Chapitre 14

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La lumière artificielle qui imite celle du soleil se mélange aux flammes qui dévorent la place, rendant flou la vue de la jeune femme. Se redressant, elle se frotte les yeux, tentant de retrouver une vue nette. Une personne la percute contre l’épaule. Se tournant, elle remarque que le jeune homme semble s’excuser, mais aucun son ne lui parvient.

La vue encore flou, la lumière lui cache une partie de son visage, mais Solange l’a tellement vue qu’elle reconnaît son frère. Comme s'il est appelé, il se détourne de sa jumelle et fait signe à quelqu’un.

Observant plus loin, au milieu de ce parking abandonné, Solange reconnaît deux de ses amis d’enfance. La lumière toujours aussi brillante, elle distingue les long cheveux vert de son amie, qu’elle a teint alors qu’elle était bourrée. Ainsi que son petit ami de par sa veste d’un cuir d’origine Tylienne, reconnaissable par le symbole d’une bougie tenu entre une paire de main, comme pour la protéger du vent.

La jeune fille semble leur crier de venir, le sourire au lèvre. Mais là encore, aucun son ne lui parvient.

Solange se redresse sur ses pieds, suit son frère pour les rejoindre. Ensemble, discutant joyeusement, il tourne la tête vers le dernier membre de leur groupe d’amis.

Levant les yeux, Solange remarque un garçon les étudiait au loin. Son amie l’invite prestement à venir d’un geste ample du bras. Ayant certainement dit quelque chose, son copain l’enlace et met une main sur sa bouche, essayant de retenir son rire. Solange les regarde, interloquée, puis remarque son frère rire aux éclats.

Posant ses yeux sur le jeune homme, Solange distingue des traces sur ses doigts. Non, plutôt que des trace, des ligne d’un noir d’encre remontant jusqu'à d’entourer son œil et finir dans ses cheveux blond.

Avançant d’un pas, Solange hèle son prénom. Mais autant aucun son ne lui parvient, on dirait aussi qu’elle ne peut pas en émettre.

Puis, en un clignement d’œil, le paysage change. Une rue en cendre dévorée par les flammes.

Toujours aucun son.

Sentant un liquide couler le long de sa tempe, Solange y pose ses doigts pour les découvrir recouvert de sang. La respiration saccadée, elle cherche des yeux son frère et ses amis. Elle ne les trouve pas.

Paniquée, elle se met sur ses pieds et tente de courir. Seulement ses jambes tremblantes ne répondent pas à sa commande. Avalant sa salive, elle fait un pas, puis un autre, et encore un autre. Difficilement. Le corps chancelant, elle réussit à atteindre le coin de la rue.

Instinctivement, elle tourne la tête vers ce qui fut autrefois un restaurant se trouvant au rez-de chaussé d’un immeuble au bout de la rue. Maintenant, l’immeuble s’est en partie effondré sur lui-même, ne laissant qu’un amas de débris en désordre et des éclats de verre. Le tout recouvert de flammes.

Quand une de ses flammes prit de l’ampleur, Solange put voir l’ombre de plusieurs personnes.

S’avançant d’un pas fébrile, Solange réussi à reconnaître les tenue noir de la Section Spéciale. Au total, cinq d’entre eux entour une tierce personne. Dans un autre jet de flammes, le visage de cette personne s’éclaire, laissant apparaître le visage éffrayé et recouvert de ligne noir d’un jeune garçon aux cheveux blond.

Ouvrant la bouche, Solange tente de l’appeler, quand le garçon, d’un geste hésitant de la main, fait apparaître une liane du sol qui transperce le thorax de l’un des hommes.

D’un commun accord, les autres hommes lèvent leur fusil et tirent.

Pour se protéger, le garçon recouvre son visage de ses bras. De ce fait, des lianes apparaissent du sol et forment un mur. Le protégeant des balles. Puis les lianes se rétractent pour mieux se projeter contre les quatre hommes restants. Trois des hommes l’évitent à temps. Le dernier n'a pas cette chance.

Fermant les yeux, Solange perd le contrôle de son corps, qui s’écroule de peur.

Quand un son lui parvient. Un coup de feu.

Solange sent les larmes couler alors qu’elle fixe, éberlué, le jeune garçon. À genoux, crachant du sang, son t-shirt se teindre en rouge. Il lève un regard tremblant, mouillé par des larmes, pour rencontrer le visage du tireur à tout juste deux mètres de lui.

L’homme garde un visage impassible face au jeune mourant. Puis, levant le bras, pistolet à la main, Solange tente désespérément de crier pour le stopper. Pour qu’il ne tue pas son ami.

Son ami dit quelque chose, le sang s’écoulant de ses lèvres.

