12.    Le spectacle

7 minutes de lecture

« Le présentateur nous annonce :

— Maintenant voici. Le jeune Michael et sa jument Saida, je dois vous dire, qu’ils sont arrivés au cirque hier soir seulement, Michael accompagne son grand-père sur la tombe de l’aïeul mort à la bataille de Gettysburg. Ils sont partis de Denver et envisagent de traverser les Etats-Unis à cheval, je vous demande de leur faire une ovation. Michael et Saida.

L’instrument de musique est installé au milieu de la piste, j'installe Saida de façon à ce que les spectateurs ne ratent aucun de ses mouvements, je me place de l’autre côté.

— Je vous avais promis de revenir, nous voici. J’ai devant moi un xylophone, je prends un maillet et percute la note Fa. À toi Saida.

Aussitôt, Saida actionne la pédale du fa, qui retentit à son tour, je percute à nouveau le fa sur le xylophone, la patte actionne le fa, je fais un do, un sol à chaque fois Saida réagit comme il faut.

Saida reconnaît les notes, mais une mélodie, quand pensez-vous ?

— Oui, Oui

Je joue sur le xylophone : Do - Fa - Sol - Do - Fa - Sol - Do - Fa - Sol - Fa – Do, Saida me regarde et fait non avec sa tête, c’est trop drôle, tout le monde rigole, je reprends, Do - Fa - Sol - Do - Fa - Sol - Do - Fa - Sol - Fa – Do, À toi Saida, cette fois, elle exécute à son tour : Do - Fa - Sol - Do - Fa - Sol - Do - Fa - Sol - Fa – Do.

— Cette jument est formidable, vous ne trouvez pas ? Un peu plus difficile, on tente ?

— OUIIIIIIIIIII !!!

Avec le maillet, je percute cette mélodie : Do - Fa - Mi - Sol - Fa - Do - Mi - Fa - Sol - Fa - Mi - Do

— À toi Saida

Saida me tourne le dos.

— Ah ben non Saida, tu ne peux pas me faire ça ?

C’est la rigolade, je me présente devant la jument à nouveau, elle me tourne le dos. Alors je lui prends l’encolure et lui demande gentiment.

— Saida, fais-moi plaisir, je sais ce n’est pas facile, mais tu peux le faire, si tu le fais demain, tu auras une surprise. »

Aussitôt, Saida se met en place. Je rejoue la mélodie : Do - Fa - Mi - Sol - Fa - Do - Mi - Fa - Sol - Fa – Mi - Do.

Elle enchaîne juste après moi : Do - Fa - Mi - Sol - Fa - Do - Mi - Fa - Sol - Fa - Mi - Do et Do - Fa - Mi - Sol - Fa - Do - Mi - Fa - Sol - Fa - Mi - Do.

Le public l’applaudit, après avoir fait un tour complet, salués et avoir été rappelés plusieurs fois, nous sommes sortis. J’ai croisé le trio avec Kalia, c’était le final, nos regards se sont croisés, elle me sourit, j’en suis incapable, je lui fais un petit geste d’encouragement.

Une fois Saida choyée et récompensée, je suis retourné à la roulotte et là, je me suis endormi.

« Papi, me réveille vers 19 heures.

— il faut que tu te restaures, le spectacle de 21 heures approche.

— Comment cela s’est terminé ?

— Super pourquoi ? Ha, je comprends, tu t’inquiètes pour Kalia, elle va bien, elle assure.

— Je vais manger un peu. »

La soirée est vite passée, je n’ai pas revu Kalia, je retourne en piste bientôt, je cherche kalia du regard, je ne la vois nulle part. Après notre deuxième prestation, nous croisons enfin Kalia, elle me dit on se retrouve tout à l’heure.

« Une fois les petits soins effectués à Saida, je reste auprès d’elle en attendant Kalia, enfin, elle arrive.

— Je pensais bien que je te trouverais ici.

— Où étais-tu passé ?

— Nos chevaux ont été retrouvés et restitués, mais ils sont mal en point, rien de grave, ils ont besoin de repos et de soins.

— Comment les a-t-on trouvés ?

— La police a surveillé deux voleurs de chevaux récidivistes, ils les ont surpris en train de charger les chevaux dans un petit camion. Il y a eu une course-poursuite et le camion a été intercepté à un carrefour. Ils comptaient prendre un train. Papa gère ce genre de situation avec le commissaire.

  Tu ne m’avais pas dit que tu étais le roi de la piste ? Tu m’as volé la vedette, les gens ne parlaient que de toi, il a fallu un bon moment pour qu’ils daignent lever la tête.

— Pardon, je ne voulais pas, c’est toi la grande artiste.

— Je plaisante, je suis très fière de toi et de Saida, normalement, il faut des semaines de répétition pour obtenir ce genre de prestation et toi en quelques heures, tu assures mieux que quiconque. Viens là ! Embrasse-moi !

  Je dois y aller maintenant. Retrouve-moi ce soir à la roulotte fourre-tout. »

« J’ai retrouvé Papi.

— Alors, tu dois être fier ton numéro a beaucoup plu, comment as-tu fais pour apprendre la musique à Saida ?

