Chapitre 18

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Rictus aux lèvres, Elijah dévisage le métisse d’un regard sombre. Ses yeux se pose brièvement sur la femme tenant son fils derrière elle, le cachant de sa vue.

L’elfe roule des épaules pour se détendre. Sa patience s’effrite avec le temps. Il ne peut resté cloîtré dans cette maison familiale. Il est le Seigneur Phoenix, ou du moins l'était, et un Seigneur ne se cache jamais au grand jour. C’est tout le contraire, il ferait bien exploser un ou deux véhicules pour annoncer son retour.

Mais à quoi bon ?

Ce qu’il veut, là, tout de suite, c’est se rendre au sanctuaire qui se trouve chez ces incapable elfe à la con. Certainement les seuls qui ont gardé un reste de savoir écrit ou oral sur lui et ses frères et sœurs d’armes.

Tentant de se soustraire aux images des corps sans vie de ses camarades, Elijah détaille profondément une dernière fois Solen. Puis lui tourne le dos pour ouvrir la fenêtre menant au balcon, essayant de profiter de ce courant d'air à l’odeur d’huile et de métal.

— Attends Elijah.

Criant, Solen réussit à saisir le bras de l’elfe, qui s’y dégage d’un coup sec. Dans son mouvement, il lâche dans un cri une phrase qui restera marquée dans leurs esprits.

— Qui est tu pour me toucher de la sorte ? Ses yeux brillant dévisagent le jeune homme qui lui a offert l’hospitalité d’une lueur froide et austère. Qui est tu pour m'appeler avec autant de familiarité ? Qui est tu pour me donner des ordres ?

Une aura glaciale enveloppe Solen, qui ne pourrait assuré que l’elfe ne les attaquerait pas. Son instinct le pousse à baisser la tête.

— Écoute… Elijah, il faut patienter encore quelque jours, tente de temporiser le jeune homme.

— Je ne fais que ça. Je patiente et me cache depuis suffisamment longtemps. Trois milles ans, Solen. J’aimerais savoir pourquoi je suis toujours en vie, à regarder les élus être réprimés ? Pourquoi je vis une deuxième Insurrection ?

Charlotte réagit à ses dernier mots.

— Qu’entend tu par là ? Tente de demander la jeune femme.

Mais l’elfe ne répond pas. Il passe une main sur son visage puis dans ses cheveux, tentant de se calmer. Cette crise de colère lui a fait perdre légèrement le contrôle. Le couple en face de lui ne l’a pas remarqués, mais son mana s’est échappé de son corps, et son aura est suffisamment puissante dans ce monde stérile pour altérer la température et la technologie autour de lui.

Le crie du voisin d’au-dessus se plaignant que sa télé ne se rallume pas, ou encore celui du gamin d’a côté qui pique une crise car son ordinateur à planté en plein milieux d’une bataille groupé. Le clebs de l’étage du dessous qui pousse un hurlement comme ses ancêtres lors de la chasse, en sont les preuves.

Heureusement il est le seul à les entendre. Enfin, il s’aperçoit qu’il a un petit souci. Kyrio est bien trop sensible à la magie. Il regarde d’un air émerveillé et la bouche ouverte l’espace autour de lui, comme s'il pouvait voir tangiblement le mana.

Peut être est ce le cas ? Se demande l’être millénaire.

— Je comprend Elijah, sentant son regard accusateur sur lui, Solen se reprend. Du moins j'essaye. Mais ton escapade de la dernière fois à bien faillit nous faire griller. Les SS ont l’œil sur nous, on ne doit pas agir imprudemment.

Repensant à sa petite fugue de gamin, le sourire de l’elfe s’agrandit.

—Si tu pars aujourd’hui, je ne donne pas chère de notre peau.

Ces mots résonnent en lui. Elijah leur tourne le dos, observant avec curiosité l’immense immeuble illuminé qui lui fait face. Il regarda ces étranges véhicules suivre les voies éclairés en bleu. Une route bouchonnée, après tout c’est l’heure de pointe, tout le monde rentre sûrement chez lui, rejoindre sa maison.

