Chapitre 17

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Traçant la dernière ligne, Édouard recule sur sa chaise pour observer son travail. Levant le gant devant ses yeux, il examine les cercles et traits qui le recouvrent en totalité, démarrant de la paume puis passant sur le dos et se prolongeant le long des doigts.

Ça fait des années qu’il se prépare pour ce moment. Des années qu’il a étudié cet art plus ou moins fermé et restreint au monde, pour venger la mort de son fils. Tournant le regard vers le dernier cadre qui lui reste, il regarde avec nostalgie l’unique preuve de l'existence de son enfant.

Un jeune homme blond tout comme lui, aux même yeux bleu de sa mère. La seule différence est cette marque noir d’encre. Il revoit le sourire timide de son petit garçon, le regard brillant de son fils. Oui, il ressent même encore la chaleur de sa main dans la sienne.

Mais comme à chaque fois, à cette image se superpose celle d’une jeune fille au teint halé, le visage en sang, les joues striées de larmes, son corps recouvert de suie et ses vêtements déchirés.

Il se souvient très bien de lui avoir posé des questions, pourquoi elle est dans cette état, ce qu’il s’est passé mais surtout, où se trouve son fils.

La seule chose qu’elle répondit fut.

— Il est parti, un sanglot lui étranglant la gorge. Pourquoi ils ont fait ça ? POURQUOI ?

Édouard regrettera toute sa vie d’être partie pour le travail au lieu de rester auprès de son enfant. Il n’aurait jamais dut lui accepter de sortir avec ses amis. Que malgré le regard des autres envers les marqué, il ne lui arrivera rien. Qu’il n’est maudit que de nom.

Si seulement il l’ai avait accompagné. Si il leur avait dit d’aller plutôt manger un bout chez Anjali. Si…

Mais on ne peut changer le passé avec des si.

Aujourd’hui encore, il regrette de ne pas avoir été présent à ses côtés quand cette Voix a pris possession de son esprit. C’est à cause d’elle si les SS sont immédiatement intervenue. À l'époque, les Hauts Dirigeants agissaient déjà étrangement sur ce phénomène. La Section Spéciales avaient pour ordre d'arrêter touts marqués qui se faisait possédés.

Pour quelle raison on a abattue son fils d’une balle dans la tête ?

Pourquoi on-t-ils passés ça pour un regrettable accident ? Comment peut on croire qu’un maudit a capacité de détruire un quartier en entier, tuant des milliers de personnes ?

Aujourd’hui, sont regret est de ne pas avoir suffisamment agi pour Solange. Sa présence à ces côté n’a pas suffit. Il l’a vue se briser. Il est témoin des flammes de la vengeance la consumer. Il espère que cette fuite sera salvatrice pour touts le monde. Un départ pour cette génération broyée par la sienne. Une nouvelle vie sur Ruh’témia ou ils pourront enfin prendre en mains leur existence.

Édouard bondit dans son fauteuil au sonnerie de son téléphone. Poussant un soupir tremblant, il attrape son vieux, remarquant qu’il s’agit d’un numéro inconnu, il décroche sans hésiter.

— Édouard Wilson.

— C’est moi, confirme une tonalité masculine qu’il reconnaît immédiatement.

Au son de la voix du geek, il soupire de soulagement.

— Il s'est passé quelque chose Jon ? Il demande, inquiet d’être contacté aussitôt alors que l’évacuation devrait se dérouler dans cinq jours.

— J’ai peut être une piste. Il y a dix minutes, j’ai capté une perturbation atmosphérique dans une zone du quartier huit, du même type que la coupure, celle lors de la descente et la manifestation. Des fourgons de SS y font route actuellement mais j’ai réussi à brouiller leur radar et à les éparpillés.

— Donne-moi l’adresse je m’y rends immédiatement.

— Ce n’est pas la peine, j’y enverrais Solange. Il faudrait que tu Aille ailleurs.

Edouard est surpris, ne comprenant pas pourquoi alors il le contacte en premier.

— Que dois-je faire ?

— J’ai besoin de toi au quartier treize.

