Chapitre 3

13 minutes de lecture

Solange pousse un long soupir rempli de fatigue. Elle ferme la porte à triple tour, allume son petit studio et jette les clés sur la table. Se déchaussant, laissant presque une flaque d'eau sur son passage, elle fonce prendre une douche chaude et bien méritée.

Elle démêle difficilement sa tresse, retire ses vêtements mouillés qui lui collent à la peau et se met sous un jet d'eau brûlant. La jeune femme pousse cette fois un soupir de satisfaction. Profitant de la chaleur de l'eau pour détendre son corps.

Passant ses mains recouvertes de shampoing sur ses long cheveux brun, Solange ressasse les paroles de la sirène. Elle a beau tourner la phrase dans tous les sens, elle n'arrive pas à savoir de qui il peut bien parler.

Les clients, ils ont l’hypothèse, non, c’est même une certitude qu’ils s’agit des Haut Dirigeant, mais ils n’ont aucune preuve.

Et cet artefact ? Popesco en parlé comme s'il s’agissait d’une personne… vivante…

Non. Solange laisse le jet d’eau frapper son visage. Elle doit se faire des idées. Une simple impression. Les artéfacts sont des armes enchantées qui datent de l'Ancien Monde détruit il y a trois milles ans.

Non, vraiment, aucune piste crédible.

D'autant plus que Jon et Allison n'ont pas pu leur partager les maigres informations qu'ils ont trouvé à cause de la présence des SS au commissariat. C'était trop risqué pour eux. Solange devra attendre encore un peu.

Enroulant une serviette autour de son corps, elle met ses cheveux dans une serviette chauffante et part se prendre un pyjama dans son armoire.

En s'habillant dans sa chambre, ses yeux se posent sur le cadre qui traine à côté de son réveil numérique. Elle s'y attarde quelques secondes, retraçant du regard ce groupe d'enfants. Se remémorant ses moments tendres de cette époque.

La jeune femme détourne les yeux, vide, sans étincelle. Passant le pas de la porte, elle entre dans sa petite cuisine ouverte sur son salon. Met un plat préparé dans le micro-onde, allume la télé et met la chaîne d'information.

Comme elle le pensée, un article apparaît sur eux avec comme photo l'image d'Allison qui donne Popesco aux gendarmes. Pour ensuite passer sur une photo montrant le groupe monter dans la voiture. Une autre encore, montré la foule en délire, levant plusieurs pancartes avec écrit "Mort à l'anarchie".

La dernière image montre un agitateur jeter une bouteille dans leur direction. Mais ce qui attire l'attention, en dehors de la violence du geste, c'est le symbole de la dissidence sur son bras. La tête d'un fou tirant la langue transpercée d’une dague.

Solange ne prend même pas la peine de lire le titre. Surement un truc du genre "une altercation armée entre la population et les force de l'ordre."

En changeant de chaîne, elle atterrit sur l'émission "C'est à vous de parler". Elle est animée par l'elfe Elbereth Candylianne, grande défenseuse des Droits des Hommes, qui se prend encore la tête avec le vampire Kleitos Delenikas, un fonctionnaire du Conseil des Haut Dirigeant, chargé de la communication et de l’information.

Sans surprise, le sujet du débat porte sur les marqués. Ces êtres aux pouvoir qui dépasse l'entendement et reconnaissable par une, ou plusieurs marque noir sur le corps. Ils existent depuis des siècles et sont vus d'un mauvais œil non seulement à cause de leur pouvoir incontrôlable, mais aussi à cause de leur destin.

Mais leur existence est encore plus contestée depuis que l'un d'eux a détruit un quartier entier à lui seul. Depuis, ce quartier est inhabitable et laissé à l’abandon.

-Leur existence même est un danger pour le reste des habitants. Je n'ai pas besoin de vous rappeler ce qui est arrivé au quartier dix-neuf, les centaines de morts et le millier de blessés et de réfugiés que cela a provoqué, dit le vampire aux yeux rouge sombre et terne. Il ne reste rien à part des ruines et des rues abandonnées . Donc je me répète, il faut réunir tous ses marqués et les laisser vivre en cluster dans un seul et unique quartier qui leur sera dédié où ils pourront travailler et vivre sereinement.

-Autrement dit, vous voulez créer un goulag pour marquer, rétorque l'elfe les sourcil froncés. Pourquoi ne pas construire un camp de concentration tant qu'on y est. Ce n'est pas une solution sur le long terme. Ce qu'il faut, c'est créer des infrastructures dans chaque quartier ou des enseignant spécialisé pourront enseigner au marqués à maîtriser leur pouvoir.

