Chapitre 5

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Des feuilles sont éparpillées sur la table de la cuisine, sur le sol du salon, sur son lit. Des images de vidéo surveillance. Des données sur la fréquence des transports. Des scans de document confidentiel et à moitié détruite. La jeune femme à la peau halé et aux long cheveux brun tressé tente de trouver une logique à tout cela, étalant encore plus de document sous son regard fatigué.

La tête entre les mains, elle garde les yeux fixés sur la photo de James avec Anurag, concluant un accord d’une poignée de main. Solange se demande encore comment la sirène a-t-elle bien pu finir dans une telle peur dans la salle d’interrogatoire alors qu’elle semble avoir passé un marché avec ses poursuivants.

Levant les yeux sur une autre feuille, elle prend le document en main, l’approchant de son visage, comme si cela lui permettrait de percer le mystère. Décortiquant les phrases mots par mots, Solange tente d’en comprendre le sens. Prenant une autre feuille, elle relit inlassablement cette même phrase.

«L’observation du sujet permet d’affirmer une absorption continue du mana des êtres vivant et objets inanimés aux alentours. Ce n’est qu’au bout de quatre semaines que le sujet à montrer les premier signe de vie. Puis au bout de deux mois une activité cérébrale. Malgré la gravité de ses blessures qui ne guérissent pas, bien qu’avec un soutien médical, prouve qu’il est dépendant du mana. La Professeur affirme que quand il reprendra connaissance, le Seigneur sera au cœur du projet comme canaliseur et catalyseur, et permettra donc d’atteindre vôtre objectif avec succès.»

Reposant la feuille, Solange se frotte les yeux, le cerveau en ébullition. Elle survole les images de reliques d’armements chargées par des perles d’énergie. L’un des drones de Jon a réussi à s’approcher d’un entrepôt jusqu’à s’y infiltrer à l’intérieur. L’ouverture était certes mince, mais le drone a pu filmer une bonne partie de l’intérieur de l’entrepôt ainsi que ses stocke de reliques et des caisses débordantes de pierre de mana.

Ces perles sont devenues une raretée que seuls les plus haut placés peuvent se procurer. Ou bien les plus corrompus. Elles ne peuvent être trouvées que dans les sources les plus pure en énergie magique des planètes dans différent systèmes. Notamment sur Ruh’témia.

Leur planète natale.

Cela doit être pour cela que les Hauts Dirigeants ont envoyés James et son groupe de pilleurs là-bas. Mais plutôt que de trouver des perles, ils ont déterrés autre chose. Ils ont trouvés et ramenés ce Seigneur qui canalise plus de mana que n’importe quelle perle.

Mais aussi d'autres armes. Des armes encore jamais vu.

Ce qui la choque encore plus, ce sont ses images que le drone de Jon a réussi à filmer. Malgré le floue et les gros pixels à cause du zoom, Solange peut distinguer un cadavre, à moitié défiguré. Lui manquant un bras, le pied tordu dans un angle impossible. Mais aussi une armure digne des meilleurs films de fantastique.

Solange sursaute, revenant à la réalité quand les lumières clignotent dans un grésillement.

-Oh non pas maintenant, j’ai pourtant payée la facture d'électricité, se plaint la jeune femme aux bord des larmes.

Heureusement, les étoiles ont dû entendre sa supplice car la lampe du salon se remet à briller. Solange pousse un soupir de soulagement et pose la feuille plus loin.

Assise à même le sol au pied du canapé, elle laisse sa tête tomber en arrière. Sentant son élastique glissé, elle prend le bout de sa tresse et les attache avec un autre élastique, plus récent, de son poignet. Elle jette un coup d’œil à la carte de la ville dont Jon à surligné d’un vert fluo les routes que prennent les trois-quarts des camions. Une bonne partie se dirige soit en direction de la base de commandement et le siège des Hauts Dirigeants à la tour cristallyne, soit en direction d'une usine se trouvant au sud du quartier dix-neuf, abandonné d’après les archives sur internet.

Le quartier dix-neuf.

