Chapitre 8

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Une lumière d’un bleu aveuglant, un hurlement bestial à vous déchirer les tympans, une onde de choc qui terrasse tout sur son passage.

Les corps et le sang volèrent sur plusieurs centaines de mètres, projetés par la puissance du sortilège. La poussière s'élève sur plusieurs mètres de hauteur, donnant une peinture encore plus macabre avec ce ciel rouge d'où gronde les éclairs dans leur nuage sanglant.

Tombant à genoux, expirant tout l’air qu’il retenait, l’elfe crache une gerbe de sang. Le visage baissé, il arrive à percevoir la tête de la créature, de la taille d’une maison, se détachant du reste du corps semblable à une la longueur d'un pond. Ses ailes, qui recouvrent le ciel et troué par la bataille, ne soutiennent plus le corps dans les airs, entamant une chute longue de plusieurs secondes, se fracassant contre le sol dans un bruit sourd.

L’elfe regarde impuissant le cadavre de la créature écraser celle de ses dizaines de milliers de soldats et de ses ennemis quand l’onde de choc arrive jusqu’à lui. Le sol tremble, il gronde, lui faisant perdre le peu d’équilibre.

La joue contre le sol, l’elfe pose ses yeux de feu sur ses camarades derrière lui. La femme, autrefois rayonnante dans son armure d’or, semble pathétique alors qu’une partie de son armure et de son flanc ont disparues dans le ventre d’un monstre aux dents acérées, laissant une gerbe de sang sur le sol qui à depuis longtemps perdue sa couleur et sa texture à cause de la guerre.

Levant un bras tremblant, elle pose sa main ou il manque deux doigts sur le corps d’un homme à sa droite, le secouant. Hélas, son corps sans vie à perdu lui aussi de son éclat. Ses écailles d’un bleu aussi clair que le ciel et aussi profond que les fonds marins ne reflètent plus aucune vie. Certains ont même été arrachés lors des batailles, laissant des traînées écarlate sur son corps. L’elfe tente de discerner son visage, mais il ne perçoit que les trois griffes sanglantes qui lui barre la moitié de son crâne.

La femme dépose un regard vide à l’elfe devant elle, avant de s’effondrer à son tour en silence.

L’elfe, n’ayant plus aucune force, ne peut que fermer les yeux. Fatigue, désespoir, colère, haine. La seule chose qu’il peut espérer désormais, c’est qu’ils ont sauvé le reste de la population dans l’alter égo. Cela ne compensera jamais tous ses morts, toute cette destruction. Mais au moins ils se sont battus pour quelque chose. Même s'ils avaient perdu la guerre dès qu’elle a commencé.

N’entendant plus rien, ses tympans percés, l’elfe sent une douce chaleur dans sa main gauche. Ouvrant légèrement les yeux, le regard brouillé, il arrive à discerner la plume de feu incandescente qu’il tient dans sa main. Celle-ci brille d’un halo remplie de magie. Puis disparaît dans de petites étincelles de braise qui descendent le long de sa paume et de son poignet pour finir en des courbes noircis sur son bras. L’elfe sent à peine la brûlure quand brutalement, le sol gronde, il craque et se brise.

L’elfe n’en a pas conscience, mais la terre sur des centaines de milliers de kilomètres à la ronde se fissure et se sépare.

Ce qui est une scène macabre d’une bataille, se transforme en fin du monde.

Se fissurant, les cadavres disparaissent dans les profondeurs de la terre. Le paysage déformé par les bombes et les tempêtes magiques, ou même par des volcans se se brise. Ne donnant plus aucun sens. Plus aucune logique.

Des geysers d’eau fusent par millier d’entre les fissures. Emportant tout sur leur passage. Comme pour faire disparaître ce qui a eu lieu.

Le sol s’effondre sur lui-même.

Presque inconscient, l’elfe se sent juste tombait sur des kilomètres quand il percute brutalement l’eau. Des morceaux de son armure se détachent par la force du choc. Derrière lui, d’autre corps, dont les armures et les armes reflètent le ciel rouge. L’eau qui l’englobe prend elle aussi une teinte rouge à cause du sang.

Instinctivement, l’elfe se recroqueville sur lui-même. Les yeux mi-ouverts, il regarde une dernière fois son collier qui flotte juste devant ses yeux avant de les fermer.

Pour toujours.

Il ne prend pas conscience de l’étrange flux magique qui l’englobe entre ses mains brumeux.

•°•

De la lumière. De la chaleur. Du bruit. Des voix. Une langue étrangère. Des sons aiguës, réguliers.

Il tente de bouger, d'ouvrir les yeux, mais aucune force. Aucune magie.

Si, mais faible. Très faible. À cause de la bataille. Où est-il ? L’obscurité. Le vide.

Encore cette lumière blanche derrière ses paupières. Encore ces sons aiguës qui suivent exactement les battements de son coeur. Encore ces voix, de plus en plus nettes, mais dont il ne comprend aucun mot.