-Avec quelle revenue vous voulez faire ça ? Quel personne diplomé et spécialisé s’occuperont d’eux ? Qui en prendra la charge ? Enchaîne Kleitos sans laisser à l’elfe la possibilité de répondre. Pourrez vous prendre la responsabilité de l’échec que cela engendrera ?

-Pourquoi forcément un échec ? Cela pourré être une réussite, répond avec véhémence la femme. Plusieurs personnes soutiennent cette idée, notamment la jeune génération ou les habitants des quartiers défavorisés qui se sentent abandonnés par les Dirigeants tout comme les marqués. D’ailleurs, presque une famille sur cinq à un ou plusieurs membres qui sont marqués d’après la dernière études sur les familles de la Cité. Tandis que ces Haut Dirigeants, ces hommes et femmes à la tête de notre société, et membre du cercle intérieur semble ne plus se préoccuper du bas peuple et des reclus. Si nous créons ses infrastructures alors nous aurons non seulement des marqués, mais aussi un mélange d’horizons qui viendront trouver refuge. Ces jeunes gens trouveront enfin leur place.

-Je reviens sur le fait que les Dirigeant ont déjà à plusieurs reprises tenté d’aider ces reclus comme vous dites, dois-je vous faire rappeler le résultat ? Une attaque terroriste lors de l’ouverture du foyer pour les marqués mineurs. Une attaque proclamé par les Dissidents, disant qu’ils mettent un terme à cette farce de mauvais goût. Cela à fait la une de la presse durant un mois entier, les tensions n’ont jamais été aussi palpables. D’autant plus que ce n’est pas l’unique attaque qu’ils proclament.

-Vous parlez de ce foyer qui ressemblé plus à une prison pour mineurs, tente de contredire Elbereth.

-Les Dissidents ne cesse d’apparaître quand il s’agit des marqués. Tel des défenseurs en cape blanche, alors que ce ne sont que de simples clowns. Ils visent les Dirigeants indirectement pour les menacer de retourner vivre sur Ruh’témia en affirmant que nôtre Cité qui a sauvé la vie de nos aïeules n’est qu’un cirque.

-Ils visent le changement en s'occupant directement de la tête du serpent, s’avance la femme les dents serré, mais ceux qui brise quelque chose pour apprendre ce qu’elle est s’est éloigné du chemin de la raison. Je n’approuve guère leurs actes terroristes et radicaux. Mais je suis leur courant, tout comme les jeunes d’aujourd’hui qui rêvent de voir leur terre natale, leur patrie. Voilà pourquoi ils rejoignent les Dissidents, l’elfe redresse ses épaules, le dos droit, bien décidé à mener cette dernière bataille avant la fin de l’émission. Vous parlez de la presse, cette même presse qui faisait circuler comme rumeur que les Dirigeant sont à la recherche de reliques ?

Kleitos est surpris par le changement soudain du sujet, mais grâce à son expérience, il se reprend bien vite.

-Exactement, ce ne sont que des rumeurs. Pour quelle raison les Haut Dirigeants auraient besoin de reliques ? De ce que je sais grâce à notre partenariat avec la Section Spécial, je peux affirmer que le Dirigeant de la paix et de la sécurité travaille sur l'affaire d’un énorme réseau de trafic de reliques d’armement datant de l'âge d’avant la Désolation. Ses armes magiques sont très dangereuses, d'autant plus dans les mains de Dissidents. Que dis-je, dans les mains de marqués. Un marqués non armé et déjà suffisamment dangereux comme ça.

-Je peux affirmer que les Dissidents ne sont pas des clients réguliers de ce réseau de trafic. Tout simplement parce qu’ils n’ont pas les moyens pour s’approprier des reliques, détectables par leur résonance magique. Ses chasseurs, ou plutôt explorateurs comme il se nomme, ne sont que des hommes qui saccagent la terre de nos ancêtres pour déterrer des reliques qu’ils peuvent revendre au plus acheteur. Qui sait, comme les Dirigeant par exemple.

-Les Haut Dirigeant ne…

-Je n'ai pas fini, coupe l’elfe en posant son coude sur la table, doigt pointé vers lui, accusateur, en tant qu’adulte nous devons défendre les Droits des Hommes mais à la place nous poussons à bout un jeune homme qui ignore tout de ses pouvoirs. Ce jeune marqué se défendait tout simplement contre des policier biens trop violents et trop brutaux dans leur arrestation. En faisant leur placage au sol, le policier a failli l’étrangler, lui provoquant un stress extrême et donc la libération de ses pouvoirs, causant la tragique destruction du quartier dix-neuf. C’est depuis cet événement que les Dissidents sont devenus un mouvement radical. Et les solutions tout aussi radicales des forces de l’ordre n'ont pas aidé à calmer les tensions. Laissant une atmosphère lourde est toxique dans toute la cité.