Les siens.

Bien malgré lui, Elijah sent son coeur se serrer. Comme pris entre plusieurs paire de mains.

La famille.

N'était ce pas la raison pour laquelle tant ce sont sacrifiés ? Ils se sont battus pour protéger leurs foyers. Même lui. Ainsi que pour la vengeance. Soupirant, il finit par dire au bout d'un moment de silence.

— Je comprends votre inquiétude, à cette phrase, Solen baisse les épaules, avant de se crisper aussi vite qu’il s’est détendue. Mais je ne peux pas rester sans réponse. Si je me rend à l’autel, j’ai espoir que tout s’éclairci dans mon esprit. Pour moi, mais également pour vous.

Tournant légèrement son visage, il plonge son regard dans celui du jeune homme.

— J’irais dans ce quartier elfique. Qu’importe les menaces et le danger. Et tu sais pourquoi ? Lui faisant complètement face, Elijah recule de quelques pas, s’appuyant sur la balustrade dans son dos. Car malgré les millénaires passés, je suis et resterais le Seigneur Phoenix, levant les bras il se penche légèrement en arrière, les cheveux et l’écharpe flottant dans le vide. En tant que tel, je protège tous les êtres vivants sous ma responsabilité, je n'ai peur de rien, ni de personne.

Finissant sur ses notes, il se laisse tomber.

Charlotte pousse un cri étouffé alors que Solen tente de le rattraper, en vain. Elijah fixe le jeune humain avant de fais face au sol. Fermant les yeux, il profite de cette instant de liberté. La pensée que tout pourrait prendre fin ne quitte pas son esprit. Il aurait juste à profiter de ces quelques secondes de chute libre, puis c’est fini, pour de bon cette fois. Du moins il aimerait.

Quand il sent une présence s’approcher.

Ouvrant les yeux, Elijah ramène ses genoux et ses bras le long de son torse, effectue une demi rotation avant, puis s’étend immédiatement, un pied en avant et les bras écartés.

Dans un instant de flottement, il croise un regard caché derrière la visière d’un casque. Monter sur une machine, une femme semble vouloir l’attraper. Sûrement pour sauver sa vie. Mais quand elle distingue ses yeux rouges, elle se fige, son bras ne l’atteint pas, puis disparaît derrière lui.

Elijah n’y prête attention guère plus longtemps. Se concentrant pour atterrir le moins brutalement possible sur le toit de l’immeuble. Pliant ses jambes, l’elfe glisse sur plusieurs mètres. Le choc résonne jusque dans ses os et dans ses blessures mal guéris.

S’approchant du rebord, il dévisage l’arbre qui domine une bonne partie du vaisseau, encore caché derrière l’imposant mur qui sépare le cercle intermédiaire au cercle extérieur. Il n’a pas remarquer que la femme, après l’avoir dépassée s’est remis du choc et l’observe de loin.

Il ne l’a pas non plus senti poser son véhicule derrière lui. Enfin, c’est plutôt qu’il n’y prête aucun considération. Pourtant quand celle-ci, après être descendue de la moto et avoir retirée son casque, l’appelle par son titre, elle obtient toute son attention.

— Seigneur ? Tente Solange, guettant la moindre réaction sur son visage.

Ce dernier lui fait fasse, ses yeux rouges rencontrent les siens. Enfin, elle a trouvé ce qu’ils cherchent depuis des semaines. Elle a en fasse d’elle ce qui a rendu fou l’explorateur et le dissident. Elle rencontre le « Seigneur » que tente de contrôler et d’utiliser les Hauts Dirigeants.

C’est toi.

Mais pour Solange, il est l’étranger qui a stoppé l’explosion avant de disparaître. Et ses iris rougeâtres ne sont pas du tout dû aux reflets des flammes.