Un second coup de feu éclate.

Figé, Solange regarde impuissante la tête du garçon partir en arrière. Son corps tombe lourdement. Ne se relèvera plus jamais.

Plus jamais il rigolera aux blagues d'Alaric. Plus jamais il ne jouera avec Holi. Plus jamais ils se feront le défi du plus gros mangeur de glace avec elle et Solen.

Plus jamais elle le verra tenir la main d’Edouard. La main de son père.

Malgré les sanglots qui lui serrent la gorge, Solange crie. Elle crie de tout son corps et de tout son cœur. Elle crie de peur, de tristesse. Elle crie de colère.

La remarquant, le tireur tourne son visage vers elle. Les flammes s’embrasent derrière lui.

Solange ne peut oublier le visage de cet homme. Cette cicatrice qui lui longe la tempe et la joue.

Depuis ce jour, son cœur brûle de haine et de vengeance pour son ami d’enfance abattu d’une balle dans la tête.

La même odeur que ce jour-là emplie son nez.

Les mêmes crient que ce jour-là résonne dans sa tête.

La même chaleur étouffante que ce jour-là recouvre son corps.

Ouvrant brutalement les yeux pour la seconde fois, la jeune femme revient au présent qui n’est pas aussi lumineux que la première fois.

Poussant une toux à lui déchirer la gorge, elle se redresse sur son coude, observant d’un regard perdu la place de la fontaine, ou du moins ce qu’il en reste. Gémissant de douleur, Solange se met sur ses pieds et découvre le désastre de l’explosion.

Des corps recouvrent les dalles de la place. Plus loin, la boutique ou se trouvé le groupe de SS se fait dévorer par les flammes. Celle-ci prend de l’ampleur et monte sur les étages supérieurs. Prenant d'assaut les immeubles ainsi que les boutiques alentours.

Toussant jusqu’à se plier en deux, Solange cherche du regard le jeune garçon, évitant du mieux qu’elle peut les corps démembrés et sans vie des SS. Quand enfin elle le trouve, à quelque mètres de là, à regarder impuissant son oeuvre.

Titubant, la tête qui tourne, la jeune femme ignore les pleurs et les blessés qui lui crie à l’aide quand un craquement sourd résonne dans la boutique. Bien que les flammes dévorent tout, elle arrive encore à lire l’enseigne. Un frisson la parcourt dans tout son corps.

Accélérant le pas, elle parcourt les mètres qui la sépare du garçon. Tirant sur son bras, elle tente de le relever mais le garçon semble inconscient.

- Lève toi on doit partir, se tournant vers les autres elle crie. Fuyez, l’immeuble va s'effondrer.

Les plus proches, encore lucides, prennent conscience du danger. Les plus lâches partent les jambes à leur cou, tandis que les plus courageux et altruistes tentent de ramasser les blessés à terre et les forcer à bouger.

- Lève-toi, passant ses bras sous ses épaules, elle lui crie. Debout on doit partir.

Trop tard.

Sa pensée fut plus rapide que la vue d’une troisième vague de feu qui sort de la boutique.

La première est due à la bombe. La deuxième dù aux bouteilles d’alcool dans le bar. Et la troisième sûrement dut à la réserve d’alcool qui se trouve au sous-sol ou dans l’arrière boutique.

Couvrant le corps du garçon du sien. Solange ne peut que regarder impuissant les flammes se diriger vers elle. Quand une silhouette lui barre la vue.

Le corps stable, sans aucune peur, la silhouette lève le bras vers le déferlement de flammes.

Comme si une force supérieure intervenait, les flammes se rétracte. Repoussé par une force invisible. Les flammes se déferlent entre elles, s’entrelacent, ne dépassant jamais le mur invisible. Puis, petit à petit, elles perdent en intensité et disparaissent dans le cœur de la boutique, perdant leur fougue de l’explosion.

Le corps tremblant, Solange lève les yeux sur la silhouette. Se mettant de profil, malgré la capuche et l’écharpe, elle put distinguer les contours du visage de l'élémentaire grâce aux flammes derrière lui.

Quand elle croise ses yeux.

Des yeux d’un rouge sombre. Des yeux d’un rouge couleur sang.

Solange ne put en détourner le regard, comme envoûtée.

L’homme replace sa capuche sans un mot et disparaît d’un pas rapide.

Ce n’est qu'à ce moment-là que le son des sirènes lui parvient. Revenant à elle-même, Solange se détourne pour observer le garçon, ses yeux toujours dans le vague. La jeune femme tente de le ramener à lui en lui frottant le dos, quand elle se fige. Levant sa main devant ses yeux, elle la regarde, incrédule.