-Mais Candylianne, souvenez-vous que depuis la découverte de l’autre monde, les marqués n’ont cessé de représenter une menace envers la population, argue d’une voix lourde le vampire, se penchant en avant d’un air supérieur. Cela fait plus de trois cent ans que le monde à découvert l'existence de l’alter égo, et redécouvre le monde magique, ou les mythes sont réalité. Les marquer le sont depuis toujours, une source de terreur, une source de danger. Mais aussi, tous ceux qui ont croisé leur chemin ont eu un destin tragique. On ne devrait pas les appeler marqués de par leur physique, mais les Maudits à cause de leur existence même.

L’elfe serre la main en poings, les lèvres pincées, retenant sa rage. C’est avec un minimum de calme qu’elle répond.

-Maudit à cause de la société qui les discrimine depuis toujours. Même les enfants suivent l’exemple de leur parent. Détournant les yeux et le dos, ainsi que toute attention de leur détresse. D’autant plus que ça ne se limite pas qu'à eux. Maintenant même les médiums qui portent eux aussi des marques sur le corps se font traiter de marqué. Les portes se ferment les unes après les autres. Cela prend des proportions grotesques.

-Les elfes ont vraiment des soucis pour vivre en société, vous devriez quitter votre arbres pour découvrir la vie en ville, se moque le vampire en cachant à moitié son sourire derrière sa main.

-Et vous, vous devriez quitter votre manoir pour découvrir la vie dans les bas quartier ou mieux, faites un tour au quartier quinze. Apparemment votre Section Spécial à réussi à attraper un explorateur récemment. Cela pourrait être intéressant.

L’animateur de l’émission, jusque-là en retrait. Ne pus empêcher un sursaut quand un grognement monte dans la gorge du vampire. La sueur coulant de son front, il lance un regard de détresse à son supérieur qui lui fait signe de stopper le débat.

-Chère téléspectateurs, merci d’avoir suivit l’émission « C’est à vous de parler », nous nous retrouverons la semaine prochaine à la même heure avec l’invité surprise du mois. Bonne soirée à tous.

Solange attrape la télécommande à côté d’elle pour éteindre l’écran alors qu’une page de pub avec une musique digne des dessins animés d’il y a vingt ans tente de changer l’ambiance tendue du débat.

Quand bien même Elbereth tente de défendre les marqués et tous les reclus de la société, le vampire à raison, la peur que ressent la population face aux marqués est pratiquement inscrite dans leur instincts. L’éducation même leur apprend à se méfier d’eux. Leur puissance est bien supérieure à la moyenne. D’autant plus que, suivant le nombre de marques qu’ils portent, ils peuvent posséder le pouvoir de plusieurs espèces à la fois.

Solange plante la fourchette dans la viande hachée, mâchant très lentement le morceau, n’arrivant plus à s’alimenter depuis longtemps. Elle prend malgré tout son médicament quotidien en l’avalant avec un grand vers d’eau. Solange grimace au goût métallique de l’eau. En jetant un œil à son petit deux pièce, la jeune femme ne peux que soupirer de désolation.

Elle se souvient encore de sa vie quand elle était adolescente. Une jeune fille pleine de joie et insouciante à ce qui l'entoure. Mais depuis ce jour fatidique ou le quartier dix neuf qu’elle habitait fut détruite, sa vie ne fut qu’une suite d'erreurs et d’illusion.

Elle voulait tenter de se reconstruire. Elle voulait reconstruire ce foyer lumineux et chaleureux. Mais ce ne fut que la douleur qu’elle trouva. D’abord celle physique lors de l’explosion qui détruisit son quartier, puis celle mentale à cause de… 

La jeune femme secoue la tête, enlève d’un geste rageur sa serviette chauffant, laissant libre cour à sa longue chevelure. Avant que d’un geste mécanique elle ne tresse ses cheveux bruns, ne supportant qu'à moitié de les laisser libres. C’est seulement après avoir fait un troisième tour avec son élastique qu’elle expulse l’air de ses poumons. Comme pour sortir d’une léthargie provoquée par un mauvais cauchemar. C’est le son de la pluie sur sa fenêtre qui l’a ramène au présent.

Sortant de ses songes, elle se lève de table, laissant une assiette presque pleine, pour regarder le monde extérieur. La pluie s’abat par petite goutte, donnant un côté maussade au quartier éclairé par des lanternes incrustées au mur et par les drones qui font des rondes régulièrement, éclairant de temps en temps les appartements de leur scanner rouge.