Jon continue de lui expliquer pour le plan et l’importance des préparatif à mettre en œuvre. À la fin, le hacker change d’écran, quittant les images montrant un parking insalubre ou plusieurs véhicule en tout genre sont garés, bourrés de monde avec en son centre un homme, la moitié de son crâne rasés, semblant faire un discours à la populace autour de lui.

Sur son écran de droite, Jon détaille avec son camarade les vidéo de drone de surveillance montrant une dizaines de fourgons blindés se rendre au centre du quartier un.

— Il faudrait que tu mettes des puces de géo-localisation sur les véhicules quand tu vérifie leur badge, explique-t-il en contacte avec Allison. J’ignore pourquoi mais il y a une effervescence de transport en direction de la Tour. Je crains qu’ils n’avancent la date de la purge à cause de la fuite du Seigneur.

— Ne t’en fais pas, avec des collègues on contrôlera autant que possible les passages de la douane, tente de le rassurer la thérianthrope.

Jon raccroche en jetant un regard à son camarade chez qui il se cache depuis plusieurs jours. Il s’agit d’un des meilleurs hackers de la dissidence avec qui il communique beaucoup par chat. Mais voilà qu’aujourd’hui il se réfugie chez lui, et en personne.

Il à dut tout lui expliquer bien qu’ils ne soient pas de la même branche. Heureusement, Jenzen n’a pas hésité à lui fournir de l’aide et même à demander du soutien à son groupe. Une partie de leur effectif au sein de la Cité aiderons Allison pour pister ces fourgons, qui transportent certainement les artefact, les orbes et peut être les disparus.

Jon crains malheureusement que la purge se fasse en avance. Ils devront précipité leur fuite, sans provision ou matérielle. C’est ce qu’il craint plus que tout.

Inspirant profondément, il lorgne son écran de gauche. Alors qu’il contacte Solange, il détaille l’image obtenue par son drone lors de la manifestation, de ce « Seigneur » attaquant un groupe d’élite de SS avant de s’enfuir. En croisant ses yeux d’un rouge sombre, Jon sent un frisson le parcourir. C’est comme si cet homme dégageait une force, une peur innée à tout ce qui l’entoure.

Et pourtant, il revoit ce même « Seigneur » se faire traîner par Charlotte pour monter dans sa voiture, se faisant littéralement kidnappé. C’est sans surprise qu’il détecte une poussée d’énergie magique dans le secteur où se trouve sa maison, et donc par la même occasion, celle du frère de Solange.

— Solange Royer à l’appareil, annonce la jeune femme d’une voix jaune, ayant encore en travers de la gorge sa suspension.

— Toujours de mauvaise humeur, constante Jon.

— Ne me dit pas que tu m’appelle juste pour mettre une note sur mon degré d’aigreur ? Demande-t-elle ironiquement.

— Si seulement, c’est par rapport à Solen, tu as eu des nouvelles de ton frère ?

Surprise, Solange se redresse sur son lit, lançant un regard au cadre.

— Non, plus depuis la descente des SS.

— Il faudrait que tu ailles le voir, immédiatement.

— Qu’est ce qu’il se passe Jon ?

— Le « Seigneur » que l’on cherche depuis sa fuite du centre, je l’ais revue lors de la manifestation, et aujourd’hui je peux t'affirmer qu’il se trouve chez ton frère.

— Quoi ? Elle crie d’une voix aiguë.

— Tu dois te rende sur place pour clarifier la situation.

— D’accord, glissant une main sur son visage, la jeune femme retient une litanie de juron du bout de ses lèvres. Je te tiens au courant.

En raccrochant, Solange lâche une bordée d’injure bien senti. Son frère ne pouvait pas la contacter alors qu’il sait que son groupe cherche cet homme depuis des jours ?

Des questions tournant plein la tête, elle enfile ses bottines, sa veste et attrape ses clés de motos.

Sur le trajet, elle tente plusieurs fois de l’appeler. Mais la seule réponse est celle de ce bip incessant du répondeur.

Ne prêtant pas attention à la foule, Solange double les autres voitures volantes. Les survolant par moment en haut ou en dessous. Elle tire sur l’accélérateur, ignorant les message d’alerte du code de la route et annulant plusieurs fois le pilote automatique.

