé de rester neutres, ne voulant pas prendre parti ni pour l’un ni pour l’autre.
Papi réfléchit à haute voix s’il avait pu imaginer ce que tout cela allait entraîner.
- Ce sont lesquels ?
- Il y a le Missouri, le Kentucky, et le Maryland. Le Maryland avait une position stratégique ce qui l’entraîna dans la tourmente.
Les villes frontières comme Saint-Louis, se sont retrouvées impliquées.
Mon père s’est engagé pour défendre ses valeurs craignant le pire si le sud était vainqueur. Il a participé à la bataille de Wilson's Creek, qui a eu lieu le 10 août 1861 près de Springfield, dans l'État du Missouri.
Le général Nathaniel Lyon de l'Union décida de passer à l'offensive malgré son infériorité numérique, mais malgré plusieurs assauts, les Confédérés ne purent être délogés. Lyon fut tué pendant la bataille, et le général Samuel D. Sturgis prit le commandement. La bataille se termina par une victoire confédérée.
Papi a une mémoire étonnante et des connaissances qui me surprennent tous les jours.
Il a été envoyé ensuite à la conquête des principales voies de communication sudiste que constitue le fleuve Mississippi.
J’avais fait le projet de parcourir à cheval un peu toutes les étapes que mon père a parcouru et revoir aussi les champs de bataille.
Tous les après-midis, nous allons nous promener à cheval ; l’état de Papi s’améliore, nous faisons des balades de trois heures.
Il me montre les cartes avec les itinéraires qu’il avait planifiés de faire, des étapes de trente à trente-cinq kilomètres, toute la documentation qu’il avait amassée, les vieilles cartes usées, des annotations sur les marges, je voyais l’engagement et le soin apportés par Papi à son projet. Il faut que je trouve une solution…
Il avait prévu de partir de Kansas-city. D’emprunter les lieux où l’on pouvait traverser la rivière, les ponts, certaines fermes avec qui il avait travaillé, des pages et des pages de notes.
- Tout cela pour rien, je suis trop vieux maintenant et toutes ces notes ne valent plus rien.
- Papi, tu es de plus en plus en forme, nous pouvons faire de petites étapes.
- Nous, qui nous ?
- Hé, bien toi et moi.
- Je crois que tu es un peu inconscient. Tu ne te rends pas compte de l’énormité de ce voyage.
- Tu as raison, mais j’aurais bien aimé faire le voyage avec toi.
- Merci, Michael, tu es trop gentil. Comme tu veux faire une grande randonnée, demain, nous irons voir le fleuve Colorado, nous partirons de bonne heure.
Le lendemain, nous avons pris la direction de Monticello, puis nous avons traversé la forêt de Manti la sal, les paysages sont époustouflants, avec une impression de bout du monde. Les lacs sont majestueux, nous redescendons vers le Colorado. Nous arrivons dans un environnement verdoyant, le fleuve est majestueux avec une couleur bleu azur magnifique, en toile de fond les gorges avec les récifs ocres qui se détachent sur les montagnes enneigées, le grondement puissant du fleuve, le souffle frais du vent, Je suis totalement émerveillé, sans voix devant cette scène grandiose. Je savais que ce moment resterait gravé en moi, un souvenir précieux à chérir.
Je prends le temps de cueillir des plantes qu’Anna m’a si bien décrites, je sens leur parfum si caractéristique comme la camomille ses fleurs tonifient et dynamisent autant le système digestif que le système nerveux. Le pavot de Californie, à petite dose, il diminue l’anxiété. Il y a aussi la reine-des-prés qui est en fleurs, je les mets dans mon sac en bandoulière. Alors que nous reprenons notre chemin vers le fleuve…
- Il y a si longtemps que je n’étais pas venu Michael grâce à toi, je réalise une superbe randonnée. Je suis venu ici avec Elisabeth, elle avait adoré…
- C’est la mère de Toni et de John ?
Papi semble se perdre brièvement dans ses souvenirs avant de revenir à la réalité.
- Pour moi aussi, c’est une superbe balade, j’espère que tu en as d’autres ?
- Des centaines, oui.
Papi prend confiance en lui, si avec subtilité, je m’oppose à lui, une idée peut germer dans son esprit, j’aurai gagné.
- Papi, tu aurais dû me prévenir que nous serions si loin de tout.
- C’est ça l’aventure !
- Oui, mais John a confiance en moi, s’il l’apprend, il va me la retirer.
- Nous ne lui dirons rien.
- Ok, comme tu veux.
Je finirai par lui faire accepter cette aventure. Cette aventure, je veux qu’elle soit nôtre, un cadeau pour nous deux.
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