L’INCROYABLE ENQUÊTE PAS PIQUÉE DES HANNETONS

6 minutes de lecture

12:05 Appartement N°45 Ciottoli Avenue

Roger arriva dans le salon, escorté de deux gardes du corps. Le caillou, ne sachant plus quoi faire, avait finalement décidé de passer le cap et d’aller demander directement de l’aide à la pierre la plus influente de la ville. La pièce n’était qu’à demi éclairée et assise sur son fauteuil, une vieille hématite grise le toisait du regard. Roger n’en croyait pas ses yeux : il avait devant lui le parrain en personne, le Boss, le grand et l’unique Rocky “Mouse” Boboa. Celui-ci prit la parole avec un léger accent italien :

  • Mes amis m’ont dit que tu avais des ennuis.
  • O-Oui, monsieur, bredouilla la vieille pierre.
  • Énonce-moi tes problèmes et je verrais ce que je peux faire.
  • Il y a trois mois, une pierre du nom de Brian a ouvert une boutique près de la mienne. Le souci c’est qu’il vend exactement la même chose que moi mais il brade tous ses prix. Après lui avoir parlé, il m’a avoué à demi-mots qu’il récupérait ses articles auprès de l’un de vos cailloux. J’aimerais savoir si nous ne pouvions pas trouver un compromis car ma boutique est tout ce que j’ai et je risque de tout perdre si la situation ne s’arrange pas pour moi dans les prochains mois. J’ai déjà le fisc sur le dos…
  • Je vois. Eh, Giovanni, dit alors Mouse en s’adressant à l’un de ses cailloux. Qu’est ce que l’on sait à propos de ça ? Je ne crois pas avoir donné mon autorisation pour ça.
  • Effectivement, boss. Vous voulez que j’enquête ?
  • Oui, oui. Fais donc ça. Il est hors de question qu’un citoyen de notre belle cité soit impacté par nos activités. Combien as-tu perdu, mon ami ?
  • J’ai un déficit de cinquante mille joyaux, monsieur.
  • Bien… répondit-il en appuyant sur l’un des boutons de son téléphone. Jade ? Apportez-nous un café s’il vous plaît.
  • Bien monsieur, affirma une voix féminine depuis le haut-parleur.
  • Heinrich ?
  • Oui, Boss ?
  • Tu t’occuperas de rembourser cette pierre avec disons… trente sept pourcents de dédommagements.
  • C’est comme si c’était fait, Boss.
  • Je… je ne sais pas comment vous remercier, vous êtes trop bon !
  • Ce n’est rien. Il est midi et j’ai faim. Giuseppe, je te laisse accompagner ce brave caillou au Little Brik, nous lui offrons le repas pour ce midi. Heinrich, on y va.
  • Bien sûr, Boss.
  • Merci, monsieur ! Merci mille fois !

02:35 Quartier résidentiel de Malachite (à quinze minutes de Cristal Capital)

Assis dans leur voiture, Johnson et Shepard s’embrassaient langoureusement.

  • Euh, attends, on n’a pas loupé un épisode là ?

Timmy ? Tu es revenu ?!

  • Bin oui, quand je vois ce genre d’incohérence… Je me dis qu’au final tu ne feras rien sans moi. Je suis devenu indispensable !

Pour ton info, je comptais annoncer que cela faisait maintenant six mois que l’enquête avait commencé…

  • Six mois ?! Mais bon sang, il s’est passé quoi entre temps ?

Timmy, si tu ne me laisses pas le temps d’écrire, comment veux-tu que j’explique ce qu’il se passe ?!

  • Tu as qu’à arrêter de faire autant de saut dans le temps aussi ! Là, ça n’a plus aucun sens et je ne vois toujours pas le rapport entre cette enquête et le fait que Justin veuille devenir un caillou catcheur ! Voilà maintenant deux saisons que tu nous prends le pompon avec cette histoire et pour quoi au final ?

Je vais te frapper tellement fort que tu vas vite dégager de mon histoire, je te le dis. Tu commences à m’emmerder ! Si tu m’avais laissé le temps de narrer, j’aurais expliqué que Sand Dy, malgré tous ses efforts, parvient difficilement à obtenir des renseignements, d’où le fait que l’enquête piétine !

  • Alors je veux bien mais piétiner, c’est une expression d’humain, nous les cailloux, on ne piétine pas, on roule sur place.

Bon… alors l’enquête roule sur place ce qui fait que je n’avais pas besoin de narrer les évènements ! Puis les ellipses c’est commun dans beaucoup d’histoires, j’te ferais remarquer.

