25.    Fin du voyage

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Nous arrivons en gare de McCook notre dernière étape avant Denver. Nous sommes heureux, le voyage prend fin, le calme de la maison me manque. Kalia et moi, nous somnolons sa tête sur mon épaule.

Une voix nous tire de notre torpeur.

- M. Hunter, il y a un M. Hunter ?

- Ne peut-on pas être tranquille un instant ?

- M. Hunter, M. Michael Hunter est-il là ?

- Oui, qui le demande ?

- Enfin, je vous cherche partout.

- Monsieur ?

- Pardon, je suis M. Green l'adjoint au maire de Denver, la ville vous accueille comme un héros, le dernier article dans le journal a mis le feu aux poudres. Il est même question de "La Médaille d’or du Congrès".

- Il ne peut en être question, nous n’avons aucune tenue convenable.

- Je m'occupe de tout, j'ai un costume pour vous, vos bagages, la gare est envahie, la foule est partout, le service d'ordre submergé, je dois vous faire sortir par une annexe.

Je cligne des yeux. Un héros ? Moi ? Comment cet article a-t-il pu provoquer un tel tumulte ? J’aurais préféré qu’on nous laisse simplement rentrer chez nous, une foule de questions surgissent.

- Mais, je n'ai rien demandé et ma fiancée, mon grand-père, et puis nos chevaux ?

- Une chose à la fois, les chevaux seront bien au chaud pas de souci, de même que vos bagages.

Vous vous changerez, nous irons ensuite dans le dernier Wagon, et là, nous vous ferons sortir discrètement.

À tour de rôle, nous nous changeons dans notre compartiment, j'en profite pour regarder à travers la fenêtre du wagon, j’aperçois une masse compacte de visages, des gens qui attendent, massés sur les quais de la gare qui scandent mon prénom, le train avance lentement. La gare semble trop petite pour contenir ce tumulte. Mon cœur bat plus vite que nous arrive-t-il ? Je serre instinctivement la poignée de la fenêtre. j'aimerai tant me réfugier auprès de maman, mais tu n'es plus un enfant maintenant, tu dois leur montrer que c'est toi qui décides.

- M. Green, nous sommes prêts, comment comptez-vous nous sortir de là ?

- Nous allons ouvrir la portière côté voie, il y a une sortie pour les marchandises une voiture vous attend et nous conduit sur la place de la mairie.

- Mais pourquoi faire ?

- Les habitants de la ville souhaitent vous voir depuis l'accident de l'autocar. Vous avez sauvé la fille du plus gros industriel de la région, il tient à vous féliciter personnellement, le journal a raconté votre traversée de l'Amérique comme un feuilleton, que tout le monde attendait chaque mois. Avec l'arrestation des gangsters à Columbia, eux, qui tenaient en échec la police depuis des années et toi tel Wyatt Earp, tu tires plus vite qu’eux, et tu les neutralises. Le commissaire l'a écrit dans son rapport : Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi courageux et rapide, il m'a impressionné.

Vite, il faut descendre.

Ma main reste figée sur la poignée. Une partie de moi veut reculer, disparaître dans l’anonymat du train. Mais il est trop tard. Je prends une inspiration profonde et prends la main de Kalia.

- Papi passe devant, nous allons traverser les voies, pour sortir par le portillon, il faut faire vite sinon, on risque d'être bloqués.

Les voix résonnent comme une vague, la foule remonte, frappant les parois du train. Je sens le sol vibrer sous moi, la gare entière semble en ébullition.

Nous sommes sur le ballast, puis nous arrivons au portillon, il est fermé, au loin, la foule nous aperçoit, Kalia tient mon bras, un agent nous ouvre, puis referme derrière M. Green. La voiture est là, nous montons rapidement, elle démarre.

Elle nous conduit dans la rue qui jouxte l'arrière de la mairie, il y a une porte dérobée. M. Green nous briffe.

- nous monterons à l'étage rejoindre monsieur le maire. Il va faire un discours ensuite, tu seras à ses côtés, non, vous serez à ses côtés.

- Qui ça nous ? Demande Papi.

- Tous les trois bien sûr. Il te donnera la parole.

- Je n'ai jamais fait de discours.

Papi intervient.

- Auriez-vous une feuille de papier et un stylo ?

Green cherche dans la boite à gants. Et tend le nécessaire à Papi. Il écrit en silence. Le temps passe vite…

- Voilà Michael, tu lis plusieurs fois, le moment venu les mots viendront tout seul.

- Tu rigoles, je ne suis pas capable.

- Repense à tous les exercices que tu as fait.

Michael se penche sur le texte, Kalia lit aussi.

La voiture se gare devant une porte de la mairie. Nous montons.

- Enfin, vous voilà !

- M. le maire, je vous présente Kalia qui est avec Michael et son Grand Père Anton.

- Suivez-moi.

Devant le balcon, il nous fait signe d'attendre.

- je commence mon discours, ensuite, je vous présente et vous apparaissez.

Une fois sur le balcon, la foule se déchaîne. M., le maire appelle au calme, il prend la parole.