Elle ne tremble pas. Après une explosion qui l'a fait voler sur plusieurs mètres. Un souvenir amer qui lui est revenu et des flammes qui ont failli la brûler vive. Elle ne tremble pas.

Tournant le regard à l’endroit où il a disparu, Solange se souvient de ce sentiment de peur, de surprise, mais aussi de protection.

Comme si, la présence de cet homme à lui seul suffit à faire reculer tous ses cauchemars.

- Solange !

Tournant vivement la tête, elle regarde Allison courir vers elle accompagnée d’un groupe de médecins et d'ambulanciers. Le groupe prend en charge le jeune homme, toujours tétanisé, alors que Allison s’agenouille face à elle, la prenant dans ses bras.

- J’ai eu si peur, je t’ai vue voler à cause de l’explosion. La foule en panique m'a repoussée jusque dans les arcades, j’arrivais pas à te rejoindre, Allison s’arrête nette et pose une main sur son front. Mais tu saignes. Bien sûr que tu saigne, quelle idiote.

Se détournant, elle hèle un ambulancier pour la prendre en charge au plus vite. Mais n’y prêtant pas attention, Solange regarde une seconde fois là où se trouvait l’homme avant de disparaître. Remplacé par des pompiers éteignant ce qu’il reste de l'incendie.

Fixant la fumée s'élever, Charlotte tape une énième fois le numéro sur le téléphone. Sauf que la correspondante ne décroche toujours pas.

- Allée Solange, pitié répond.

- Le correspondant que vous essayez de joindre n’est pas…

Poussant un gémissement de colère, Charlotte éteint son téléphone. Se rongeant l’ongle, elle lance un regard autour d’elle, s’assurant qu’aucun membre de la Section Spécial ne l’a regarde.

Elle entend les sirènes bien qu’elle se trouve à trois rue de la place. Elle sait qu’elle ne peut rien faire, et cela la frustre. Perdant patience, elle tente de l’appeler une dernière fois quand un homme s’approche dans sa direction.

Tentant de garder son calme, Charlotte met le téléphone contre l’oreille, laissant passer l’homme, espérant ne pas attirer l’attention. Quand elle remarque l’éclat rouge sombre de ses yeux.

Figé, elle tente de calmer sa respiration. Après tout, n’importe quels vampires possèdent des yeux rouges. Mais leurs yeux sont plus clairs, plus écarlates. Enfin, c’est peut être la lumière qui fait sa. Oui, sa capuche projette de l’ombre, c’est pour ça.

Tournant légèrement la tête, Charlotte regarde du coin de l'œil l’homme. Puis juste devant lui, elle aperçoit un groupe d'enfants entourant un autre enfant. Celui-ci réunit ses mains, paume levée, et fronce des sourcils, se concentrant. Une boule d’air apparaît.

Le groupe d'enfants, surpris, crie d'excitation face à ce tour de magie. L’enfant, heureux d’avoir surpris ses amis, crie avec eux, sautant sur place. Quand il se prend les pieds et perd l’équilibre. La boule d’air s’envole en direction du visage de l’homme. Ce dernier l’évite en penchant sa tête sur le côté, se faisant, sa capuche tombe emportée par la boule de vent.

Charlotte écarquille les yeux en regardant ses cheveux noir aux reflet rouge mais surtout, à ses oreille Longue et pointue reconnaissable aux elfes.

Le groupe d’enfant, autrefois heureux, se calme immédiatement et s’excuse à l’homme. Celui-ci leur lance juste un regard terne, les ignore et remonte sa capuche. Néanmoins l’elfe s’arrête dans son geste quand une voix incertaine l’appelle.

- Elijah ?

Laissant tomber sa capuche de surprise, l’elfe fait face à la femme devant lui. Celle-ci, hésitante, l’appelle une seconde fois.

- Elijah Kriss DisPater ?

Cette fois, c’est lui qui tremble. Pour la première fois depuis son réveil, quelqu’un l’appelle par son prénom. Inconsciemment, il hoche la tête, ses yeux plongeant dans ceux de la jeune femme.

Surprise, Charlotte étudie la rue, les boutiques et chaque balcon, heureusement tous les adultes du coin sont attirés par l’explosion de la place. Rangeant son téléphone, elle s’approche de l’elfe et lui attrape le coude. Surpris, ce dernier se laisse traîner jusqu'à l’étrange carrosse.

Charlotte ouvre vivement la porte et le fait monter côté passager de sa voiture. Heureusement, l’homme se laisse faire sans rien dire. Fermant la porte, elle observe une dernière fois autour d’elle et grimpe au volant.

Elle doit partir d’ici au plus vite, avant que les SS ou quelqu’un d’autre découvre qu’elle a kidnappé le Seigneur que tout le monde recherche.

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