  • Ok, ok… je te laisse finir ton truc mais quand même…

Merci ! Donc… nous voilà six mois plus tard. Shepard et Johnson avaient fini par s’embrasser après un énième dîner. Les voilà donc, tous deux à se bécoter, dans l’attente de Gravier qui d’ailleurs arrive :

  • Excusez-moi du retard, dit-il en entrant dans la voiture.
  • Pas de problème, quelles sont les nouvelles ? demanda l’adjointe.
  • Sand m’a donné cette adresse. D’où le rendez-vous ici...
  • On va y trouver quoi ? demanda Shepard.
  • Nous sommes dans l’une des maisons secondaires de Rocky. Heinrich adore y emmener notre indic’ afin de faire leurs affaires ici. L’autre jour, il l’a même laissée seule plus d’une heure parce que Mouse l’avait appelé en urgence. Mais n’ayant pas pu finir, il lui a demandé de l’attendre et elle en a profité pour fouiller la maison. D’après elle, il y a un bureau avec un coffre fort. Il doit y avoir des documents importants dedans.
  • Attends une minute, tu ne comptes tout de même pas…
  • Johnson, avec tout le respect que je te dois, si on ne force pas un peu le destin, nous n’y arriverons jamais.
  • Je suis d’accord, s’exprima l’adjointe.
  • Quoi ?! Pas toi !
  • Écoutes, nous n’arrivons à rien depuis plus de six mois maintenant. Il a des politiciens dans sa poche et il a de nombreuses relations. Il faut nous adapter.
  • Très bien…. soupira le shérif. On y va.

Les trois cailloux sortirent de la voiture et roulèrent en file indienne jusqu’à la clôture de la maison. Johnson fit la courte échelle à Shepard et Escuella, qui l’aida ensuite à grimper. Ils allèrent ensuite vers la maison et regardèrent l’intérieur. Depuis l’une des fenêtres, ils observèrent une petite caillette qui regardait la télé. Après avoir fait le tour de la maison, ils décidèrent de grimper à une liane qui longeait la bâtisse, les menant à l’étage. De là, ils purent sauter sur un balcon et Gravier sortit de sa poche un kit de crochetage. Il ouvrit la porte en moins de deux et tous entrèrent dans la maison. Alors qu’ils cherchaient le fameux bureau, Shepard ouvrit une porte et ne voyant rien, elle alluma la lumière. Là, elle vit un petit caillou d’à peine trois ans qui se réveilla. D’un geste rapide, l’adjointe éteignit la lumière.

  • Il y a quelqu’un ? demanda la pierre.

Shepard se tenait à cinq mètres de lui, et n’osa plus sortir de la pièce.

  • Il y a quelqu’un ? répéta-t-il.

N’entendant aucune réponse, les larmes montèrent aux yeux du cailleton qui se mit à sangloter. Sans réfléchir, la jeune flic se jeta sur lui et lui fit un câlin :

  • Ce n’est rien… ce n’est que moi…
  • Q-Qui es-tu ?
  • Quelqu’un qui te veut du bien. Viens, je vais te recoucher.

Une fois au lit, la pierrette borda le caillou et l’embrassa sur le front.

  • Rendors-toi mon petit.
  • Mais j’ai peur du noir…
  • Ne t’en fais pas. Je suis là. Je te protègerai.
  • Est-ce que tu es un ange ?
  • Pas tout à fait… sourit-elle. Mais tu ne crains rien avec moi.

Après cinq minutes, elle se releva et sortit de la pièce sur la pointe. Elle rejoignit ses deux collègues qui avaient trouvé le bureau. Gravier ressortit ses outils et ouvrit le coffre en moins de deux. Ils cherchèrent des documents intéressants lorsque soudain :

  • J’ai trouvé ! chuchota Johnson. Regardez, ici. Un acte de rachat pour la société Frangine.
  • Frangine ? Mais, ils font de la farine… pourquoi Mouse irait-il racheter une telle entreprise ?
  • Aucune idée mais il faudrait peut-être enquêter sur leurs entrepôts, affirma Gravier.
  • Bonne idée. Allez, on sort d’ici.

Et voilà ! La fin d’un autre chapitre ! L’histoire avance petit à petit et l’étau se resserre sur Rocky “Mouse” Boboa ! Le suspens est à son comble ! Prochain chapitre : UNE QUETE INCROYABLEMENT LONGUE !

  • Euh… Excusez-moi…

Oui ?

  • C’est ici le bureau des réclamations ?

Pas vraiment, mais bon, au point où j’en suis, que puis-je pour vous ?

  • Lorsque j’ai passé le casting pour le rôle de la secrétaire du grand méchant, je dois avouer que je m’attendais à un peu mieux. Avouez-le, vous m’avez prise uniquement à cause de mon prénom ?

Votre prénom ? Mais non voyons ! Bien que Jade soit très jolie, tout comme la pierre, jamais Ô grand jamais je n’aurais fait une telle chose !

  • Donc, je peux espérer mieux la prochaine fois que juste un petit passage éclair où l’on me demande un café alors qu’en fait, il ne le boit même pas ?

A vrai dire, je ne suis pas sûr que les cailloux aiment le café. Écoutez, je vais voir ce que je peux faire pour vous donner un meilleur rôle.

  • Merci…

J’ai vraiment l’impression d’être l’esclave de mes personnages, je n’aime pas du tout ça…

  • Vous disiez ?

Rien, rien…

Annotations

Vous aimez lire Pouic & Piou ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0