Pour seule réponse, l’elfe lui lance un rictus. Effectuant un pas en arrière, il monte sans aucune hésitation sur le muret.

— Attend, elle tente de l’arrêter.

Mais encore une fois, l’elfe se laisse tomber dans le vide, gardant son sourire sur les lèvres. Réagissant au plus vite, elle grimpe sur sa moto sans perdre le temps de remettre son casque et se lance à sa poursuite.

Remarquant le changement de trajectoire sur son écran, Jon la contacte.

— Il y a un problème ?

— Envoie ma position à Édouard et Allison, qu’ils me rejoignent immédiatement.

Se redressant sur sa chaise, Jon pose son soda sur le côté et se penche sur son clavier.

— Qu’est ce qu’il se passe ?

— Le « Seigneur », je l’ais trouvée, esquivant des drones de nettoyage, elle slalom entre les immeubles tandis que l’elfe accélère en sautant de toit en balcon.

Solange est surprise de sa vitesse et de son habileté. C’est comme s'il connaissait la route par cœur sans qu’il n’y est d’obstacle sur son chemin. Alors qu’elle doit se faire violence pour éviter les draps, les fils et les drones sur sa trajectoire.

Soudain, l’elfe bondit sur plusieurs dizaines de mètres. Elle n’avait pas remarquée qu’ils avaient atteint le mur.

Prenant de la hauteur, elle retrouve l’elfe debout sur le somment, regardant au loin. Profitant de son calme, elle pose son aéronef à quelque pas de lui.

Descendant de sa moto, la jeune femme s’approche à pas lent, évitant au mieux de jeter un coup d’œil vers le bas. Même si la largeur du mur est de plusieurs mètres, Solange sent l’attraction du sol, comme si elle pouvait chuter à n’importe quel moment.

— Seigneur ?

Ne sachant son prénom, elle continue de l'appeler par son titre. Mais cela le fait réagir malgré tout, car l’elfe la dévisage, les sourcils froncés.

L’examinant avec attention, Elijah reconnait la jeune femme de l’explosion. Elle protégée de son corps un garçon. Mais surtout, elle ressemble énormément à Solen. Est-ce un hasard ?

Cela fait longtemps qu'il n’y croit plus.

— Ecoutez, j’ignore ou vous voulez aller, mais vous devriez me suivre.

Surpris, l’elfe lève un sourcil, l’invitant à argumenter. Mais son regard moqueur ne trompe pas la jeune femme. Quoi qu’elle dise, il s’en fout royalement.

— Vous ne me connaissez pas et je ne vous connais pas. Mais je sais que vous fuyez la Section Spéciale. Je peux vous aidez.

Elijah tic. En effet, moins il voit ces hommes en noir et mieux il se porte. Mais hors de question qu’il joue au chat et à la souris plus longtemps, car d’ordinaire, c’est lui le gros matou et non la sourie effrayée.

Alors la regardant, l’elfe tend un pied dans le vide. Solange lui crie dessus, grimace aux lèvres, tandis que l’elfe se laisse tomber une troisième fois. Jurant tout les nom d’oiseaux qu’elle connaît, la jeune femme enfourche son aéronef et d’un coup d’accélération, dévale la longueur du mur, survole le sol verdoyant et atterris rapidement devant l’elfe, pris au dépourvus.

Une œillade derrière elle lui confirme que la frontière elfique ne se trouve pas loin, juste de l’autre côté de l’étang. Sautant de sa moto, la jeune femme se positionne face à lui et le stoppe une main sur le torse. Ses iris rouge la juge, haussant un sourcil interrogateur.

— Arrête de faire l’idiot et écoute moi, s'exaspère Solange en élevant le ton. Maintenant vous allez me suivre avant que des drones de surveillance ne nous trouvent et alerte les SS.

Mais face à son visage arrogant horné d’un sourire, elle tente une autre approche.

— Je sais que vous êtes… perdue et désorienté suite à votre… réveil, elle reprend les termes de Jon.