Le bruit de l’explosion. La chaleur des flammes. Les cris de douleur et de peur. Vite remplacés par le son des tirs et des balles entrant dans la chair. Devant ce brasier qui dévorent tout. Devant ce mur flamboyant qui détruit tout.

L’ombre d’un homme.

Un homme tenant une arme à la main. Un homme en tenue de combat d’un noir plus sombre que la nuit. Cet homme, qui est à l’origine de tout ses cauchemars et de sa douleur. Cet homme dont elle n’oubliera jamais le visage même au bout de dix ans.

Cet homme, qui créa le feu de haine et de vengeance dans son cœur.

Solange sort de ses sombres, et à la fois, brûlants souvenirs quand ses lumières clignotent de nouveau. La jeune femme jure, sautant sur ses pieds prête à prendre son téléphone et appeler le propriétaire, quand du bruit à l’extérieur l’interpelle. S’approchant de la fenêtre, elle entend le bruit des klaxonnes des voitures, le son strident des alarmes des boutiques, l’alerte automatique des drones de surveillance dont leur scanner rouge éclaire la rue par intermittence. Ainsi que les lumières des autre maison et des lampadaires qui clignotent.

Le tout vite rejoint par l’aboiement des chiens, le miaulement des félins et le piaillement d’un groupe d'oiseaux volant haut dans le ciel dans une seule et même direction. Fuyant une menace inconnue.

Dans une autre pièce, l'effervescence sature l’air. Une panique générale enveloppe de son épais voile les corps des hommes et femmes comme une seconde peau. Tous vêtue de leur blouse blanche, ils observent, paniqués, les résultats des capteurs sur leurs écrans. Bien que la luminosité de ses derniers soit trop forte dans cette pièce obscure, cela fait longtemps que les scientifiques soit habitués à cette agression visuelle, et trop hypnotisés pour détourner le regard.

Mais dans cette panique générale, dans cette pièce obscure saturé d’écran qui jonche les murs et les bureaux, seul une femme et un homme reste calmes au milieux de cette tempête.

Remettant une mèche de cheveux blond s’échappant de son chignon derrière son oreille, la femme garde les yeux rivés sur un écran en particulier. Celui d’une caméra de surveillance dans la chambre d’un patient. Un patient qui, après une longue durée de sommeil, commence enfin à montrer des signes de réveil. Elle jette un œil sur les capteurs thermique de son corps et cardio-vasculaire, prouvant qu'il, après être resté figé durant si longtemps, reprend enfin vie. Même les capteurs cérébral envoie des signaux électriques plus intense.

Soudain, l'homme ouvre fébrilement les yeux. Tous les scientifiques et médecins en panique dans la pièce ont cessés leur mouvement frénétique. Subjugués, effrayés par ses yeux dorénavant ouverts. Malgré son regard trouble, aucun ne pouvaient détourner le regard de ses deux globes d’un rouge écarlate.

La femme prend une inspiration fébrile, presque excitée de ce qui se passe. Quand l’homme ferme les yeux, tombant dans le sommeil. La scientifique se mord les lèvres, désireuse de voir plus longtemps ses yeux rouge. Mais trois hommes qui entrent sans autorisation dans la pièce sécurisé lui repoussent ses pensées. Reprenant un visage sérieux, elle fait face au deux SS et l’homme qu'ils protègent.

-Docteur Bravatsky, salue l’homme en plantant ses yeux gris dans les siens, puis-je savoir ce qu’il se passe ici ?

Une voix calme, légèrement vibrante à cause des années passées. La scientifique détaille vaguement l’homme d’une soixantaine d'années qui lui fait face. Malgré son âge avancé, ses épaules sont toujours aussi robustes et larges que dans sa jeunesse.

-Haut Dirigeant, elle salue d’une voix froide, je vous informe avec plaisir que nous pouvons avancer la date du projet. Notre « Seigneur » présente des signes d’éveils pas plus tard qu’il y a quelque instant.

-Est-ce vrai ? Demande le Haut dirigeant en s’avançant au centre de la pièce, le regard rivé sur l’écran qui montre un elfe, dont les cheveux noir aux reflet rouge cache en partie son visage.