Arrivant entre les immense immeubles d’habitation, elle se sent comme coupée de tout ce qu’il l’entoure. Le son de la circulation dense, les lumières des fenêtres, les feu multicolore. Le tout surplombé par la voûte céleste qui semble plus intense qu’ordinaire.

C’est comme si ce paysage, ou chaque chose est artificiel, est devenue une peinture ou plusieurs point de couleur jaune, rouge, bleu et orange se rencontre, le tout traversé de ligne bleu qui représente les route aériennes.

Solange sort de sa rêverie quand elle distingue au loin le balcon de son frère, discernable par un drapeau dessiné des mains de son neveu. Un enfant agenouillé, priant vers trois étoiles, entouré de fleur.

La jeune femme s’apprête à se garée sur les toits des habitations transformées en parking ouvert. Seulement, cela va lui prendre un moment suite aux embouteillage. Les route aériennes n’y change rien à cause du code de la route.

Elle profite du ralentissement pour balayer ces immeubles de cinquante étages. Des logements sociaux. La population de la Cité est devenue trop nombreuse. Ils ont construit ces habitations il y a trente ans comme dernier recours.

À ce moment, Solange passe non loin de la maison de son frère. Elle s’apprête à se concentrer sur la route, quand une chose la choc. Relevant brusquement les yeux, elle distingue une silhouette sur le balcon.

Bras écarté, il se laisse tomber en arrière.

Sentant son sang se glacer, la jeune femme reste un instant incrédule, puis tire sur la poignée d’accélérateur. Quittant la voie aérienne, Solange entend la voix mécanique de la sécurité routière qui lui intime l’ordre de revenir.

D’un geste assuré, elle passe les vitesses et gagne en puissance, s’approchant au plus vite de son jumeau qui dévale le vide. Mais un doute la prend.

— Pourquoi mon frère semble si serein ?

Inconsciemment, la jeune femme lâche légèrement la poignée d’accélération. Son allure est suffisamment rapide pour atteindre tout de même la personne en pleine chute libre.

Des cheveux noir aux reflet rouge.

S’approchant, la silhouette devient plus nette.

Des vêtements qu’elle reconnaît être ceux de son frère.

L’homme est calme, les bras le long du corps, le dos droit. Soudain, d’un mouvement de bassin, il fait une rotation et se met debout, pied en avant pour atterrir. Cela lui permet de voir son visage.

Elle tend la main, prête à l’attraper. Passant devant lui, Solange se fige.

Ses yeux, cachés derrière la visière de son casque, rencontrent les siens.

Des yeux d’un rouge sanglant.

Mais plus que tout, ce visage se superpose à celui de l’homme qui a éteint l’incendie produit par l’explosion lors de la manifestation.

Trop choqué pour réagir, elle laisse la moto continuer son chemin, sans réussir ne serait ce que toucher ses vêtements. Reprenant ses esprits, elle appuie brusquement sur ses freins. Le haut de son corps bascule sur le côté, retenu grâce aux aimant de sécurité sur son dos, ses épaules et ses coudes.

Le cherchant frénétiquement, Solange décide d’activer son oreillette, immédiatement un écran apparaît devant son œil et détecte la silhouette de l’homme sur le toit d’un immeuble juste en face de celui de son frère… trente étages plus bas.

« Une expérience humaine ? Une expérience sur un elfe et un vampire ? »

« Le « Seigneur » et bel et bien un être vivant. »

« Une relique du Cataclysme, une arme surpuissante datant d’il y a trois milles ans. »

« Un être très ancien et puissant. » 

« Ce « Seigneur » peut être leur plus grand allié comme leur pire ennemie. »

« Il a survécut tout ce temps. »

« Ils ne doivent pas le réveiller. »

« C’est un monstre, la mort elle-même. »

« IL FAUT LES EN EMPÊCHER. »

La voix de chaque personnes qu’elle a croisé le chemin résonne dans sa tête. Alors qu’en face d’elle, debout sur ce toit, se trouve le « Seigneur » qu’elle recherche tant.

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