- Vous avez tous entendu parler de Michael.

- Ouiii ! . La foule crie.

- Etes-vous sûr qu'il existe ? Où est-il ? Comment est-il ? Personne ne l’a vue.

Le bruit est indescriptible. La population est surprise.

- Bien sûr, nous savons tous qu'une vingtaine d'enfants de notre ville sont encore en vie grâce à lui…

- Si je vous dis que Michael, Kalia, sa fiancée et son grand-père sont là, juste derrière moi...

- Voulez-vous les appeller ?

- Ouiii ! Michael – Michael – Michael…C’est du délire.

Le maire nous fait signe, nous avançons, la foule est là impatiente. Le maire demande le silence, puis

nous interroge.

- est-il vrai que vous avez parcouru d'Ouest en Est les Etats Unis soit plus de 2600 Km ?

Je m'avance, et prend la parole.

- Effectivement, nous avons fait un voyage à cheval, sur plusieurs mois, le hasard a voulu que de nombreuses aventures se présentent à nous. La première est la rencontre d'un autobus en mauvaise situation, nous sommes intervenus comme chacun d'entre vous l'aurait fait.

- Comme vous pouvez le constater, Michael est un garçon très modeste, il va nous dire son comportement envers un cirque en difficulté.

Kalia, prend alors la parole.

- si vous le permettez, je suis la fille de Louis le directeur du cirque et Michael, avec sa gentillesse habituelle et son talent, nous a simplement sortie d'une M... pas possible Passez-moi l'expression.

Tout le monde rigole. Le maire reprend la parole

- Tous les exploits de Michael sont dans les journaux, je dois juste signaler que le président des Etats Unis l'a félicité lors de la commémoration de la victoire de Gettysburg et aujourd'hui, je lui remets un chèque de 100.000 dollars en récompense de toutes ses bonnes actions et j'invite la jeunesse de notre pays à suivre son exemple.

Michael, redresse la tête et regarde la foule.

- Je tiens à vous remercier tous autant que vous êtes, il est pour moi impossible d'accepter une telle somme pour un comportement si naturel. Je donnerai cette somme à des organismes de charité pour perpétuer mon action et ainsi aider des gens dans la besoin.

Un silence tombe, c'est la stupéfaction. Puis, comme une vague, les applaudissements explosent. Ils ne saluent plus seulement ses exploits, mais sa générosité, son humilité. Il n’est plus seulement un héros… Il est une inspiration.

Kalia m’embrasse avec fougue, tu es un être exceptionnel me dit-elle.

Le maire poursuit et finit son discours, en saluant la foule à notre tour nous saluons sans pouvoir partir, les rappels sont si pressants. Un fois rentrés M. le maire nous invite au repas servi en notre honneur.

La table est dressée, je souris à Papi, il avait tout prévu, il nous a même appris à nous tenir à table.

Le dîner prend une tournure plus solennelle avec la présence de l’industriel. Dès l’entrée dans la salle, une atmosphère distinguée s’installe. Les convives sont attentifs, et l’industriel, un homme imposant au regard perçant, se lève pour parler.

- Michael, je n’ai pas assez de mots pour exprimer ma reconnaissance. Si vous n’aviez pas été là ce jour-là, ma fille… Il s’interrompt, sa voix légèrement tremblante. … Elle ne serait peut-être plus avec nous aujourd’hui. Vous avez non seulement sauvé des vies, mais vous avez donné de l’espoir à notre communauté.

Il sort un petit coffret et l’ouvre devant lui.

Un pistolet Smith & Wesson 1185. Calibre 38, gravé repose à l’intérieur.

- Cette arme est une modeste marque de ma gratitude. Elle appartenait à mon père, un homme qui croyait en l’honneur et en la bravoure. Aujourd’hui, elle vous revient, Michael, parce que vous incarnez ces valeurs.

Michael observe le pistolet, puis relève les yeux vers l’industriel. Il n’aime pas ces démonstrations publiques, mais il devine que ce geste va bien au-delà d’une simple récompense.
C’est la gratitude d’un père. Un remerciement pour celui qui a sauvé son enfant. Il sait qu’il ne peut refuser sans le blesser.

Il prend une inspiration et répond calmement :

- Je suis très honoré par ce cadeau. Je n’ai jamais voulu être un héros, ce que j’ai fait, n’importe qui aurait pu le faire. J’espère seulement que votre fille se remet bien et qu’elle pourra poursuivre ses rêves.

Kalia sourit et pose une main sur celle de Michael.

- Tu ne réalises pas à quel point tu es admirable Michael. Ce voyage a été une aventure, mais aussi une leçon pour nous tous…

Les convives hochent la tête. Il n’est plus simplement un héros des journaux, il est un homme qui inspire ceux qui l’entourent.

La conversation reprend, entre anecdotes du voyage et réflexions sur ce que signifie être un héros malgré soi. Une certaine chaleur remplit la salle, et Michael commence à accepter, à sa manière, le rôle qu’on veut lui donner.

Papi regarde le garçon qu’il a vu grandir, il est fier.

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