22. Le retour
Papi nous rejoint avec sa clairvoyance habituelle, il nous dit :
Un nouveau couple vient de se former, il rayonne de joie et d’amour, il n’a pas besoin d’un vieux Papi, je vous laisse à tout à l’heure. Prends soin de ton bonheur, il te va bien.
Papi est parti aussi discret qu’il est apparu.
Nous avons flâné dans les rues de Gettysburg, le temps n'a plus d'emprise sur nous. À l'heure du souper, Kalia me propose de l'accompagner dans un petit restaurant pas très loin de son hôtel.
- C'est là que je mange depuis deux jours, tu vas voir le menu est sympa.
- Allons-y.
À peine entrée, une serveuse nous conduit à notre table. Sur notre passage, les murmures s'amplifient.
- Tu as la côte tout le monde t'a reconnu.
- Non, tu crois ?
- Mais bien sûr, elle me prend la main et me présente.
Mesdames, Messieurs, voici le héros du jour Michael, il est aussi mon fiancé.
Je ne sais plus où me mettre, et puis je me rappelle, le cirque : c'est un spectacle et Kalia est la reine.
Après notre repas en amoureux, je raccompagne Kalia à son hôtel et, après plusieurs baisers, je prends congé.
- Tu comptes t'en tirer à si bon compte ?
Je ne comprends pas tout de suite.
- Allez, suis-moi, je veux passer la nuit avec toi.
- Tu me trouves niais.
- Je te trouve très galant et plein de charme.
Une fois dans la chambre, notre élan amoureux s'est déchaîné comme une tempête. Le corps de Kalia est sublime, encore mieux que dans mes rêves. J’explore chaque parcelle de son corps…
Le lendemain, nous prenons notre petit-déjeuner dans la chambre, puis nous sommes allés rejoindre Papi.
Papi est dans la salle, il lit le journal, il nous fait signe.
- Me feriez-vous l'honneur de vous asseoir à ma table ?
- Pourquoi tu t'exprimes ainsi, Papi ?
- Lis le journal, tu es le héros, ils ne parlent que de toi.
Je n'en reviens pas, ces journalistes, ils inventent n'importe quoi pour faire sensation.
- Je ne trouve pas. dit Kalia. En plus, regarde, il y a Papi avec son fauteuil.
En effet la photo représente la tribune avec bien sûr le président, mais en premier plan Papi sur le fauteuil.
- Papi, nous avons bien réfléchi et…
- Et, j'espère que vous avez fait mieux que cela.
Je ne peux m'empêcher de rougir.
- Papi, je suis sérieux, écoute-moi. Voilà, notre retour est délicat avec ta jambe, nous pensons que le mieux est de voyager avec le train. Kalia et moi irons à la gare pour organiser notre retour et surtout celui des chevaux.
- Vous avez pensé à tout, c'est bien, je vous fais confiance.
Nous sommes partis en direction de la petite gare. Un employé nous renseigne et nous conseille de nous rendre à Hagerstown pour réserver nos places et celles des chevaux.
Nous prenons nos billets pour le lendemain.
L’après-midi, nous accompagnons Papi chez le médecin. Il lui ôte le plâtre et conseille la prudence.
- Il est normal d'avoir un peu de douleur et de raideur au niveau de l'articulation durant quelques jours. Une marche journalière devrait être bénéfique rapidement.
Papi fait quelques pas :
- Je sens que mes jambes répondent à nouveau, je retrouve enfin mon indépendance. Papi est ravi.
Kalia et Michael échangent un regard.
- C'est bon de te voir retrouver ta liberté, Papi.
Le lendemain, nous faisons nos adieux à Christopher, Louise et Helen, Helen me dit :
- Tu sais, Michael, mon patron souhaiterait t'embaucher.
- Mais, je pars pour Denver.
- c'est ce que je lui ai répondu. Moi aussi, j’aimerais que tu restes.
Je n’ai rien répondu. Nous avons pris la navette pour Hagerstown.
Une fois arrivés, Papi et Kalia sont allés voir les chevaux ; quant à moi, je suis retourné à la boutique avec le fauteuil.
- Bonjour Monsieur,
- Ha ! Michael, je suis très content de te revoir. Grâce à toi, j'ai vendu trois fauteuils et l'hôpital me demande une proposition pour une douzaine d'exemplaires. La photo dans le journal était une superbe idée. Dis-moi combien je te dois ?
Comment connait-il mon prénom ?
- Justement, je viens vous régler. Le reste de la location.
- Tu rigoles, veux-tu être mon représentant ?
Il me tutoie en plus !
- Désolé, il me faut réserver les billets de train pour Denver. Je rentre chez moi.
- Dommage. Mon cousin travaille à la gare, présente-toi comme mon ami dis-lui : Oliver.
Il t’arrangera le coup.
Il n’a pas voulu que je le règle.
Nous nous étions donné RDV à la gare, ainsi, je me suis assis sur un banc près de l'entrée pour les attendre.
Moins d'une demi-heure plus tard, j'aperçois Papi et Kalia qui arrivent, je me lève d'un bon et cours vers eux.
Malgré la douleur qui marque le visage de Papi, il avance avec détermination, soutenu par Kalia.
Une fois Papi installé sur un banc, nous nous dirigeons vers le guichet, « Longue Distance », après une attente raisonnable, c’est enfin notre tour :
- Bonjour Monsieur, je viens de la part d'Oliver.
- Sacré Oliver, comment va-t-il, pardon que puis-je faire pour vous ?
- Voilà, c'est un peu compliqué, nous sommes trois adultes et trois chevaux.
- Désolé, les chevaux ne voyagent pas dans le compartiment. Devant notre mine déconfite, il rigole, je plaisante, il vous faut trois billets pour Denver et une réservation pour transporter les chevaux dans un wagon spécial pour les animaux. Je vous propose la compagnie Union Pacific à un tarif préférentiel en l'honneur de la commémoration.
Votre départ est prévu demain à 9 h 05. Par contre les chevaux, ils doivent être dans l'enclos dès ce soir, c'est bon pour vous ?
- Très bien. Merci.
Nous réglons les billets. Alors que nous traversons le hall, un malaise s’est glissé en moi. Le regard des hommes posés sur Kalia, admiratifs et insistants. Elle les remarque aussi et, dans un sourire léger, semble les accepter. Une chaleur étrange monte en moi. De la jalousie ? Je secoue la tête. Non, ce n’est pas moi. Et pourtant, je n’aime pas ça. C’est comme si une partie de moi craint de ne pas être assez…
- Michael, que fais-tu ?
Après avoir conduit Papi à l’auberge, nous avons remarqué que sa jambe était légèrement enflée, mais rien de grave à première vue. Après avoir pris soin des chevaux, épuisés, nous sommes retournés directement dans notre chambre. Le départ est prévu tôt demain matin, et nos bagages sont prêts.
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