Enfin, après avoir pris tout le magoi qu’il a pu autour de lui, il peut rouvrir les yeux. Il grimace face à cette lumière blanche vive. Trop vive. Il tourne les yeux, voit un homme portant une veste aussi blanche que les murs. L’homme semble choqué. Il tremble. L’elfe ouvre la bouche pour parler, mais trop faible, ferme les yeux. Il s'endort. Encore.

Prenant une inspiration, l’elfe ouvre de nouveau les yeux avec plus d’énergie. La lumière ne l’agresse plus. Il examine le plafond d’un blanc terne, d’où la lumière sort d’étrange objet en verre. Cela ne semble pas à des crystallis. Celle-ci dégage une chaleur.

Tournant la tête, il découvre enfin la source qui produit ce son énervant et répétitif. Une machine, possédant plusieurs boutons, miroirs et fil. Fils relié à son corps. De ses yeux rouge et brillant malgré son long sommeil, il suit l’un d’eux qui rejoint un dispositif fermé autour de son doigt. Les autres quant à eux, à des sorte de capteur sur son torse et sa tête.

En regardant son corps, il constate qu’il n’a pas totalement guéri. D'ailleurs, des bandages le recouvrent presque entièrement. Sur son cou, sur son bras avant gauche, sa jambe droite, son abdomen. Et des sortes de bandages plus épais s'enroulent autour de ses doigts.

Il retient une grimace en se redressant. Le coup de lance aux lames courbés à l’abdomen lui à fait de sacré dégât. Vu le niveau de guérison, ça doit faire pas plus d’une semaine qu’il est inconscient.

Mais par les huit dans quel pays ou tribus se trouve-t-il ? Il ne reconnaît ni les machines, ni le style de la pièce assez terne malgré sa teinte blanche et encore moins la langue qu’il a brièvement entendue. D’autant plus… Pourquoi par Keres il ne trouve aucune rune ou sigle de soin ici ? Il est bien dans un centre de soin, non ?

Qu’importe, il faut qu’il trouve les… Cela ne ressemblait pas à un druide, ni à un apothicaire, peut-être à un archiatre ou un physicien. Oui, plutôt un physicien vu le type de vêtement alors qu’il se souvient de l’homme qu’il a vu, habillé d’une étrange toge blanche.

Un prêtre ? Ah non, pas ces types, il les déteste. Toujours à faire la morale. Mais, l’architecture ne ressemble pas à celle d’un temple ou quelconque lieu de culte.

L’elfe prince des lèvres, ne croyant même pas en ses propre pensées. Car dans tous les cas, ils auraient porté des parures ou une robe avec le symbole de la famille ou la religion à laquelle ils sont affiliés. Alors peut-être des mèges.

L’elfe lève les yeux au ciel, la tête légèrement en arrière, avec désespoir en pensant qu’il est tombé sur un groupe de charlatan. Réfléchissant les yeux fermés, il se demande comment il a pus rejoindre un tel lieu. Il espère un bref instant rejoindre ses camarades quand il revoit le corps de la sirène en sang sur le sol et le regard de la femme avant de s’éffondrer.

Mort.

L’elfe tourne les yeux vers la porte quand celle ci, quelque instant après, s’ouvre sur un homme portant cette même veste d’un blanc impeccable. L’homme garde les yeux fixés sur son miroir dans la main, quand il remarque que le corps de l’elfe qui est resté couché depuis le début sur ce lit, et désormais assis, toute son attention porté sur lui.

L’homme lâche la tablette des mains, surpris, figé par ses yeux d’un rouge lumineux qui le fixe sans aucune émotion.

Le scientifique sent son coeur s’accélérer. De peur ? Non, d’excitation. Car enfin, cet être est réveillé. Enfin il va pouvoir mener à bien ses expériences et prouver à tous qu’il avait raison. Que son projet peut marcher grâce à lui et seulement lui.

Le scientifique reprend une apparence calme, malgré son impatience intérieure. Il doit y aller doucement même s'il sait qu’il ne craint plus rien de cet homme autrefois cité comme le général le plus dangereux et sanguinaire. Mais aujourd’hui, il n’est qu’un être humain comme les autres.

Sourire au coin, il s’approche sous le regard scrutateur de ses yeux rouges. Cela le met mal à l’aise. Mais après avoir reçu des messages qu’il y avait des signes de son réveil, il a fonçé en observant les données sans en informer sa supérieure. Maintenant, il ne peut en aucun cas reculer.

Après un long moment de silence, il ouvre la bouche.

- Est-ce que vous me comprenez ?

L’elfe fronce les sourcil, il ne connaît pas ce dialecte. N’a jamais entendue ces sons. Ne montrant rien, il examine le visage de l’homme, lisant ses pensées les plus profondes. Entrant dans son cœur. Ignorant la chaleur qui se diffuse sous son bras.

- Est ce que vous savez ou vous êtes ?

Son sourcil frémit. Un tic. Il commence à s'énerver. Cet homme sait pourtant qu’ils ne parlent pas la même langue. Alors pour entrer dans son jeu l’elfe répond.