Comme il le supposait, la relique du nom de « Seigneur » n’est en aucun cas un objet, mais une personne. Quel est son lien avec les pilleurs ? Pourquoi fuit il les Hauts Dirgeants ?

Solange compte bien obtenir ses réponses aujourd’hui.

L’elfe en perd sa bonne humeur, son rictus demeure quand à lui présent, effrayant. Penchant la tête tel un animal curieux, ses yeux rubis la dévisage. Perturbée par le poids de son regard, elle tente de maintenir ce dialogue à sens unique. Quand une voix profonde sort de la bouche de l’elfe.

— Je suis certes perdue et désorienté, jeune femme, surprise Solange retire sa main, comme s’il dégagé une aura qui pousse à reculer quiconque ose le toucher. Je suppose que vous ignorez l’effet que cela procure de se réveiller au bout de trois milles ans d’un long sommeil non désiré.

Elijah préfère jouer carte sur table. Cette étrangère lui affirme son hypothèse que son existence ne doit pas être si secret que ça. Son attention dérive sur les feuillages des arbres, l’appel se fait plus lourd.

Il pousse la métisse de son passage, main sur l’épaule.

— Mais le sanctuaire me fournira la boussole dont j’ai besoin.

Solange le regarde, hébétée de son geste et de son raisonnement. Notamment de ce qu’il viens de dire. Elle tente de l’attraper par le bras quand, sans aucun effort, il donne un coup de pied dans son véhicule, l’envoyant valser sur plusieurs dizaines de mètres.

Affligée, elle regard son aéronef réaliser plusieurs tonneaux dans des bruits sourd, des morceaux volant. Posant une main sur son front, elle pensa à ce moment précis.

Comment je vais l’expliquer à l’assurance ? Est ce que sa rentre dans le service au moins ?

Sentant la colère monter en elle, la flic ne retient plus ses mots.

— Sale Seigneur de mes deux, viens ici qu’on discute de ce que t’a fais à ma moto.

L'ignorant royalement, Elijah continue d’avancer. Des bruit de pas derrière lui l’avertie que la jeune femme ne vas définitivement pas le laisser tranquille pour la soirée. Sa main, fine et froide à travers ses gants, attrape son poignet. Réagissant plus par instinct, il tourne sur ses talons, retourne sa main pour attraper le sien et le tire vers l’extérieur.

Solange grimace de douleur. Elle tente de saisir son arme de service, mais fulmine en rencontrant le vide. Putain de suspension. Tant pis, changeant de cible, elle s’apprête à le frapper à la tempe, mais l’elfe la bloque avec son bras.

Le regard verrouillé, ils se jaugent. Elle jurerait voir des lueurs moqueuses briller.

Voulant prendre le dessus, elle lance son pied en direction de l’anatomie la plus sensible des hommes. Mais comme s'il savait d’avance, l’elfe lève une jambe pour contrer la sienne. Et sans qu’elle comprenne comment, l’elfe attéris dans son dos et bloque son bras.

Solange grimace non de douleur, mais de colère. Oui, cette elfe commence à lui taper sur le système. Quand enfin, un signal à son oreillette lui indique une bonne nouvelle. Un instant plus tard, la voix bourrue qu’elle connaît tant pour l’avoir grondé un nombre incalculable de fois, interrompt leur échange, une arme pointée dans leur direction.

— Si j’étais toi je la lâcherais.

Elijah avise l’homme d’une cinquantaine d'années, aux yeux or et cheveux blond. À droite, une femme renarde apparaît, balayant sa chevelure rousse. D’un regard il analyse ces étranges œil mécaniques qui l'entourent, ainsi que le brun aux yeux caché par un masque métallique qui se positionne à côté de la thériantrope.

Étudiant le retournement de situation, l’elfe ne pus s’empêcher de laisser échapper.

— Sympa l’accueil dans cette Ville des Étoiles.

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