— Après lui avoir montré, elle a tout de suite assimilé les différentes notes. Je lui ai montré ce que j’attendais d’elle : je percute une note et elle, n’a plus qu’à la reproduire.

Fastoche pour elle et un jeu d’enfant pour lui faire jouer un simulacre de caprice, pour la mélodie, elle m’a surpris moi-même. C’est un cheval de foire. Je n’ai pas beaucoup de temps pour toi, tu ne t’ennuies pas trop ?

— Penses-tu tout le monde veut savoir qui tu es, d’où tu viens, qui t’a appris à dresser les chevaux ?

— Qui ça ?

— Je ne sais pas trop, il y a une jeune femme qui voulait tout savoir sur toi, mais je ne la connais pas.

— Cette journée a été épuisante, tu n’as pas faim ?

— Si, allons manger quelque chose.

Il est presque une heure du matin quand nous retournons à la roulotte, je laisse Papi en trouvant une excuse, et cherche la roulotte fourretout, elle est là,

« je frappe à la porte.

— Tu es là, tu en a mis un temps, elle m’attire contre elle. Notre étreinte est de plus en plus fougueuse. Je caresse son corps sous sa robe légère...

PAM PAM PAM, on frappe à la porte.

— Kalia sort de là.

— C’est mon père, j’y vais.

— Hé toi Michael, on s’explique demain. »

Une fois dans mon lit, je tourne et retourne, sans trouver le sommeil. « Au petit matin Papi m’interroge :

— Que t’arrive-t-il, pourquoi as-tu mal dormi ?

Je lui explique l’intervention de Louis.

— Un père se doit de défendre sa fille.

— Mais je ne lui veux aucun mal.

— Bien sûr et il le sait, mais d’un amour peut naitre un enfant, imagine Kalia qui attend un enfant, elle partit vers l’ouest et toi chevauchant vers l’est.

— Un enfant, il faut le vouloir.

— Comment fais-tu pour le vouloir ?

— Ce n’est pas la femme qui décide ?

— Non, seul, l’acte d’amour suffit, Toi et Kalia vous êtes attirés l’un par l’autre et la nature profite de cet état de fait pour vous reproduire. Il faut que tu sois très prudent et évite de copuler avec Kalia.

— C’est dur de résister, si Louis n’était pas intervenu, nous l’aurions fait, je pense.

— Sois honnête avec Louis, il appréciera ta franchise. »

« Je suis allé voir Louis dès le matin.

— Michael, c’est bien que tu sois venu me voir, viens par-là, je dois te dire ce que je pense…

Michael, je t’apprécie beaucoup, ma fille est amoureuse de toi, je l’ai de suite vue, il ne faut pas brusquer les choses, tu as 19 ans et elle 18 ans.

— Je l’aime moi aussi.

— La vie n’est pas toujours facile et vos routes vont bientôt prendre…

— Oui des directions opposées.

Kalia, qui se dirige vers les box tombe sur son père et Michael, elle se cache et écoute.

Oui j’ai réfléchi, Je vous remercie pour hier au soir, je vous promets que cela, ne se reproduira plus, nous allons reprendre la route dans deux ou trois jours.

— Tu es un garçon à qui l’on peut faire confiance. Serre moi la main. »

Kalia n’en croit pas ses oreilles, il est d’accord avec père, c’était donc ça. Il ne pense qu’à repartir. Elle décide donc de tout faire pour éviter Michael.

Les jours passent vite, Michael ne comprend pas pourquoi, il ne voit plus Kalia, même quand il sort de la piste, il croise Louis et son frère, mais pas Kalia. Il entre sous le chapiteau, elle est déjà là-haut, son père et son oncle se mettent en place, je m’efforce de regarder, elle vole de l’un à l’autre, je m’aperçois que de temps en temps, elle me regarde et prend de plus en plus de risques, je préfère sortir et l’attendre dehors. J’entends les applaudissements le spectacle se termine.

Elle ne sort pas, il doit-il y avoir une sortie que je ne connais pas.

« Le jour du départ, en désespoir de cause, j’aborde Sania.

— Bonjour Sania, j’ai peut-être blessé Kalia…

— Ha, tu peux le dire, la pauvre petite, tu lui as brisé le cœur.

  Tu as dit à son père que tu ne la reverrais plus, jusqu’à votre départ.

— Oui, mais non, je ne l’ai pas dit dans ce sens-là. Je lui ai promis de ne pas profiter de sa fille, d’autant plus que nos routes se séparent.

— Je comprends mieux, c’est tout à ton honneur de respecter Kalia, je vais de ce pas dissiper ce malentendu.

— Merci Sania. Dis-lui, que je l’aime. »

« Nos chevaux sont prêts à partir, Papi me presse.

— Il faut y aller.

— Oui, attends un peu.

— Ne sois pas triste, si tu dois la revoir…

— Tu as raison, marchons doucement. »

Nous marchons au pas sans rien dire, Papi respecte ma tristesse, dans la soirée, il me parle des champs de bataille. Mais pour moi, le cœur n'y est pas.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Dreumont ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0