- Si adhuc me non agnovistis, tunc fiat, Elijah Kris DisPater sum, Dominus Phoenix, et interpres instanter peto.

Le scientifique souris, bien qu’il frémit de peur sous sa voix grave et rocailleuse. Cette chair de poule, comme un instinct inscrit dans ses gènes. Un instinct d’une souris prise dans les yeux d’un chat.

Le scientifique appuie sur un bouton se trouvant sur le mur, à côté du lit et dit.

- Envoyé des infirmiers et des gardes dans la salle du Seigneur.

Il n’attend pas de réponse et raccroche immédiatement. Elijah à suivit sa main du coin de l'œil, ne doutant pas un instant qu’il a dû faire appel à du renfort. Même si c’est étrange qu’il n’y ait aucune rune sur le bouton, alors comment ?

L’elfe ne put réfléchir plus longtemps, à cet instant, deux homme habillé d’étrange vêtement noir entre dans la pièce laissé ouverte. Ils sont d’abord surpris et choqués de le voir assis calmement sur son lit, mais l’un d’eux se reprend et dit.

- Professeur, ne partez plus sans prévenir nous sommes assignés à votre sécurité.

L’homme tente de parler sans peur malgrés la présence de cet elfe le perturbe énormément. Il vient tout juste de se réveiller, il est blessé et faible. Mais son instinct animal lui dit qu’il peut le tuer en un coup. Inconsciemment, les deux hommes reculent d’un pas, alors que le scientifique ordonne.

- Apporter ma tablette, je l’ai faite tomber en entrant.

Le premier garde baisse les yeux sur la tablette à deux pas de lui. Il déglutit, hésitant à répondre à l’ordre. En posant les yeux sur l’elfe, il croise son regard d’un rouge sanguin et le baisse immédiatement.

Elijah lève son regard sur le, probable, physicien. Croise son regard brillant, impatient. Sayé, il en a marre de cette lueur perverse.

Alors que les doigt de l’homme en noir frôle le miroir sur le sol, Elijah, qui touché le fil relié à l’objet sur son doigt, tire brutalement sur la corde et donne un coup de coude au visage du physicien. Du sang vole.

Posant un pied sur le sol, il enroule la corde autour du cou du garde baissé. En un mouvement fluide, il atterrit dans son dos et donne un coup de pied dans le ventre de son collègue. Ce dernier se plie en deux, mais se redresse bien plus vite qu’il n’y pensé.

L’homme tente de se défaire de la corde et donne un coup de coude dans les côtés de l’elfe. Elijah retient une grimace et resserre sa prise sur la corde, faisant tomber l’étrange machine dans un bruit de verre brisé. Le second homme tente de lui donner un coup au visage qu’Elijah évite avec habilité.

Tirant sur une autre corde reliée sur son torse, l’elfe l’enroule autour du bras de l’homme et en un mouvement il bloque le bras de l’homme contre sa gorge. L’elfe donne un coup de pied dans son genou pour le faire tomber en avant. Pendant ce temps, alors qu’il tente d’enlever la corde, l’homme en noir jette un coup d’œil sur le Professeur encore sonné du coup, le nez en sang. Lorsqu'un reflet attire son attention. Sur le sol, un gros morceau de verre. Sans hésité l’homme l’attrape et cherche à le planter dans l’elfe derrière lui.

Elijah, qui gardé un œil sur lui décide d’en finir rapidement. D’un mouvement sec il tire sur la corde. L’homme lâche un gargouillement, les yeux révulsés, à la recherche d’air. Il serre désespérément sa seule arme dans la main jusqu’au sang.

Voyant sa résistance, l’elfe tire une deuxième fois sur la corde, plus fort. Un craquement faible et ténu résonne dans la pièce. Le bruit du larynx qui se brise. Avant même que l’homme s'effondre, l’elfe chope le morceau de verre de sa main et donne un coup nette sur le second homme, visant la jugulaire.

Le visage juvénile de ce dernier se transforme, ses poils deviennent noir et blanc autour de ses yeux suivant la courbe de son nez. Ses yeux écarquillés devienne d’un noir profond. Il l’évite d’un mouvement en arrière la lame qui ne lui épargne pas son visage. Le verre laisse une marque sanglante le long de sa joue, du menton jusqu’à l’oreille.

Elijah regarde quelque instant le jeune homme en face de lui. De ses cornes qui sont apparus en passant à ses oreilles devenues bien plus longues et finissant par ses yeux d’un noir profond et tremblant de peur, qui reflète l’image d’un elfe au yeux rouge sang, au cheveux noir au reflet rouge.

Elijah prend une inspiration. Comprenant que ce jeune métamorphe ne devait être qu’un apprentie contrairement à l’homme qu’il a tué. Il se tourne vers le physicien, encore sonné de douleur et baisse les yeux sur l’étrange miroir. Songeant que l’homme le portait dans les mains et voulait le récupérer, Elijah le ramasse sans hésiter puis sort de la pièce sous les yeux du métamorphe encore figé par l’attaque.

Son soupir lâche toute la peur et le soulagement d’être en vie.

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