Par moment, Solange se souvient du jour où elle a demandé une aide au logement quand elle observe d’un regard vide sa maison. C’est sans surprise que le conseiller, après avoir appris qu’elle est une réfugiée du quartier dix neuf, lui proposa, ou plutôt imposa, un logement au quartier quatorze, à l’autre bout de la cité ou se trouve d’autre réfugié comme elle, ou bien des migrant clandestin ou encore des criminelle en cavale. Quoi de mieux quand on travaille à la police.

N’ayant plus d’appétit, Solange jette son plat dans une poubelle qui mixe le tout avant de le jeter dans un vide ordure.

Assise sur le bord de son lit, elle ne put empêcher ses yeux de se poser sur le seul cadre de l’appartement. Solange regarde en premier un jeune homme aux yeux et au visage malicieux, reconnaissable à ses cheveux d’un blond presque blanc, le bras enroulé autour du cou d’un autre garçon plus timide aux cheveux blond et yeux or, qui tente de faire un appel à l’aide au duo de jeune fille et au garçon qui semble se moquer de la situation un pas derrière eux. L’une d’elle a les yeux plissé, ses cheveux coloré en bleu tombant sur sa peau noir, comme complice de la situation, le garçon lui ne retient plus son rire, les bras sur son ventre, échangeant un regard à la deuxième fille qui lui ressemble comme deux goutte d’eau, celle-ci ne garde qu’un grand sourire au lèvre, contemplant avec joie son groupe d’amis.

Solange se souvient parfaitement de ce jours, elle ignoré que ses deux compère avait préparé une blague au jeune garçon timide, qui se démarque du groupe à cause d’une marque noir en forme de tatouage qui démarre de son cou avant de remonter jusqu’à son oreille en passant sur son œil, tel du lièrre sur la façade d’un immeuble abandonnée.

Posant sa tête sur son oreiller, elle attend que le sommeil vienne la chercher malgré la fatigue physique. Les yeux fixé sur le cadre, la jeune femme sursaute quand son téléphone sonne dans ce silence de mort. Solange n'a pas besoin de le chercher bien loin alors qu’une lumière bleue accompagne la sonnerie. Elle tend une main jusqu’à l’appareil en forme d’oreillettes et répond d’une voix faible.

-Allô.

-Salut, répond tout aussi faiblement une voix masculine, comme si elle partageait sa fatigue. C’est moi, j’ai vu les informations, je voulais prendre de tes nouvelles.

Solange pousse un soupir lassé. Certes heureuse de l’entendre, mais fatigué.

-Comme d’habitude. J’arrive même à deviner le titre des articles. Et avant que tu poses la questions je n'ai aucune information sur le sujet pour l’instant, elle avoue ironiquement.

-Excuse moi, c’est juste que la situation commence à devenir urgente. Les gens sont tendus. Ils ne veulent qu’une chose partir. Mais si la rumeur est vraie…

-Je sais Solen. Mais je n'ai aucune preuve, dit aux autres que pour l’instant ils doivent faire profil bas, les agitateurs aujourd’hui ne nous ont pas facilité la tâche et ont mis en avant l’arrestation.

-Je sais. Mais on doit savoir si les reliques sont pour les Haut Dirigeant et la Section Spéciale. Et surtout s'il prépare une purge dans la Cité avec des reliques comme arme. Tout le monde compte sur toi Solange, explique le jeune homme.

-Je connais mon rôle Solen. Jon a peut-être des informations mais il doit traiter les données. Je te tiens au courant d’accord.

-D’accord. Sinon tu vas bien, ça fera douze ans demain. Tu veux que l’on se voit le soir ? Propose la voix du jeune homme, changeante de conversation.

-Oui pourquoi pas. Ça nous fera du bien à tous les deux, accepte Solange le cœur lourd.

-Bien, alors on se voit au parc du quartier dix, on va au resto habituelle.

-Oui, à demain, souffle Solange.

-À demain petite sœur, taquine le jeune homme.

-Oh arrête, pour la première fois depuis des jours, la jeune femme lâche un rire, certe faible, mais un tout de même. T’es plus vieux que moi de treize minutes.

-Treize minutes et quarante trois secondes, rigole Solen.

Tandis que leur rire faiblit, le silence revient dans la chambre, coupé par le son des sirènes d’alarme des drones trois rue plus loin.

-Essaye de dormir.

-Oui. Bisous.

Solange raccroche le téléphone, des larmes roulant sur ses joues, les yeux fixés sur le cadre.

Annotations

Vous aimez lire Thileli513 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0