-C’est exact. Il a ouvert les yeux, brièvement, mais les capteurs démontrent une activité cérébrale. Il sort enfin de son coma. Son corps, qui était comme figé dans le temps, montre aussi des signes d’autogénération.

Elle se tourne vers son second, un homme d’à peine une trentaine d'années, qui lui tend la tablette qu’il tenait précieusement dans ses mains. Elle ouvre un dossier, puis encore un autre, dévoilant un graphique ou s’affiche plusieurs courbes.

-Si nos hypothèses sont correctes. À cette allure là, il devrait se réveiller dans deux mois. Son corps, lui, mettra plus de temps à guérir.

-Pourquoi cela ? Demande le Haut Dirigeant plus par politesse que par réelle envie.

-Depuis que nous l’avons récupéré, l’air ou la pression atmosphérique de la Cité montre des fluctuations. Ainsi que des dommages au niveau électromagnétique. Même les animaux présentent des signes de nervosités ou sont brièvement déboussolés. Tout cela est dû à la fluctuation du mana présent dans la Cité.

-Le mana ? Quel est le rapport ? Cela fait des siècles que nous ne dépendons plus du mana dans notre quotidiens.

-Certes, mais qu’est ce qui maintient notre Cité en vie ? Qu’est ce qui garde une stabilité atmosphérique et gravitationnelle. Grâce à quoi la végétation arrive à pousser ou que les animaux soit aussi en vie. Grâce à quoi l’eau est elle aussi claire et pure.

-Les perles, le Haut Dirigeant prend la tablette des mains et observe les courbes.

-Toutes les fluctuations de la Cité ces trois dernier mois sont en lien avec le « Seigneur ». Plus il reprend conscience, plus son corps absorbe le mana environnement qui est principalement contenue dans les perles qu’on utilise dans presque tout. Mais il ne pourrait jamais guérir totalement avec le niveau de mana qui se trouve ici. Il gardera ses blessures telle quelles sont, sans aucune optique de guérison.

-Cela signifie que nous pouvons le contrôler.

-Nous pouvons même le menacer, appuie Blavatsky avec un sourire au coin.

Le Haut Dirigeant rend la tablette à l’homme, relevant les yeux sur le visage blafard de l’elfe, le corps recouvert de bandage taché de sang. Il comprend mieux maintenant pourquoi il y a eu une coupure de courant dans toute la Cité il y a tout juste quelque minute. Que même les animaux se sont montrés étranges. Tout simplement parce que toute chose ayant une sensibilité avec le mana sent son réveil. Ils sentent le retour de l’un de leur « Seigneur ».

Un homme, se trouvant dans un coin sombre de la pièce, lève les yeux frénétiquement sur le Haut Dirigeant et ses deux gardes du corps qui ne sont ni plus ni moins que les SS. Le dos courbé, il abaisse encore plus la casquette de concierge sur la tête, tentant de passer inaperçu.

Facile quand on est un simple employé de nettoyage. C’est presque instinctif pour tout le monde de détourner le regard sur les petits employés. Mais, ce SS aux yeux jaune, ressemblant à ceux d’un lion prêt à attaquer sa proie, lui donnerait presque envie d’abandonner sa mission et de fuir.

Mais l’image du corps d’un membre de sa famille ensanglanté assaille ses yeux. Jamais il n’oublierais cette main recouverte de trait noir, tel un tatouage, recouvert de sang.

Sa conviction reprit en main, elle brule son sang d’une rage qui refait surface. En se baissant pour vider une poubelle vide, il jette un regard sur l’écran. La barre de téléchargement affiche enfin complet. Il balance la poubelle, comme s'il en vider son contenu, pour la remettre à sa place. En se redressant, il récupère la clé d’une main leste, et sort de la pièce en laissant tout son matériel derrière lui.

En partant, il lance un dernier regard sur le Haut Dirigeant, mais ses yeux tourne brusquement dans le regard d’un de ses gardes du corps.

Dans le regard du SS aux yeux de félin qui aborde un sourire carnassier.

Dans le regard d’une bête.

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