En avril, sûrement. Au temps de Pâques, assurément.

Lorsque la fleur naît sur l’herbe, et que les phénix entonnent leur chant avec allégresse.

Lorsque le chat chaparde dans le champ et que la chandelle cesse de chantonner.

Lorsque les oisillons s’échappent de leurs coquilles, non sans maladresses.

Lorsque s’assagissent les saisons et que la Salvation sort de sa tanière pour se faire sanctifier.

Lorsque la pâquerette est et le muguet point encore.

Lorsque le jongleur rejoue joyeusement de son jarana et joute verbalement ceux qui passent leur vie à se jolier.

Lorsque l’astre céleste sonne le point du jour et recouvre les étendues de blé de ses rayons d’or.

Lorsque les moineaux mâchonnent leurs graines et que les merlans remontent dans la mer.

Lorsque les prés se verdissent et les bois se feuillent.

Lorsque le forage des fourmis est finalement fini.

Lorsque les dernières tombées blanches de l’hiver sont balayées des seuils.

Lorsque les nouvelles des nouveaux-nés de la nature ne [commencent qu’à se faire claires.]

Lorsque les rivières, à l’énergie déchaînée durant le temps du déclin, regagnent, apaisées, leur lit.

Lorsque chuchotent les chants des chardons chahutés par les vies.

Lorsque les rongeurs, dissimulés sous le sol toute la froide saison, emplissent l’espace, de nouveau, de leurs cris.

Lorsque les loirs lovés dans leurs lits se lassent de la longueur hivernale.

Lorsque la nature revêt son manteau herbacé.

Lorsque les premières lueurs du soleil traversent la vitre et parcourent le parquet, jusqu’au pied du lit à baldaquins où l’obscurité les force à s’arrêter.

Lorsque le vent s’engouffre dans la fenêtre tout juste ouverte pour faire se soulever les rideaux en coton fraîchement lavés, apportant odeur de lavande sur leur passage.

Lorsque le souffle de la Nature vient titiller la forme étendue sur le matelas, encore troublée par ses songes et leurs présages.

Lorsque le corps, enfin, se lève, s’étire et observe le monde se déployer tout autour de lui.

Lorsque la mise en place s’est achevée.

Lorsque la reverdie est accomplie.

Alors seulement l’histoire peut commencer.