14.    Les contrebandiers

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Nous montons tranquillement la petite colline et une fois en haut, nous observons le paysage, le chemin qui redescend est sinueux, la végétation est beaucoup plus dense, pas moyen de savoir si la route a une issue, il nous faut continuer pour savoir où cela nous mène.

Nous parcourons quelques lacets, quand une silhouette surgit devant nous un fusil à la main. Il y a deux autres individus derrière nous.

- Vous ne devriez pas traîner dans des endroits où vous n'êtes pas les bienvenus.

- Bonjour messieurs, nous sommes sur votre propriété ?

- Tu veux finir au fond de cette forêt, toi ? Alors, ne fais pas le malin.

- Excusez-nous, messieurs, Michael ne veut pas vous importuner.

- Tais-toi ! On n'a pas besoin d'entendre tes excuses.

- Nous ne faisons que passer.

- Soit vous disparaissez d'ici sans faire d'histoires, soit vous finissez dans un sale état. Compris ?

- Nous partons tout de suite.

- Qu'est-ce que vous foutez ici ? Parlez, sinon ça va mal finir pour vous.

- Nous nous dirigeons vers Saint-Louis.

- Pourquoi vous traînez ici ?

- Nous allons rendre hommage à mon père qui est tombé pour l'Union, le but final de notre voyage est Gettysburg.

Les contrebandiers échangent des regards et baissent leurs armes.

- Désolés pour notre attitude. Nous devons être prudents, mais nous respectons ce que vous faites. Suivez-nous.

Nous suivons les contrebandiers jusque dans leur repaire, la distillerie se trouve au milieu de nulle part, l'entrée bien dissimulée par la forêt et la colline, un sentier étroit et tortueux mène à un vieux bâtiment de bois, usé par les intempéries. L'odeur de maïs en fermentation flotte dans l'air.

À l'intérieur, c'est un méli-mélo de matériel de distillation :

L’alambic se compose de trois parties, la chaudière elle-même en forme de ballon, le large chapiteau rétréci vers le haut (avec son col-de-cygne) et la grande cuve de refroidissement avec son serpentin intégré. La chaudière est rivetée selon la tradition et étanchée avec des matières naturelles. Un peu plus loin, il y a un deuxième alambic. Tout l’espace est encombré de tonneaux empilés les uns sur les autres, des tuyaux enchevêtrés.

Les contrebandiers sont en plein travail, surveillant les alambics et contrôlant les feux sous les chaudières. Ils sont méfiants, jetant des regards suspicieux aux nouveaux venus. Ils sont vêtus simplement, avec des chemises usées et des chapeaux pour dissimuler leur visage. Certains semblent nerveux, prêts à dégainer leurs armes en cas de problème.

Nous sommes conduits dans une pièce attenante, il y a une grande table encombrée de caisses de bouteilles vides prêtes à être remplies, une vieille radio grésillante dans un coin, diffusant des airs de jazz. Une carte des environs est épinglée sur le mur avec des annotations pour échapper aux autorités. Une forte odeur de fermentation et de bois brûlé nous prend à la gorge.

- Tenez goûtez moi ça, c’est le meilleur de la production.

- Je ne bois pas d’alcool et Papi…

- Ne parle pas pour moi, je vais goûter, mais vue mon âge très peu, merci.

Pour un whisky non vieilli, il est rudement bon.

- C’est du Moonshine.

Après la dégustation, soulagés, nous promettons de ne pas dévoiler ce que nous avons vu. Les contrebandiers nous laissent partir, en nous souhaitant bon courage pour notre voyage.

- Nous ne dirons rien, c'est promis. Merci de nous laisser continuer.

- Vous redescendez le chemin, ensuite prenez à droite. Au revoir ! Bon courage.

Ce n’est que le soir venu dans la tente, que Papi me dit :

- Je crois que nous avons eu de la chance.

- Tu as raison, cela aurait pu mal tourner. Il était bon leur whisky.

- Il faut que tu saches cette boisson est le travail méticuleux de spécialistes et les étapes sont nombreuses. Après la distillation, le liquide obtenu, appelé "new make spirit", est incolore et très fort en alcool, avec la Prohibition tout est bon.

La fabrication des whiskys est un savoir-faire, jalousement gardé. L'orge est la céréale la plus couramment utilisée, notamment pour le Scotch Whisky.

Le maïs est souvent utilisé pour le Bourbon américain, tandis que le seigle est utilisé pour le Rye Whiskey. D'autres céréales comme l'avoine, le blé ou le triticale peuvent également être utilisées pour apporter des saveurs spécifiques.

Après le brassage, qui crée un mélange appelé "moût". Il y a la fermentation, le moût est transféré dans des cuves de fermentation où la levure est ajoutée.

Il y a la distillation à laquelle nous avons assisté.

Le whisky est ensuite mis en fût pour vieillir. Les fûts utilisés sont généralement en chêne. Le whisky vieillit pendant plusieurs années dans ces fûts, souvent entre 3 et 25 ans.

Une fois le vieillissement terminé, certains whiskies sont mélangés pour créer des assemblages harmonieux.

Enfin, le whisky est filtré, dilué à la teneur en alcool souhaitée (généralement 45 % d'alcool par volume), puis mis en bouteille et prêt à être dégusté. Tu peux te rendre compte que ce processus méticuleux de vieillissement du whisky est ce qui permet de transformer un simple alcool brut en un spiritueux raffiné et complexe, apprécié par les amateurs du monde entier.

- Papi comment fais-tu pour savoir autant de choses ?

- J’ai toujours aimé lire et je suis curieux.

- Avec toi, j’apprends toujours quelque chose de nouveau.

Ce fut une belle journée et nous avons parcouru une belle distance. Le soir, nous avons franchi une colline, le paysage est magnifique, le soleil se couche dans notre dos, le Missouri fait des méandres dorés dans la plaine.

Nous recherchons un endroit pour établir notre campement. Demain, nous serons à St Louis.

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